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les lycéens au travail : tâches objectives, épreuves subjectives. - A. Barrère

Références de l’ouvrage : les lycéens au travail : tâches objectives, épreuves subjectives,Anne Barrère, PUF, 1997

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En adoptant une posture descriptive et non pas normative, Anne Barrère mène une sociologie du travail scolaire abordé comme activité sociale spécifique qu'elle s'attache à décrire dans ses dimensions les plus matérielles.


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Dans cet ouvrage, Anne Barrère mène une sociologie du travail scolaire, reposant sur une enquête par questionnaire et entretiens réalisée dans deux lycées très fortement contrastés socialement de la région lilloise. Elle adopte une posture descriptive et non normative : entre la dévolution du cours et l'évaluation des prestations orales et écrites, elle s'attache à décrire le travail scolaire des élèves dans ses dimensions les plus matérielles.

Dans le contexte de la massification scolaire, le travail scolaire comporte une dimension de légitimation institutionnelle. Face à une situation pédagogique instable, l'appel au travail scolaire joue un rôle essentiel de régulateur : il est devenu le discours dominant de la réussite scolaire, et c'est ainsi « le manque de travail » qui, officiellement, explique l'échec scolaire. Pourtant, deux résultats de cet ouvrage remettent frontalement en question ce discours. En premier lieu, l'affirmation selon laquelle les lycéens ne travaillent pas est contestable. L'enquête révèle que seule une minorité d'élève travaille moins de 8h par semaine, soit 1h de travail par jour. Surtout, si le temps de travail diffère selon les séries et s'il croît au fur et à mesure des années de lycée, il est impossible de dire que les bons élèves travaillent plus que les mauvais. A même temps de travail, on réussit tout à fait différemment. Enfin, si la variable du sexe crée des différences spectaculaires en matière de temps de travail (les filles travaillent beaucoup plus que les garçons), ce n'est pas le cas de l'origine socio-professionnelle du père. Au-delà du volume du travail scolaire, c'est donc en analysant les contenus, l'organisation, les significations attribuées au travail scolaire que l'auteure montre comment se construisent les inégalités scolaires.

Elle commence par décrire les différentes tâches qu'effectuent les élèves jour après jour : réception du cours en classe (écouter, prendre des notes, participer à l'oral), utilisation du cours à la maison (mémorisation, retraitement des notes), recherche (visant à combler les « lacunes » mais aussi à se constituer une « culture »), évaluations (forme la plus dramatisée du travail scolaire).

Elle analyse ensuite plusieurs dimensions du travail scolaire. Il comporte divers enjeux d'organisation personnelle, d'autant plus qu'il s'effectue dans deux lieux (le domicile privé d'une part, les institutions lycéennes d'autre part : classe, CDI, permanences…) et qu'il se caractérise par une irrégularité chronique. Elle s'intéresse notamment au rôle des loisirs, de la famille ou encore des groupes de pairs en matière organisationnelle.

Le travail scolaire se caractérise ensuite par une grande incertitude : il exige la gestion d'un grand nombre d'implicites, qui posent problème à de nombreux élèves (dosage entre la restitution des savoirs, les techniques scolaires, l'originalité personnelle ou les qualités esthétiques ; évaluation finale et notation). Car ils sont plus dépendants et confiants dans les injonctions institutionnelles, les élèves de milieux défavorisés ont tendance à surévaluer la part de la recherche et de la documentation dans les tâches scolaires, l'importance de l'expression personnelle dans les devoirs, et à sous-évaluer celle de la mobilisation et de la restitution des connaissances.

Elle enquête ensuite sur les significations que les lycéens donnent à leur travail scolaire (le sens des études ne va plus de soi), s'intéressant particulièrement à ce qu'elle nomme « l'instrumentalisme lycéen », qui s'avère socialement différencié et inégalement efficace. Les calculs stratégiques se surajoutent à la maîtrise du travail pour les uns, alors qu'ils favorisent l'abandon de pans entiers du cursus pour les autres.

Elle montre enfin comment le travail scolaire comporte une importante dimension subjective : le travail scolaire est aussi un travail sur soi et un rapport à soi, influencé par la confusion constante entre l'évaluation de son travail et celle de sa personne. Le lycéen ne cesse de relier constamment l'effort et la note qui doit être, à entendre l'institution, comme son salaire. Or, l'affirmation de ce lien méritocratique travail-réussite va de pair avec l'expérience pratique de sa rupture : au lycée, on ne cesse de travailler sans réussir, parfois on a l'impression aussi de réussir sans travailler. Perdre le lien de ses effort et de leurs résultats chiffrés est l'expérience la plus déconcertante qui soit : elle éloigne le lycéen de ce qu'il produit et fait de cette première et longue expérience de travail un réalité opaque et décourageante.

 

L'ouvrage se conclut sur une série de recommandations pratiques en lien avec ces différents constats.

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