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des « héritiers » en échec scolaire. Gaëlle Henri-Panabière

Références de l’ouvrage :Des « héritiers » en échec scolaire. Gaëlle Henri-Panabière, La Dispute, l’Enjeu scolaire, 2010

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Pour contribuer à la compréhension de la transmission culturelle, G. Henri-Panabière analyse le cas particulier des enfants de catégories sociales supérieures qui déjouent les pronostics sociaux en ne réussissant pas à l'école.


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 Dans cet ouvrage tiré de sa thèse (dirigée par B. Lahire), G. Henri-Panabière s’intéresse à la transmission familiale de l’héritage culturel au travers d’un cas particulier : celui des « méshéritiers », c’est-à-dire des enfants de catégories sociales supérieures qui ne réussissent pas à l’école. La sociologie a plutôt mis en lumière les chances élevées de réussite scolaire des enfants de classes supérieures, ou les difficultés rencontrées par les enfants de milieux populaires. Pour comprendre comment la transmission culturelle se fait, ou ne se fait pas, il est utile de regarder les élèves qui déjouent les pronostics sociaux : élèves en réussite de milieux populaires, ou, à l’inverse, élèves des classes supérieures, aux parents fortement diplômés, rencontrant des difficultés scolaires. C’est ce dernier cas qui est traité ici.

L’auteure part d’un constat : parmi les enfants nés entre 1979 et 1982, en 2003, 89% des enfants de père cadre ont eu le baccalauréat contre seulement 48 % des enfants d’ouvrier. L’auteur éclaire ce résultat de façon nouvelle : qui sont les 11 % d’enfants de cadre qui n’ont pas eu le bac ?

Son enquête porte sur des collégiens et leurs familles. Elle mesure la difficulté scolaire à travers le redoublement avant la 5ème et les notes en mathématiques et en français.

L’auteure distingue quatre éléments requis par l’école et qui peuvent être différemment transmis dans les familles, y compris celles de milieu favorisé :

- le rapport réflexif à la langue, encouragé à la maison par les pratiques d’écriture

- la planification et le contrôle des désirs (le report dans le temps)

- la croyance dans l’importance des savoirs scolaires (le fait de jouer le jeu de l’école) et la confiance en soi

- l’autodiscipline : le fait de suivre les règles familiales ou de l’école de façon autonome

Ce sont les difficultés dans la transmission de ces quatre éléments qui sont convoqués pour expliquer le méshéritage et la difficulté scolaire des collégiens enquêtés.

Du côté des trajectoires familiales, le « fort rendement » du diplôme scolaire parental (par exemple, être cadre supérieur avec un diplôme de niveau bac) semble protéger les enfants de l’échec. À l’inverse, la surqualification vis-à-vis de l’emploi exercé augmente le risque d’échec scolaire des enfants (ou plutôt, le diplôme parental protège alors moins de l’échec). La trajectoire familiale, à partir des grands-parents, a également un effet sur la scolarisation des petits-enfants et leur probabilité de réussir ou d’échouer. Les trajectoires ascendantes (parents ayant une position et un diplôme plus élevé que les grands-parents) exposent davantage aux difficultés scolaires que les trajectoires stables (même niveau social ou de diplôme). L’auteure l’explique par le fait que les parents, surtout les mères, en ascension sociale n’ont pas appris à transmettre le capital culturel (ils n’ont pas hérité de la façon de transmettre).

L’auteure montre que non seulement le capital culturel joue, mais aussi son ancienneté : il a d’autant plus d’effet qu’il est ancien dans la famille. Elle montre également que l’expérience scolaire des parents et le vécu (et le souvenir) de leur scolarité sont en partie rejoués par les enfants. Ou plutôt, les parents rejouent leur scolarité passée à travers les enfants. Des expériences scolaires malheureuses (comme un redoublement) ou un vécu scolaire difficile peuvent être transmis aux enfants à travers une distance aux objectifs scolaires.

Les « défauts » scolaires des parents font également l’objet d’une transmission.

Enfin, contrairement au capital économique, la transmission d’un capital culturel suppose de consacrer du temps à la transmission : « l’exposition des enfants aux dispositions parentales » doit être prolongée et renouvelée pour que la transmission se fasse effectivement.  

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