Nous
apprenons alors que dans la nuit précédente, des camarades, qui
avaient conservé sur eux quelques couteaux, alors que c’était
bien interdit et qu’on avait été fouillé, avaient essayé de
percer le toit du wagon pour s’évader. Le malheur pour eux a
voulu que le wagon dans lequel ils étaient était un wagon qui,
au bout, avait une cabine dans laquelle veillait une sentinelle
allemande. Quand cette sentinelle a vu surgir devant elle ces têtes
de détenus essayant de s’enfuir, il a tiré. Il a tiré dans le
tas. Le train s’est arrêté. Ceux qui avaient essayé de
s’enfuir ont été fusillés immédiatement. C’est ce que nous
avions entendu. Mais à Trêves, les survivants du wagon sont
descendus sur le quai, mis tout nus devant cette population
allemande qui rit, qui est heureuse de ce spectacle. Et les pieds
écrasés à coups de crosse pour qu’ils ne puissent s’évader,
on les répartit dans les autres wagons. Et nous qui étouffions,
qui ne pouvions pas vivre à cent dans notre wagon, c’est
vingt-cinq de plus qu’on va entasser avec nous. Et c’est à
125 que nous devrons parvenir au bout du voyage. |