Témoignage de Monsieur Giraud sur la déportation à Buchenwald - page 9 / 44
Arrivée au camp de Buchenwald

Puis nous entrons dans un deuxième hall, au plafond duquel pendent une cinquantaine de fils. Au bout, un cliquetis. On nous fait monter sur des escabeaux. Ce sont des tondeuses. Et on va nous raser, nous tondre, nous mettre à nu, de la tête aux pieds, les cheveux, la barbe, les moustaches, tout le corps, même les parties les plus intimes seront passées à la tondeuse. Ces tondeuses qui en ont déjà dépouillé des milliers et des milliers. Et alors, nous ne reconnaissons même plus le camarade qui était devant nous. Nous ne reconnaissons même plus l’ami avec lequel nous avions souffert et avec qui nous avions juré de ne plus nous séparer. Nous ne nous reconnaissons plus. Et pour passer dans le block voisin, il faut traverser une énorme fosse, une fosse pleine de formol. 4 mètres de long, 2 mètres de profondeur. Il faut descendre dans la fosse et marcher au fond, complètement submergé par la nappe de formol. Malheur à celui qui essaie de nager ou de se soustraire. Un coup de crosse ou de schlague lui fait vite comprendre qu’il faut aller au fond.