Témoignage de Monsieur Giraud sur la déportation à Buchenwald - page 10 / 44
Arrivée au camp de Buchenwald

    C’est la désinfection. Parce qu’en Allemagne, il est une maladie, une épidémie que les Allemands craignent par-dessus tout, parce que si elle est mortelle pour la population des camps, elle serait aussi mortelle pour la population civile de l’Allemagne si elle se répandait. C’est le typhus. Et le typhus est propagé par les poux. Or, depuis la prison de Pierre Levée (prison de Poitiers où le témoin a été détenu avant d’être déporté), depuis la promiscuité de ces trains de la mort, nous sommes couverts de poux. Ces poux qui vont disparaître dans cette cuve de formol. C’est, pour nous, la désinfection.
    Et puis nous traversons un grand hall. De chaque côté, des détenus nous jettent au passage des pièces de vêtements qu’on attrape au vol comme on peut. Une chemise, un pantalon, une paire de galoches. Et puis, nous nous retrouvons entassés dans une grande cour sablée.