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rencontre avec Bernadette Gaillard (chorégraphe) et Muriel Turpin (danseuse-interprète)

mis à jour le 02/12/2008


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Le jeudi 6 novembre, dans le cadre du projet autour de la pièce chorégraphique Dans ces Z'eaux-là... de Bernadette Gaillard les élèves de seconde D du lycée Pierre Mendès-France ont rencontré la chorégraphe et la danseuse, accompagnés de leurs enseignants Jean-Baptiste Billé et Catherine Moreau.

mots clés : danse, littérature, écriture, chorégraphie


 

un échange avec les élèves

« Qu'est-ce que cela vous fait ? »


Bernadette Gaillard commence par nous demander de dire, un par un, ce que la lecture de L'Assommoir nous a fait.

Réponses de certains :

  •     - des situations où on se sent mal », dit une première élève. Bernadette suggère de dire « je » et non pas « on »
  • j'avais l'impression de rentrer dans le personnage de Gervaise ; ça me rendait triste,
  • je comprends le personnage,
  • j'ai lu le roman en gardant de la distance

« De quelle situation vous souvenez-vous particulièrement ? »


    Chacun répond, de façon plus ou moins développée. Reviennent plusieurs fois :
  •         - la scène du lavoir ; c'est violent ; les enfants viennent annoncer le départ de Lantier
  • Gervaise  seule, affaiblie ; c'est choquant ; le retour de l'hôpital de Gervaise
  • Nana ; on la comprend mais elle nous dégoûte
 Autres situations (dans l'ordre des interventions, pas du livre) :
  • les 2 passages avec Lalie ; très dur
  • le repas (ch 7)
  • les descriptions de l'immeuble ; les escaliers
  • retour de Gervaise chez elle, Lantier est parti avec affaires
  • scène où Gervaise  essaie de se prostituer
  • le tout début du roman ; on est proche du personnage sans le connaître
  • la phrase finale
  • quand Lantier bat Gervaise , c'est horrible surtout qu'elle l'a attendu en frissonnant
  • la scène du mariage : « c'est trop lent et détaillé mais c'est ce qui m'a le plus marqué, c'est bizarre »
 

la lecture de la chorégraphe

« Ce que la lecture du roman a fait sur moi »


Bernadette précise que ce n'est pas du tout le genre de roman qu'elle aurait choisi spontanément elle dit : « cette littérature est venue à moi ».
«  J'ai commencé le roman il y a un an, puis je l'ai laissé,  je savais que je travaillerais avec lui, peut-être la première page... »
Elle évoque ce qu'a produit la lecture de la 1ère page : elle dit avoir pleuré longtemps.
« Je veux travailler sur la fêlure... l'intérêt pour moi de voir dans le livre l'instinct de mort des personnages à travers l'alcool, l'argent, le travail, les femmes... je pense que Zola nous invite à être acteur à la place des personnages »

« Il ne s'agit en aucun cas de représenter Gervaise, ni aucune situation du roman mais d'en retrouver les sensations. Cela passe par la création de rapports, de relations entre les interprètes mais aussi amener le spectateur à faire des liens avec sa propre vie, s'interroger sur comment cela résonne en nous tous. C'est  une dimension très contemporaine du roman de Zola. »

« Une phrase par page »


Bernadette a relevé dans chaque page du roman une phrase. Elle en a ensuite choisi quelques unes, et a donné comme consignes aux interprètes d'improviser sur certaines d'entre elles. L'idée n'était pas de raconter la phrase mais de dire à travers l'interprétation ce que cela leur faisait.
Le travail chorégraphique vise à retrouver l'émotion que Zola avait  donnée.
Ici, l'artiste se donne comme travail de « dire l'indicible » en « conservant la sensation ».

Question d'une élève : les interprètes représentent-ils chacun un personnage du livre en particulier ?

« Non, l'idée est que le spectateur pense parfois à l'un, parfois à l'autre, parfois à plusieurs, parfois à autre chose... je pense aussi aux spectateurs qui ne connaissent pas le roman et qui pourront d'une certaine façon le rencontrer. »
 

Autour de la marche

Extrait vidéo d'un moment du travail chorégraphique (l'escalier)

« Qu'est-ce que vous avez vu ? Qu'est-ce que cela vous fait ? »

Réponses

  • - cela me fait penser au lavoir, par rapport au rythme
  • on n'a pas envie que le danseur tombe ; de même dans le roman on n'a pas envie que Gervaise chute
  • la répétition est intéressante
  • ça me fait penser à tout le livre : Gervaise  est en haut de l'escalier, puis descend, puis remonte, puis...
  • c'est comme des percussions
  • cela fait penser à l'alcool, avec l'homme qui vacille
  • le petit escalier qu'on voit est comme un très grand escalier qu'on monte sans but

Bernadette insiste sur l'idée de faire des liens entre les situations vues, le roman, et le quotidien de chacun.

Autour de la marche

Travail sur les marches repérées dans la rue

Le 15 août, pendant le travail de création, Bernadette demande à ses 3 interprètes d'aller prélever, dans la rue, des marches de différentes personnes.
Elle fait ensuite un travail à partir de ces différentes marches et en a conservé 5. A partir de cette matière, elle écrit un solo pour  Muriel, danseuse de la compagnie.

Devant nous, Bernadette demande à Muriel de présenter chacune des marches, et nous demande d'essayer d'identifier les types de « personnages ».
Muriel enchaîne les 5 marches dans l'ordre déterminé.
Elle enchaîne ensuite les 5 marches dans un ordre aléatoire en répondant à une consigne donnée oralement par quelqu'un dans la salle (5, 3, 4, 4, 1, etc.).

Public très impressionné et amusé de voir comment les choses peuvent s'écrire en direct devant nous, au coeur du processus.

Le Solo

Muriel danse son solo écrit à partir des 5 marches devant nous sur le plateau de l'amphithéâtre.

Une écoute et un silence exceptionnels accueillent toute cette danse.
Beaucoup d'émotions pour tous, la proximité, la sincérité et l'empathie avec le corps de la danseuse ont bouleversé  chacun.
Bernadette nous demande alors ce que nous avons vu, ce que ce solo nous a fait...

Réponses
  • elle court pour échapper à quelque chose (la mort ?)
  • je vois la lassitude de la vie, du travail
  • le regard est très impressionnant, c'est très touchant ; difficile de fixer ainsi son regard
  • se relever avec difficulté ; puis retomber
  • c'est Gervaise ; j'ai cru qu'elle était morte, j'avais envie de lui crier « reste avec nous ! » ; c'est très beau mais c'est très dur (même impression qu'en lisant le roman)
  • on ressent l'époque, des choses que les gens pouvaient ressentir
  • un regard vide, angoissant
« Dans ce travail, j'ai envie de faire venir devant vous, non pas la ressemblance, mais la pure sensation. Dès que vous êtes proche de la sensation, vous pouvez agir et faire des liens. »

Bernadette pose aussi la question du « devenir de l'homme », entre animal, végétal...l'angoisse de l'ostinato.
 

conclusion


Elle insiste sur son travail pour amener la « pure sensation » (et non pas la ressemblance)
D'où la récurrente question « qu'est-ce que cela vous fait ? »
Comment faire ses propres liens avec sa vie ?
Elle nous invite à laisser venir les sensations en lisant, en regardant...


Pour finir Bernadette nous confie ce qui l'a amenée à L'Assommoir...
Elle nous livre une anecdote personnelle, vécue à l'été 2006, et à l'origine du projet :  une randonnée en montagne, très tôt le matin, la rosée sur les fleurs, un ami lui dit qu'on appelle cela « la boisson des fées ».
Elle se dit « ce sera le titre de mon prochain spectacle » et fait des recherches sur cette belle expression. Elle découvre que cela désigne l'absinthe (dite aussi « la fée verte ») et apprend que c'est Zola qui en parle le mieux, dans le roman L'Assommoir.
Malgré la peur de ne pas aimer ce roman,  elle entre dans le livre, s'en éloigne, y retourne....

La  suite, le mercredi 6 mai 2009 sur le plateau du Grand R...
 
auteur(s) :

Catherine Moreau
Jean-Baptiste Billé

information(s) pédagogique(s)

niveau : 2nde

type pédagogique : travaux pratiques

public visé : élève, enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes :

ressource(s) principale(s)

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