Témoignage de Monsieur Giraud sur la déportation à Buchenwald - page 21 / 44
La vie quotidienne à Buchenwald - les appels

   Le matin, l’appel allait vite, parce qu’il fallait partir au travail. Et alors c’est dans ce grouillement énorme de détenus qui se croisaient dans tous les sens pour rejoindre leur commando, rejoindre leur colonne; qui partaient les uns pour l’usine, les autres pour le terrassement, les commandos les plus terribles travaillant à l’extérieur, une carrière heureusement moins mortelle que celle de Mautthausen, l’entretien de la ligne de chemin de fer, enfin tous les travaux extérieurs au camp. Il fallait se former par commandos de travail sous la direction d’un kapo, qui avait sur vous droit de vie et de mort si votre rendement n’était pas suffisant. Et nous quittions le camp, pour y revenir le soir, à six heures. A six heures... une journée épuisante, de fatigue, le ventre creux, sous les coups qu’on avait reçus dans la journée... Oh comme il allait faire bon pouvoir se reposer sur ces panneaux de planches, aussi incommodes que je vous les ai décrits tout à l’heure. Et non, il fallait se reformer par blocks, ayant avec nous les morts de la journée, et de nouveau un SS venait nous compter. Et là, il avait le temps, et il nous comptait. Et toujours il y en avait un de trop, on recommençait.