Témoignage de Monsieur Giraud sur la déportation à Buchenwald - page 3 / 44
Le voyage

Mais comment tenir là-dedans? Entassés! Mais ce n’est pas possible! Impossible, ni de s’asseoir, ni de se coucher. Malheur à celui qui tombe, épuisé. Il sera foulé aux pieds par ceux qui sont restés debout, et ce sera la mort inévitable, dans la paille, le nez dans la paille. Mais dans quelques jours, ce ne sera plus dans la paille, ce sera aussi dans la paille et dans les excréments. Parce que cent personnes dans un wagon et pendant plusieurs jours, il y a des besoins naturels à satisfaire. On ne peut pas faire autrement que de rester debout. La paille, la litière, est souillée. Et des camarades mourront, foulés aux pieds, le nez dans la paille et dans les excréments, dans ces trains qu’on a appelés les trains de la mort, et que tous les déportés ont connus au départ de Compiègne, car c’est toujours de Compiègne que partaient les trains pour l’Allemagne.