Témoignage de Monsieur Giraud sur la déportation à Buchenwald - page 7 / 44
Arrivée au camp de Buchenwald

Enfin, au bout du quatrième jour, dans l’aube naissante, le train s’arrête. Les portes s’ouvrent. Nous sommes dans une petite gare en bois, au milieu d’une forêt. Là, de nouveaux SS, de nouveaux chiens nous attendent. Il faut descendre des wagons, mais descendre plus vite qu’on y est monté. En abandonnant tout ce qu’on pouvait avoir, tout ce qu’on avait apporté avec soi. Et il faut sauter, et vite, et descendre les morts, et traîner les fous, et se reformer par groupes de 50. Et notre convoi s’ébranle, plus d’un kilomètre de marche, dans des conditions excessivement pénibles, dans une très large allée, bordée de magnifiques villas.
Dans le lointain, nous distinguons bientôt des barbelés. Dans le lointain, on aperçoit des baraquements en planches : c’est le camp vers lequel nous arrivons. Une grande grille en fer forgé avec d’énormes lettres d’or au-dessus : "Jedem das Seine", ce qui voulait dire, "A chacun son dû..." A tort ou à raison, ici c’est ma patrie. Toi qui entres ici, perds toute espérance. C’est par cette devise terrible que le camp de Buchenwald accueillait ceux qui allaient devoir vivre et mourir derrière ses barbelés.