Lettres

Article de Katia Thomas-Montesinos, agrégée de Lettres Modernes, professeur en classe de Lettres Supérieures à la Maison d'éducation de la Légion d'honneur (Saint-Denis)

Dans un article intitulé Jean Giono et la guerre de 14-18 : une expérience tragique et féconde, Katia Thomas-Montesinos montre en quoi l'expérience de la guerre et du front a influencé l'écriture de l'écrivain.

Après avoir mis en évidence la façon dont Giono mélange les événements vécus et bouleverse leur chronologie rendant difficile la tache des biographes qui se trompent parfois sur la réalité de certains événements, elle s'attache dans la première partie, La Grande Guerre : état des services du soldat Giono, à retracer le parcours militaire réel de Giono et les zones de combat sur lesquelles il a opéré.

Elle évoque ensuite dans la deuxième partie, La Grande Guerre pour Giono : traumatisme et difficile oubli, la façon dont « 14-18 constitue pour Giono le choc initial et essentiel qui déterminera son pacifisme intégral 37 et sa relation si singulière à l'Histoire, à l'histoire des hommes » : « Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y penser et brusquement, je la revois, je la sens, je l'entends, je la subis encore. Et j'ai peur. », écrit Giono vingt après dans Refus d'obéissance. Giono recouvre difficilement son équilibre au prix d'une amnésie délibérée sur ce qu'il a vécu. Ce n'est qu'en 1925 qu'il confie quelques souvenirs dans une nouvelle intitulée Ivan Ivanovitch Kossiakoff. Dans d'autres œuvres, la guerre reste en arrière-plan. « Ecrire sur la Grande Guerre s'est alors imposé à Giono comme exercice de purgation, cette fois, pour se défaire d'images insupportables, pour se délivrer ».

Enfin, dans la troisième partie, Résonances profondes de 14-18 dans l'œuvre gionienne, Katia Thomas-Montesinos analyse la façon dont l'expérience de la Grande guerre s'inscrit dans l'œuvre de Giono. Elle met en évidence la façon dont Giono met en scène la guerre dans Le Grand Troupeau, mais aussi comment le sujet est abordé de façon métaphorique et symbolique dans Le Hussard sur le toit. La guerre se situe à l'origine et au plus intime de l'œuvre gionienne, qu'elle a largement nourrie.