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l'engagement actif

mis à jour le 22/11/2018


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Fiche de lecture du livre Apprendre de S Dehaene : l'engagement actif un des quatre piliers de l'apprentissage.

mots clés : apprendre, engagement actif, pédagogie


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Présentation

Apprendre. Les talents du cerveau, le défi des machines
Stanislas Dehaene
Editions : Odile Jacob, 2018

Stanislas Dehaene a publié en septembre 2018 le livre « Apprendre – les talents du cerveau, le défi des machines » des éditions Odile Jacob. Dans ce livre intéressant à bien des égards, le psychologue cognitif développe dans sa troisième partie « les quatre piliers de l’apprentissage ». On y trouve successivement « l’attention », « l’engagement actif », « le retour sur erreur » et « la consolidation ». Le chapitre 8 qui décrit l’engagement actif est l’objet du résumé ci-dessous.

 

Introduction

L’expérience de R Held et A Hein de 1963 montre que deux chats auxquels on fait vivre l’expérience de la passivité forcée pour l’un et d’un minimum d’activité motrice et visuelle pour l’autre vont connaître un développement de la vision fort différent. Le chat actif développera une vision normale. Le chat passif perd ses capacités visuelles et sa perception de l’espace. La conclusion est sans appel : un organisme passif n’apprend pas.
 

Un organisme passif n'apprend pas

« Apprendre efficacement, c’est refuser la passivité, s’engager, explorer, générer activement des hypothèses »

L’apprentissage nécessite la confrontation entre une projection sur son environnement d’hypothèses de base et la réalité sensorielle vécue. Cette confrontation nécessite l’engagement, l’attention, la réflexion et l’ exploration, autrement dit l’engagement actif.

Cette activité cérébrale consiste bien souvent en la production d’ hypothèses, de modèles mentaux destinés à « digérer les faits à apprendre ». Une activité intérieure, invisible mais bien réelle qui est indispensable aux apprentissages complexes.

 

Approfondir pour mieux apprendre

Henry Roediger cité par S Dehaene : « Rendre les conditions d’apprentissage plus difficiles, ce qui oblige les étudiants à un surcroît d’engagement et d’effort cognitif, conduit souvent à une meilleure rétention »

L’engagement actif doit être profond pour être efficace en terme de mémoire, de rétention d’informations. A l’inverse, lorsque l’exercice est trop simple, sans engagement, lorsque l’enseignant donne la solution trop vite, alors les effets sur la mémoire « longue » sont faibles.

Pour le comprendre, l’imagerie cérébrale permet d’observer, lors d’un traitement actif des mots, l’activation des aires du cortex préfrontal reliés à l’l’hippocampe qui va stocker ce qui deviendra nos souvenirs. Plus l’engagement de ces régions cérébrales est important plus le souvenir est puissant. Or, cela n’est possible que si, en amont, des images et des mots ont pénétré profondément le cerveau.

Ainsi, il n’est pas étonnant de constater que les résultats des pédagogies de l’engagement actif soient nettement supérieurs à ceux des cours magistraux où l’élève reste passif. Activités pratiques, riches interactions, questions difficiles, temps de réflexion … Il faut tout mettre en œuvre pour que les élèves ne puissent pas être passifs.

L'échec des pédagogies de la découverte

L’engagement actif ne doit pas être confondu avec « le constructivisme ou les pédagogies de la découverte ».

Si l’enfant qui apprend doit être attentif, actif, engagé, acteur, il ne doit pas être laissé à lui même. Sans aide extérieure, l’enfant n’apprend pas. Il ne peut apprendre à lire si le maître se contente d’exposer des mots écrits, il ne peut apprendre les mathématiques et résoudre des problèmes sans explications précises.

Actif, mais guidé

L’engagement actif doit donc être réfléchi, organisé par l’enseignant. L’élève doit être actif mais guidé. Il s’agit donc de fournir « un enseignement structuré, doté d’une progression claire et rigoureuse qui commence par les fondamentaux, vérifie leur maîtrise, et s’appuie sur eux pour construire une pyramide de sens » (…) Le recette gagnante : « engagement, plaisir, autonomie, avec une pédagogie explicite appuyé sur un matériel stimulant ».

L’auteur s’attaque ensuite à deux autres idées fausses. La première voudrait que les jeunes générations baignés dans le tout numérique en soient des experts. Or leurs connaissances dans ce domaine sont superficielles. La seconde porte sur les « styles d’apprentissage ». L’idée selon laquelle certains enfants seraient plutôt visuels, d’autres auditifs ou tactiles n’est pas démontrée. S’il est plus aisé de mémoriser une image qu’un mot, c’est le cas de tous les enfants.

 

Savoir piquer la curiosité

L’engagement actif se fonde en particulier sur la curiosité. La curiosité est présente chez l’enfant dès son plus jeune âge dans sa « base neuronale ». Elle est un des moteurs de l’exploration de l’homme parce qu’elle permet d’obtenir cette denrée indispensable à sa survie qu’est l’information. Par ailleurs, cette exploration est récompensée puisque la découverte active le circuit de la dopamine. La nouveauté, quelque soit sa nature, est ainsi recherchée pour sa gratification. Mieux encore, « le simple fait de savoir que vous allez savoir excite vos neurones dopaminergiques et apporte sa propre récompense ». Apprendre est ainsi la rémunération de notre système nerveux.

Cette envie d’apprendre est corrélée aux capacités d’apprentissage de l’homme qui sont immenses. L’homme est mué par l’envie de savoir dans tous les domaines y compris les domaines les plus abstraits de l’esprit. A titre d’exemple, le rire provoqué par la nécessité soudaine de modifier nos hypothèses explicatives du monde, « augmente la curiosité et maximise l’apprentissage ».

Vouloir savoir : le moteur de la motivation

Pour les plus grands psychologues la curiosité est l’action qui vise à comprendre le monde. Elle se produirait donc lorsque le cerveau constate un déficit de savoir entre ce que nous connaissons déjà et ce que nous pourrions connaître, un potentiel de connaissances nouvelles. C’est ce potentiel qui aiguise l’appétit de savoir.

Cette curiosité se porte sur des domaines suffisamment nouveaux et accessibles pour éviter l’ennui provoqué par les choses familières. Mais les rendements de la nouveauté explorée sont décroissants : à mesure qu’elle est connue, maîtrisée, elle devient familière, ennuyante et nous pousse ailleurs, vers une nouvelle exploration. Cependant cette curiosité ne se porte pas non plus sur des choses trop complexes. Elle peut aussi se détourner de celles dont la difficulté a été mal évaluée.

C’est donc sur la complexité de niveau intermédiaire que la curiosité va le plus souvent se porter.

L’enfant curieux sait qu’il ne sait pas et connaît son rythme d’apprentissage. Il possède des facultés métacognitives. Ces dernières sont présentes chez l’enfant dès son plus jeune âge et traduisent cette « envie irrésistible de savoir »

 
 

Les trois façons dont l'école peut tuer la curiosité

Comment expliquer que les enfants passent d’une immense curiosité lorsqu’ils ont entre 2 et 5 ans à une morne passivité quelques années après pour un certain nombre d’entre eux.

Stanislas Dehaene quelques éléments explicatifs.

Le premier est le manque de stimulation appropriée. Pour les élèves les plus avancés le manque de stimulation éteint leur curiosité et ils n’attendent plus grand-chose de l’école. Pour les élèves en difficulté, l’expérience scolaire leur « a appris ... qu’ils ne parviendront pas à apprendre ». Leur jugement métacognitif agit alors comme une prophétie autoréalisatrice.

Il s’agit dans les deux cas pour l’enseignant de redonner le goût d’apprendre en adaptant les stimulations aux capacités des uns et des autres.

Le second élément explicatif est « la punition de la curiosité » : l’enseignement traditionnel, un cours magistral par exemple, peut éteindre la curiosité. Il peut dissuader l’enfant d’intervenir et même de réfléchir. Si l’on ajoute à cela les sanctions négatives des tentatives d’exploration (par exemple le fait de se moquer d’une intervention), la curiosité se mue alors en stress et anxiété, deux effets qui annulent les capacités d’apprentissage.

Il s’agit alors pour l’enseignant de récompenser la curiosité, encourager les questions, féliciter... L’enfant, pour se mobiliser, a besoin de savoir qu’il sera récompensé de ses actions.

Le troisième élément explicatif : la transmission sociale des connaissances. L’engagement actif des élèves peut être fortement limité lorsqu’ ils font l’hypothèse que l’enseignant va les aider au maximum. Dans cette situation, la recherche et la curiosité deviennent inutiles.

Il s’agit pour l’enseignant de laisser entendre qu’il ne sait pas tout.

 

Maintenir son attention par des questions, des remarques stimulantes, lui donner envie de progresser dans ses savoirs doivent être au cœur d’une « pédagogie structurée » qui encourage la créativité de l’enfant « en lui laissant entendre qu’il lui reste (…) mille choses à découvrir ».

 

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique : article

public visé : enseignant

contexte d'usage :

référence aux programmes :

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