Le matin, l’appel allait
vite, parce qu’il fallait partir au travail. Et alors c’est dans
ce grouillement énorme de détenus qui se croisaient dans tous les
sens pour rejoindre leur commando, rejoindre leur colonne; qui
partaient les uns pour l’usine, les autres pour le terrassement,
les commandos les plus terribles travaillant à l’extérieur, une
carrière heureusement moins mortelle que celle de Mautthausen,
l’entretien de la ligne de chemin de fer, enfin tous les travaux
extérieurs au camp. Il fallait se former par commandos de travail
sous la direction d’un kapo, qui avait sur vous droit de vie et de
mort si votre rendement n’était pas suffisant. Et nous quittions
le camp, pour y revenir le soir, à six heures. A six heures... une
journée épuisante, de fatigue, le ventre creux, sous les coups
qu’on avait reçus dans la journée... Oh comme il allait faire
bon pouvoir se reposer sur ces panneaux de planches, aussi
incommodes que je vous les ai décrits tout à l’heure. Et non, il
fallait se reformer par blocks, ayant avec nous les morts de la
journée, et de nouveau un SS venait nous compter. Et là, il avait
le temps, et il nous comptait. Et toujours il y en avait un de trop,
on recommençait. |