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corriger ses copies, une corvée à revisiter ?

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Définition
Corriger ou lire ?
Les termes-mêmes "corriger", "copie" et "corvée" sont à revisiter car ils questionnent nos pratiques actuelles, lesquelles vont le plus souvent dans le sens d’une correction ressentie comme une sanction pour l’élève et d’une tâche vécue comme une corvée de plus en plus difficile par l’enseignant.

Corriger : cum rego, "diriger avec"
On est dans le paradigme du rapport à la norme, de la résolution unique : celui du "rendre droit", "correct", lequel ne suffit pas à inscrire l’élève dans un processus de progression et de réussite.  Si corriger, c’est rendre "droit », le terme est-il juste ?  Ne vaudrait-il pas mieux « lire et apprécier » la copie pour l’évaluer ? Que corriger ? Ne s’agit-il pas d’apprendre à l’élève à réécrire ?

"Copies"
Ce terme suppose la copie par la main d’un copiste ou, également, la réécriture d’un brouillon.  Aussi ne serait-il pas plus judicieux d’utiliser les termes de  "production", "trace écrite", "création", "travail", "écrit" plutôt que "copie" puisque l’élève est censé réécrire un travail personnel avant de rendre "sa copie" ? Dès lors, ne pourrait-on pas évaluer à la fois un processus et un produit fini ? L’évaluation serait un élément de formation pour l’élève, que le professeur, devenu lecteur, pourrait mesurer en notant, pourquoi pas, les étapes d’écriture et de réécriture jusqu’à une production plus aboutie.

Corvée 
Ce mot représente un travail imposé et non rémunéré et part du postulat qu’il n’y a pas de plaisir à évaluer.  Quand est-on dans le plaisir de lire un travail d’élève alors ? Pourquoi s’interdire l’utilisation de ces formules dans l’appréciation : "Ton texte est beau" ou "J’ai eu du plaisir à lire ton texte" et chercher à tout prix à souligner la faute ?


Principes

Être un lecteur avec tout ce que cela implique en termes de licence :
  • droit de ne lire qu’une partie (paragraphe, introduction,… dès lors que cela aurait été signifié aux élèves), 
  • d’abandonner la lecture (si les erreurs syntaxiques et orthographiques sont en nombre trop important ; il s’agirait, dès lors, d’apprendre à l’élève à réécrire d’abord une partie de son devoir, pour pouvoir produire, au fil de l’année, des textes plus ‘’lisibles’’), 
  • de ne pas annoter, 
  • de prendre du plaisir.

Considérer l’évaluation des travaux d’élèves comme un dialogue à établir pour progresser.  Prendre en compte l’évaluation comme un moment du parcours de l’élève avec un avant et un après.  Accepter que la production écrite ne soit qu’une étape dans le parcours annuel de l’élève, et admettre plusieurs réécritures d’un même travail, même après la note finale plutôt que d’envisager une seule correction qui équivaudrait à une sanction définitive.


Difficultés
  • La représentation que l’on a du professeur de Lettres est le plus souvent la suivante : il est obligatoirement associé aux corrections de copies en chaîne ; son autorité se mesure en fonction des notes-sanctions attribuées aux élèves. N’est-ce pas là un cliché à dépasser ?
  • Évaluer : quand ? où ? à quelle fréquence ? avec une note systématique ?
  • Tendance à multiplier les critères d’évaluation, plutôt que de proposer une seule compétence à acquérir.
  • Tendance à se focaliser sur la forme (graphie, orthographe, syntaxe) plutôt que sur les idées.
  • Démultiplier les annotations disparates dans la marge.
  • Prendre comme alibi les examens finaux qui poussent à des exercices académiques et formatifs, plutôt que de chercher à développer chez l’élève l’écriture-plaisir.
  • Avoir une vision culpabilisante de l’évaluation : châtiment pour l’élève, auto-flagellation pour le professeur.


Préconisations
  • Pourquoi ne pas lire la globalité du travail de l’élève pour avoir une impression d’ensemble, au lieu d’avoir une lecture fragmentée et mécanique (souligner chaque faute, annoter systématiquement au fur et à mesure de la prise de connaissance du travail de l’élève, chercher uniquement les éléments de réponse attendus) ?
  • S’autoriser à lire la copie, une première fois, sans stylo. 
  • Ne pas tout évaluer en même temps, dans un même écrit, mais se fixer des objectifs précis d’apprentissages à évaluer.
  • Écrire une appréciation qui établisse un échange personnalisé avec l’élève : points positifs mis en avant, conseils lisibles et compréhensibles pour progresser et réécrire (cibler et localiser un ou deux type(s) d’erreur), utilisation d’un code-couleur correspondant à des critères d’évaluation précis, différent selon la nature des conseils donnés pour inciter l'élève à identifier ses erreurs, à les répertorier, à s'autocorriger.
  • Se limiter à deux ou trois éléments dans l’appréciation qui correspondraient à une approche par compétences générales (lire, dire, écrire, culture humaniste, autonomie): un constat général avec un levier de progression conseillé et un renvoi aux apprentissages (tu sais, mais…).
  • Noter seulement à partir du moment où les différentes étapes du processus d’apprentissage ont été franchies et avoir ainsi une approche plus formative de l’évaluation.
  • Permettre à l’élève de situer son niveau de maîtrise de la compétence par rapport aux attendus institutionnels (ne pas démobiliser l'élève en l'écrasant sous le poids de l'échéance certificative mais ne pas lui "mentir" non plus sur le chemin qui lui reste à parcourir par rapport à l'objectif final). 
  • Établir une évaluation par contrat de confiance (Antibi, Evaluation Par Contrat de Confiance : EPCC) pour être dans la posture du co-recteur, du tuteur, du partenaire, du lecteur.
  • Développer l’évaluation du travail de groupe et la co-évaluation par les élèves.
  • Utiliser le numérique et l’ENT pour les écrits intermédiaires notamment, par un système de « navette », pour une co-création entre élèves, pour un partenariat avec le professeur (e-lyco, Titan-pad pour une écriture collaborative).


Exemples


Bibliographie et sitographie
  • Lettres ouvertes n°4, CRDP de Bretagne, 1995
  • Cahiers pédagogiques n° 438, L’évaluation des élèves, coordonné par Raoul Pantanella, décembre 2005
  • Cahiers pédagogiques n° 491 : Evaluer à l’heure des compétences, coordonné par Françoise Colsaët et Yannick Mével,  octobre 2011
  • http://www.cahiers-pedagogiques.com/Comment-evaluer-sans-leurrer
  • Pour en finir avec la constante macabre ou les notes : la fin du cauchemar, André ANTEBI, Edition Math'Adore, 2007
  • Pour des élèves heureux en travaillant ou  les bienfaits de l'évaluation par contrat de confiance, André Antibi, Edition Math'Adore, 2014
  • Corriger numériquement (et efficacement) des copies papier, sur le site de François Jourde, 17 janvier 2016
  • Le dossier académique "pratiques de classe"


 
 

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