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mis à jour le 21/11/2020
Résumé de l’épisode précédent : La première année du projet Europia a favorisé la mise en œuvre d’activités créatives qui ont permis aux élèves de découvrir différentes formes d’expression (l’écriture d’un film documentaire, et l’écriture dramatique), de développer des compétences (esprit d’initiative, créativité, travail en équipe, prise de parole en public, esprit critique) et de renforcer la conscience d’une citoyenneté européenne chez les élèves.
Les mobilités en Allemagne, en Crête et en Roumanie ont été des moments particulièrement forts de partage et de découvertes culturelles. Il s’agissait à présent de concevoir la mobilité d’accueil en France.
mots clés : pluridisciplinarité, voyages, écologie, utopie, Europe
Octobre 2019 …. Vivre en Europia : questionner notre présent commun et construire l’Europe de demain
Une fois la date de l’accueil en France, au Lycée Touchard-Washington, retenue, nous avons réfléchi à la manière dont nous pouvions enrichir la création d’Europia. Pour nous, en tant que professeures de lettres, il était capital de faire prendre conscience aux élèves de notre héritage culturel commun, à l’origine même de notre sentiment d’appartenance culturel à l’Europe. Nous pensions évidemment aux grands mouvements culturels et artistiques : l’humanisme, le baroque, le romantisme… qui caractérisent la sensibilité européenne.
Trois questions ont alors guidé notre réflexion : Que signifie vivre en Europe aujourd’hui ? Comment donner forme aux rêves d’Europe de nos élèves ? Comment créer et vivre, entre partenaires européens, une expérience de partage commune ?
Les réponses nous ont semblé ne pouvoir être qu’artistiques, sensibles. Nous voulions éviter un discours figé sur une réalité complexe mais souhaitions plutôt nourrir les possibles.
* Que signifie vivre en Europe aujourd’hui ?
Avant de pouvoir concevoir notre utopie européenne, nous avons jugé qu’il était indispensable de mieux connaître et interroger l’Europe d’aujourd’hui. C’est pourquoi nous avons envisagé un projet de séries photographiques. Nous avons donc invité nos partenaires, Siciliens, Roumains, Crêtois, Allemands et Portugais à réaliser des photographies à partir de motifs communs.
Quelles ressemblances ? Quelles singularités allaient alors se dégager ? Se marie-t-on de la même façon dans les différentes régions d’Europe ? A quoi ressemble une famille européenne au 21 e siècle, l’architecture d’une ville, d’un village ? En tant que citoyens membres d’une communauté, partageons-nous les mêmes traditions ?
Les consignes pour la prise des photographies avaient pour but de créer des séries : le choix de l’angle de vue, le cadrage, la couleur, permettaient par la similarité formelle et esthétique de faire surgir pour le spectateur, l’homogénéité ou les singularités des six pays partenaires. Ainsi, si les étals de marché pris en gros plan se ressemblent étrangement, les plats traditionnels sont quant à eux très différents, à l’image de la diversité européenne.
* Comment donner forme aux rêves d’Europe de nos élèves ?
Nous avons proposé à l’ensemble des élèves du projet EUROPIA, de réaliser des productions visuelles, graphiques et des collages à partir du tableau de Caspar Friedrich, « Le Voyageur contemplant une mer de nuages ». Ce voyageur qui regarde au loin, nous a servi de support pour donner une forme artistique à notre réflexion sur l’Europe de demain. Prenant appui sur son héritage culturel, les rochers du tableau, le voyageur européen contemple l’avenir et rêve à une Europe meilleure qui se dessine dans la « mer de nuages » et le ciel. Ainsi les élèves des six pays partenaires ont pu exprimer ce qui constituait à leurs yeux, la culture européenne, et donner forme à leur utopie.
Nous avons également imaginé une activité qui prenne appui sur quelques grandes utopies du passé dont Utopia de Thomas More, le familistère de Guise, l’abbaye de Thélème, le château de Versailles (que nous avons d’ailleurs visité au cours du séjour) afin d’aider les élèves à concevoir les fondations de leur Europia. Ils ont ensuite travaillé en groupes internationaux et ont présenté le résultat de leur réflexion. Sous l’impulsion des élèves allemands, particulièrement sensibles aux questions d’environnement, les projets étaient très marqués par le développement durable, à la fois dans le choix des matériaux, dans les moyens imaginés pour se déplacer et vivre et dans la recherche d’une harmonie entre les citoyens d’Europia.
* Comment créer et vivre, entre partenaires européens, une expérience de partage commune ?
Très émues par les danses traditionnelles grecques, lors de notre mobilité en Crête, nous réfléchissions nous aussi à une forme d’expression corporelle pour permettre au groupe Europia, lors de l’accueil en France, de vivre un moment fort avec nos partenaires. Il nous semblait peu pertinent de chercher du côté des danses traditionnelles en France, nos élèves ne les connaissant pas. Nous nous sommes alors dirigées du côté de la danse contemporaine aidées dans notre réflexion par Céline Guinot, médiatrice culturelle du théâtre Les Quinconces- L’Espal au Mans. Notre choix s’est finalement arrêté sur la chorégraphie « Rosas Danst Rosas » de Teresa de Keersmaecker. La pièce mondialement connue a fait l’objet par la chorégraphe d’un partage, invitant les amateurs de danse à envoyer leur interprétation de Rosas sur le site de l’artiste : « Re : Rosas ! The fabuleus Rosas Remix Project ». Ce dispositif nous a permis de créer des événements sous forme de happenings : le premier s’est déroulé dans le centre-ville du Mans, devant le théâtre, et le second dans notre lycée à la pause de 10H. Nos prestations ont ainsi pu être appréciées par un public très large. En postant le film réalisé à cette occasion « RE : Rosas Danst Rosas Europia » sur le site de l’artiste, nous avons réussi à diffuser encore davantage notre projet. Cela correspond à la volonté de dissémination des agences européennes Erasmus +.
https://www.rosasdanstrosas.be/fr/2020/02/
Cette pièce chorégraphique, dansée sur chaises, s’inspire « des gestes quotidiens des femmes pleins d’énergie, de souffle, de détente et de tension, de fatigue et d’affirmation qui sont séquencés, articulant plus largement des visions d’uniformité et de singularité.
Aidé de danseuses professionnelles, notre groupe international de 100 danseurs a pu vivre une expérience artistique hors du commun. Nous avons ainsi partagé la même énergie, la même rythmique, le temps d’une danse, tout en étant libres de s’exprimer individuellement.
Cette mobilité française a vraiment été une expérience intense. Elle a nécessité de la part des enseignants organisateurs une grande implication. Nous avons bénéficié d’un soutien logistique, tant de la part du théâtre du Mans et de Céline Guinot que de notre lycée. Les personnels d’intendance, de la cuisine, les personnels de direction se sont également impliqués pour la réussite du projet. Cette semaine de partages artistiques, riche en émotions, a non seulement soudé nos liens avec nos partenaires européens, mais a aussi été l’occasion de créer un événement original et fédérateur au sein du lycée.
Sophie Le Guiet, Emmanuèle Albert Debec
niveau : tous niveaux, --- LYCÉE ---, Lycée tous niveaux
type pédagogique : démarche pédagogique, préparation pédagogique, scénario, séquence, activité de découverte, production d'élève, sortie pédagogique
public visé : non précisé
contexte d'usage : classe, salle multimedia
référence aux programmes :
- rencontrer les partenaires, apprendre à mieux se connaître et découvrir les cultures propres à chaque pays
- Permettre aux élèves d’échanger , de créer une confiance mutuelle entre les partenaires et de construire entre chaque pays un partage
- Engager l’ensemble des partenaires et élèves dans une réflexion collective et personnelle sur le situation de l’Europe aujourd hui.
- Amorcer avec les élèves participants et les partenaires , la réflexion sur la notion d’Europia, le concept d’utopie culturelle, politique et citoyenne,
- Réalisation uen création théâtrale (valorisation de l'écrit et de l'oral)
- Amorce de la réflexion et de la sensibilisations sur le développement durable, et l’avenir de l’Europe et du monde
Image : Roundel Portrait of Erasmus of Rotterdam, Auteur : Hans Holbein le Jeune, Date : 1532, Licence :Domaine public (CC0)
Lettres - Rectorat de l'Académie de Nantes