C’est la désinfection.
Parce qu’en Allemagne, il est une maladie, une épidémie que les
Allemands craignent par-dessus tout, parce que si elle est mortelle
pour la population des camps, elle serait aussi mortelle pour la
population civile de l’Allemagne si elle se répandait. C’est le
typhus. Et le typhus est propagé par les poux. Or, depuis la prison
de Pierre Levée (prison de Poitiers où le témoin a été détenu
avant d’être déporté), depuis la promiscuité de ces trains
de la mort, nous sommes couverts de poux. Ces poux qui vont disparaître
dans cette cuve de formol. C’est, pour nous, la désinfection.
Et puis nous traversons un grand hall. De chaque
côté, des détenus nous jettent au passage des pièces de vêtements
qu’on attrape au vol comme on peut. Une chemise, un pantalon, une
paire de galoches. Et puis, nous nous retrouvons entassés dans une
grande cour sablée. |