Dans
la nuit, le train s’arrête. Des coups de feu, des hurlements...
Que se passe-t-il ? Nous n’en savons rien. Le train repart. Au
bout de 48 heures, dans l’aube naissante, le train s’arrête,
les portes s’ouvrent. Ah! nous allons quand même enfin
respirer. Un regard : une gare. Trêves. Nous sommes en Allemagne.
Sur le quai, toute une population de civils allemands qui nous
voit passer avec le sourire. Eux, ils attendent des trains
ordinaires, pour leurs diverses occupations de la journée. Nous
allons pouvoir descendre ? Nous n’avons pas compris encore. Ce
n’est pas nous qui descendons, c’est un SS qui monte, avec la
schlague et le chien. Ah nous ne pouvions pas tenir à cent dans
le wagon ? Lui, il va nous faire comprendre que l’homme est extrêmement
compressible. Et à grands coups de schlague, et avec le chien, il
faut s’entasser, se bousculer, se presser dans moins de la moitié
du wagon, parce qu’il faut laisser un espace au milieu. Les os
qui craquent, les parois du wagon qui craquent sous cette poussée
humaine absolument impossible à imaginer... Et il faut passer, un
par un, sous la schlague, de l’autre côté du wagon, où de
nouveau il va falloir s’entasser dans les mêmes conditions
absolument horribles. On est en train de nous compter! |