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Les enseignants au travail. Routines incertaines. Anne Barrère

Références de l’ouvrage :Les enseignants au travail. Routines incertaines. Anne Barrère, L'Harmattan, 2002

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Pour décrire et analyser le travail enseignant, Anne Barrère s'appuie sur une enquête qualitative qui part des dimensions institutionnelles pour comprendre les adaptations opérées par les acteurs et ainsi nourrir la réflexion sur ce métier.


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Dans cet ouvrage, Anne Barrère adopte la perspective d'une sociologie compréhensive du travail enseignant : il s'agit de s’interroger sur ce qui unit et différencie l’expérience enseignante.
Dans le premier chapitre, elle analyse les évolutions de la situation statutaire et professionnelle des professeurs, et montre comment la massification scolaire s’est accompagnée du sentiment diffus d’une dégradation du travail enseignant qui, dans le même temps s’est complexifié (déstandardisation des cours, nouvelles exigences relationnelles) et « élargi » avec l’arrivée de nouvelles tâches, comme l’orientation et le travail dans l’établissement.
Elle décompose ensuite leur travail en 4 grandes tâches, constituant autant de chapitres, au cours desquels elle montre comment les tensions rencontrées donnent lieu à des arrangements quotidiens mais aussi à des épreuves subjectives socialement construites :
- La préparation des cours : Elle analyse notamment comment l’écart entre le travail prescrit et le travail réel est une réalité de base pour les enseignants (allègements et transformations du cadre régulateur des programmes, liens incertains entre la préparation des cours et leur vécu en raison des aléas de l’interaction pédagogique). Elle montre comment, une fois passé le choc professionnel d’entrée dans le métier, le « deuil de la discipline » peut prendre différentes formes et être inégalement vécu.
- Les cours : Elle montre comment l’expérience de la classe est le « noeud émotionnel du travail enseignant ». Faire la classe, c’est construire des modalités de participation des élèves, stabiliser un ordre scolaire acceptable, et nouer de « bonnes relations » avec les élèves. Les pédagogies actives et les discours constructivistes sur le savoir ont infléchi les normes du cours réussi. Mais dans la réalité, l’impératif de mise en activité des élèves est mis en oeuvre de manière très diverse. Paradoxalement, la forme la plus individualisée du travail prime dans les bonnes classes, alors que dans les classes faibles, l’enseignement a tendance à être « globalisé ». Dans le cadre du « cours participatif », la question de l’autorité se pose de manière complexe. Les difficultés des enseignants à maintenir l’ordre scolaire restent encore interprétées comme des problèmes personnels, et ne sont pas analysées en termes collectifs et sociaux.
- L’évaluation et l’orientation : Elèves et enseignants se disent otages du surinvestissement des autres dans les notes, mais les enseignants auraient en réalité autant, sinon plus besoin de la note que les élèves : dotée d’un pouvoir motivant,
zone de pouvoir en principe non contestée, elle deviendrait aussi le supplétif de la relation d’autorité. Mais la note peut aussi devenir problème : elle peut démotiver les élèves, provoquer conflits et désordres. La note est par ailleurs transformée en verdict scolaire. Mais sa transformation en décision d’orientation est diluée dans le cadre des conseils de classe et semble, au moins individuellement, échapper aux enseignants.
- Le travail dans l’établissement : L’établissement est la rencontre d’un milieu hiérarchique particulier, à la fois flou et contraignant, d’une sociabilité au travail et d’une injonction très inégalement suivie aux projets et au travail collectif. La sociabilité sélective et affective des enseignants peut jouer pour le travail en équipe le rôle d’un incitateur comme d’un stérilisateur.
Un dernier chapitre met en évidence la distinction entre « deux métiers d'enseignant » en fonction du type d'établissement et de son public. S'ils ont des points communs, les enseignants des établissements étiquetés comme « difficiles » et ceux qui travaillent dans des établissements dits « faciles » font face à des expériences au travail
disparates.
Si le livre peut paraître en partie daté et situé (l'auteure a exercé pendant 15 ans en tant que professeure de français en collège et en lycée), les observations réalisées nourrissent la réflexion sur notre métier et ses conditions d’exercice.
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