«
Trouble structurel permanent (déviance profonde et constante dans l'utilisation du langage), spécifique et sévère du développement du langage oral. Le trouble est spécifique car il survient en l'absence de pathologie neurologique évidente (par opposition aux aphasies acquises de l'enfant), de déficience mentale, de trouble auditif ou visuel, de l'appareil bucco-phonatoire ou de privation sociale ou psychoaffective. Il est sévère car il perdure au-delà de l'âge de six ans. Le QI verbal est très inférieur au QI performance (au moins 20 points de moins) »
Docteur Egaud.
Il n'y a pas une dysphasie mais des dysphasies à des degrés variables.Voici une des classifications :
- les dysphasies de types réceptives se situent au niveau du décodage du langage oral. Le trouble de la compréhension est important ainsi que le trouble de discrimination phonologique. Pour certains, la différenciation entre sons non verbaux sera également atteinte : sonnerie du téléphone et aboiement d'un chien. D'autres ne feront pas la distinction entre pain/main/bain. Dans ce type de dysphasie, soit l'enfant se détourne de toute conversation, communication, soit le discours est incohérent.
- les dysphasies de types expressives se situent au niveau de l'encodage du langage. La parole présente des erreurs de production phonologique : capacité à prononcer les phonèmes isolément, mais difficulté à les enchaîner ; et des troubles phonologiques et syntaxiques (la plus fréquente) : le lexique est pauvre, les mots sont déformés, la syntaxe est déficiente, les verbes ne sont pas conjugués. L'enfant émet des phrases courtes de type télégraphiques. La compréhension est moins perturbée.
- les dysphasies mixtes sont à la fois réceptives et expressives. Ce sont les plus rares. On distingue la dysphasie mnésique (l'articulation est normale, mais la construction d'un récit présente des difficultés dans le choix et l'évocation de mots) ou lexico-syntaxique et sémantico-pragmatique (atteinte de la fonction de formulation).
« Pénalisé dans l'expression il [l'enfant] est doublement gêné, dans son accès à l'école et dans ses relations aux autres. Une sorte de punition pour l'enfant qui court après les mots sans pouvoir les rattraper. Le verbe s'accorde pour lui avec cruauté...»
O. Revol, Même pas grave
Les difficultés que peuvent rencontrer les enfants dysphasiques
- perturbation du langage oral et écrit,
- troubles de l'orientation dans le temps ou l'espace,
- troubles de l'attention, difficultés de concentration,
- troubles de mémorisation,
- difficultés à retenir des poésies, définitions, tables, leçons longues,
- transpositions ou omissions de lettres,
- difficultés à déchiffrer les sons complexes (euil, ein/ain/in, ...),
- confusion sur les constrictives : v, f , che...
- être vigilant sur les couleurs, certains sont daltoniens,
- mauvaise estime de soi liée souvent à un parcours scolaire difficile (échecs dans certains apprentissages),
- d'immenses difficultés dans l'apprentissage des langues étrangères.
Le but est d'
aider l'enfant à avancer dans les apprentissages malgré les grandes difficultés qu'il rencontre dans son parcours scolaire.
Rappelons également que ces enfants peuvent rencontrer des problèmes de mémoire à court terme. Il apprend ses leçons, mais les oublie...
La représentation mentale des situations et des mots est parfois difficile. Tant que l'enfant n'a pas un stock lexical suffisamment riche, il a effectivement du mal à retenir des définitions, il a déjà à apprendre, comprendre et retenir le mot.
Mais par la suite, si l'intégration lexicale se passe bien, l'enfant aura plus de facilité à apprendre. On observe également une grande variabilité dans ses performances. Lorsqu'il réussit une tâche, il ne sera pas toujours capable de la faire à nouveau. Le trouble de dysphasie peut s'accompagner de troubles de l'attention, de problèmes psychomoteurs, de troubles du comportement. Ces derniers disparaissent petit à petit lorsque l'enfant arrive enfin à communiquer et à s'intégrer.
Ce sont des enfants qui sont
sensibles, motivés et volontaires à partir du moment où ils ne sont plus en situation d'échec scolaire. Il ne faut pas négliger, mais au contraire abonder en créativité et matière culturelle, pour donner à nos enfants le goût d'apprendre et leur montrer que d'autres modes d'expressions existent aussi. Cela ne peut que leur donner de l'espoir, de la joie dans les découvertes et les enrichir. Ne pas hésiter à leur lire le soir des livres pour leur âge, mais qu'ils ne peuvent pas lire seul. Cela leur permettra d'enrichir leur stock lexical, d'appréhender le temps dans un roman par exemple, et de pouvoir échanger avec ceux de son âge. Ne pas être en décalage là aussi ! Stimuler leurs envies artistiques, sportives, au maximum. Ils sont fragiles, il faut être attentionnés, prévenants, mais pas sur- protecteurs. Ils sont capables de progresser, à leur rythme et avec une grande compréhension de leur handicap. Merci de les accompagner tout au long de leur scolarité par vos encouragements et votre aide quotidienne !