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la science-fiction au collège, articulation avec les programmes

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LES ÉLÈVES FACE A DES FUTURS POSSIBLES

Lire de la Science-Fiction et la comprendre, c'est parfois difficile pour des élèves adolescents, très ancrés dans leur époque.  Même s'ils ne sont pas totalement démunis - car leur univers visuel (dessins-animés, jeux vidéos, films...)  est très riche en science-fiction - la démarche d'imagination et de projection nécessaire  à la compréhension des enjeux des œuvres demeure complexe pour diverses raisons.
En revanche, parce qu'elle est essentiellement populaire, et très majoritairement anglo-saxonne - donc traduite... - la littérature de SF, ne fait pas obstacle à la compréhension des élèves sur le plan de la langue, à l'exception, peut-être, du recours fréquent à de nombreux néologismes. Les élèves ont souvent plus de difficultés à visualiser et conceptualiser l'univers mis en place qu'à comprendre ce qui est écrit.
Néanmoins, si cet obstacle est surmonté, les élèves auront opéré un décentrement qui, en lui même est une mise à distance de leur époque et de leur présent, élément essentiel de toute argumentation solide et raisonnée. Ce peut être un premier jalon important dans l'initiation au discours argumentatif.

D'abord déroutés par des univers nouveaux, sans repères connus face à des écrits très chargés symboliquement et faisant parfois référence à des périodes historiques dont ils n'ont qu'une vague idée (guerre froide, stalinisme...), les  élèves  développent néanmoins une certaine curiosité vis-à-vis des situations imaginées par les auteurs. Lorsqu'ils sont en troisième, plusieurs rapprochements sont possibles avec le programme d'histoire.

D'ailleurs, il est toujours intéressant de voir à quel point certains auteurs ont été visionnaires, et que leurs inventions les plus folles pour l'époque se sont parfois partiellement concrétisées, qu'il s'agisse du Nautilus de Jules Verne ou du Télécran de George Orwell, de la "tridi" d'Isaac Asimov.


DANS QUEL CADRE FAIRE LIRE DE LA SCIENCE-FICTION ?


Tout dépend des œuvres : certaines s'adapteront parfaitement à une lecture cursive, pour peu qu'on les présente correctement aux élèves en leur offrant un choix de livres, en mentionnant la difficulté de certains, les thèmes abordés, et surtout ... Le nombre de pages. Nouvelles, romans, cycles, tous les formats existent, pour les petits et grands lecteurs ; de 30 à 3000 pages.

Néanmoins certains romans sont plus difficiles d'accès que d'autres, moins adaptés, de par les thèmes qu'ils abordent, à un jeune public. Parfois, ils sont réellement inaccessibles pour le néophyte, et dans ce cas, il faut se borner à l'étude d'un ou plusieurs extraits, ou bien une étude de l'œuvre intégrale en parallèle d'une adaptation cinématographique par exemple (1984, La machine à explorer le temps, Fahrenheit 451).

Un groupement de texte peut faire l'objet d'une séquence de rentrée pour réactiver de nombreuses notions sur le récit, ou encore servir de noyau à un travail interdisciplinaire (plusieurs groupes d'élèves concrétisent leurs inventions en arts-plastiques pour les photographier et les inclure dans un journal de l'an 3000 rédigé collectivement par exemple).

Certains éléments des programmes d'histoire, de sciences-physiques, de SVT, de mathématiques, peuvent parfaitement s'articuler avec une étude du genre en français.


LA SCIENCE-FICTION EN TANT QUE PÉRIODE OU CHAPITRE
(4ème/3ème)

N'étant pas au programme en tant que telle, la science-fiction est néanmoins une entrée intéressante en quatrième car elle peut se prolonger dans diverses directions ou apporter à l'occasion une lecture complémentaire éclairante.

SF et narration

Un groupement de textes autour de la Science-fiction en début d'année, permet d'une part de réactiver un certain nombre d'acquis de cinquième, et de prolonger le travail vers une narratologie plus complexe d'autre part.
La littérature de science fiction est particulièrement riche en procédés narratifs : chutes inattendues, changements de point de vue, ellipses narratives et retours en arrière, mises en abîmes, rebondissements etc...

SF et critique sociale.

Si l'on s'intéresse aux procédés permettant de critiquer implicitement une société, la science-fiction n'a strictement rien inventé. En revanche, elle utilise et réactualise des procédés employés déjà dans les textes critiques du XVIIIème siècle. Les aborder dans un premier temps avec un texte écrit dans une langue moderne peut faciliter la rencontre avec Montesquieu, Rousseau ou encore Voltaire par la suite, mais aussi faire prendre conscience de la permanence d'une écriture engagée, en réaction à une société, et des procédés qu'elle emploie.

La critique sociale, en science-fiction, passe principalement par deux canaux :

1) La mise en perspective de l'époque contemporaine de l'auteur.

Peu de romans d'anticipation sont optimistes, ils nous offrent au mieux de fausses utopies (La Machine à explorer le temps, Le meilleur des mondes, etc...) dont le vernis se fissure bien vite, et, plus généralement, des futurs inquiétants (destruction du monde, épidémies, attaques extra-terrestres, catastrophes écologiques diverses, fascisme...). Certains auteurs de science-fiction écrivent de manière engagée, pour mettre en garde contre les dérives possibles d'une technologie, d'un mode de gouvernement ou de vie, appartenant à leur présent (Amélie Nothomb, H.G. Wells, George Orwell, Barjavel, Stephen King, sont de ceux là).

2) L'utilisation du regard d'autrui.

A la manière de Micromegas, ou des personnages des Lettres Persanes, l'extra-terrestre ou le robot  se révèlent de formidables juges, très souvent supérieurs en tout point à l'être humain, ils portent ainsi un regard intéressant sur l'humanité, considérée très souvent comme irresponsable, comme une sorte enfant qui jouerait à l'apprenti-sorcier et qu'il faudrait punir, éduquer, voire éradiquer au nom d'un idéal supérieur.

 La guerre des mondes (Wells)
 Chroniques Martiennes (Bradbury)
 Le dessin animé "Futurama" (Mat Groëning)
 Les robots (Isaac Asimov).



LA SCIENCE-FICTION EN TANT QUE RESSOURCE PONCTUELLE

De nombreux rapprochements, études croisées, lectures complémentaires, peuvent sans peine s'articuler avec les programmes de quatrième et de troisième, et ce à plusieurs niveaux :

Les thèmes, les notions
L'utopie/la dystopie (outils de la critique sociale) : de L'Eldorado au Meilleur des mondes.
La querelle entre Rousseau et Voltaire, le mythe du bon sauvage (ou du bon extra-terrestre... comme dans "Avatar" de James Cameron.

Le pôle narratif

L'étude du récit complexe : rythme du récit, chronologie, changements de points de vue...
Les points de vue narratifs : selon le type de narrateur choisi par l'auteur, quel impact sur la manière dont le lecteur découvre un univers nouveau via les premières pages du roman ?

Les genres et les  registres
La presse : rédigez un journal de l'an 3000. Articles pour le discours explicatif, publicités pour une entrée dans le discours argumentatif.

L'étude des discours

La diversité des discours : narratif/argumentatif/explicatif réunis en un même texte.
L'étude du discours argumentatif : par la critique sociale portée par la SF, on peut rapidement aboutir à l'ouverture de débats sur ce qu'est la société idéale, ouvrant ainsi le champ sur les utopies du XVIIIème siècle.
L'étude du discours explicatif : expliquer le fonctionnement d'une machine de Léonard de Vinci, et/ou d'un vaisseau spatial.
La perception de l'implicite, de l'ironie, dans des extraits du Meilleur des mondes, de la présence de l'auteur dans son texte.

L'étude de la langue
La formulation de l'hypothèse, du souhait. "Dans mille ans je voudrais que..."
Le travail sur le lexique avec les néologismes désignant les objets ou lieux nouveaux.


SCIENCE-FICTION ET HISTOIRE DES ARTS

L'étude de l'Histoire des Arts, au collège, se structure autour de thématiques dont deux, assez naturellement, peuvent être abordées par le biais de la science fiction :
- Arts, espace, temps
- Arts, techniques, expressions.

Dès l'instant où l'on considère les différents supports de la science-fiction, essentiellement le cinéma, la bande-dessinée, et la littérature, comme vecteurs d'une vision  déformée du monde contemporain, et d'une réflexion sur le progrès, sa nature, et les problèmes qu'il soulève, le lien entre Histoire des Arts et science-fiction peut s'établir assez naturellement. Qu'on songe, par exemple, à des affiches, des films "classiques" tels que "Metropolis" de Fritz Lang, ou des dessins satiriques se projetant dans un avenir proche, ou exploitant des topoï de la science-fiction.


Articles à consulter également :
Qu'est-ce que la science-fiction
Bibliographie : les "grands noms" de la science-fiction


 

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