III- Bilan
1. Les plus-values pour les élèves et pour l’enseignant
Le parcours Éléa est construit par phases successives et il faut en avoir achevé une pour passer à la suivante. En ce sens il est
progressif et motivant pour les élèves qui sont valorisés du fait de leur aptitude à franchir les étapes une à une. Chacune des cinq premières étapes donnent lieu à une note, lesquelles sont converties, au bout du parcours, en une note sur vingt coefficient 1 portée dans la moyenne trimestrielle. Comme le contrat est clair avec les élèves, ils calculent rapidement qu’un investissement modéré (les étapes interviennent à un rythme régulier et chacune ne demande qu’un temps raisonnable) leur permettra d’obtenir aisément une note favorable. D’autant qu’ils sont encouragés régulièrement lors du parcours à collaborer : ils en consolident ainsi la compétence, se rassurent les uns les autres et peuvent corriger leurs erreurs.
La charge cognitive associée à la leçon et la manipulation de l’interrogation étant relativement limitée, le choix a été fait d’une démarche d’enseignement « découverte » (schématiquement, socio-constructiviste) qui, bien qu’elle demande une préparation assez conséquente en amont,
libère du temps de classe et favorise l’appropriation de la leçon par les élèves dans la mesure où c’est en grande partie les activités qu’ils ont accomplies qui la rend évidente en fin de parcours.
Enfin, comme il repose avant tout sur les interrogations extraites des explications linéaires de la liste des élèves pour les EAF, le parcours leur apparaît comme très
utile en leur permettant d’anticiper sur la question de grammaire dont la perception est ambivalente chez beaucoup d’entre eux : négligeable en nombre de points qu’elle rapporte, mais inquiétante par sa difficulté supposée.
Bien qu’il apparaisse aux élèves comme exclusivement conçu autour de la question de grammaire à l’oral des EAF, le parcours, favorise la maîtrise de la notion syntaxique et pragmatique de l’interrogation et
fixe des connaissances et des compétences de manipulation qui vont au-delà de cette seule question de grammaire. En effet, la variété des supports et des activités ainsi que la nécessité de recourir plusieurs fois à la leçon pour aller au bout du parcours, a provoqué chez de nombreux élèves une réflexion et des gestes du grammairien tout à fait probants. Leurs réponses aux questions qu’ils ont eux-mêmes posées et les évaluations de leur binôme dans l’activité « Atelier » (colonnes 3 et 4) en témoignent.
Plus spécifiquement pour le professeur, ce parcours favorise
une réflexion sur la façon d’enseigner l’étude de la langue, en classe inversée sans déperdition des contenus par rapport à une ou deux séances en classe : sous des dehors variés en termes d’activités, le contenu du parcours est plutôt répétitif afin de donner la possibilité aux élèves de voir et revoir la même notion, et le lexique associé, sous différents angles et, par conséquent, de mieux l’assimiler et la mémoriser. C’est aussi l’occasion d’observer, à distance, les stratégies et l’investissement des élèves, au-delà de la notion elle-même, on peut évaluer leurs méthodes de travail et leur prodiguer des conseils d’efficacité sur la base tangible de leur approche du parcours. Ce travail est également très instructif pour la prise en main et la maîtrise des paramètres des différentes activités dans Éléa. Il nécessite enfin une attention toute particulière à la formulation des consignes avant de se lancer dans l’élaboration de parcours numériques à distance. J’ai dû adapter plusieurs consignes en me rendant compte que, pour certains, elles contenaient encore trop d’implicite.
2. Adaptations à envisager après avoir testé le parcours dans trois classes différentes.
- La demande initiale de collecte d’interrogations (étape 1) mériterait d’être un peu plus exigeante en ce qui concerne la variété des constructions syntaxiques. Il conviendrait peut-être aussi de demander de collecter deux interrogations correctes mais sans point d’interrogation ou intonation montante à l’oral.
- Pour des raisons de calendrier contraint, la première partie de l’étape 5 a été à faire au cours des vacances de printemps soit sur une durée de quinze jours. Cette circonstance a joué contre l’objectif de parcours rythmé. Une prochaine fois, je donnerai donc ce parcours sur une plage de temps de trois semaines en tout ne comprenant pas de vacances. Le jeudi précédent le retour en classe, 22 élèves sur les 104 concernés avaient franchi l’étape 1 de l’activité 5. Une relance par message Pronote a permis d’obtenir un score de 81 élèves. 23 élèves des 3 classes sont passés à côté du parcours : faudra-t-il une prochaine fois permettre l’accès à l’activité 5 en dehors des limites temporelles ? Je ne l’ai pas fait pour pouvoir tester l’activité jusqu’au bout et considérant que 20% à peu près d’échec était un taux acceptable. J’ai ajouté une séance de cours (1 heure) aux élèves concernés pour remédier à leur exclusion de l’activité 5 du parcours.
- Il serait sans doute intéressant de différencier les entrées dans le parcours à partir de l’étape 2 : certains élèves ont besoin de la leçon (étape 6) plus tôt pour réussir le parcours et en tirer bénéfice. L’achèvement du parcours a finalement validé pour une grande majorité d’élèves la méthode inductive.
- Il serait préférable de faire faire les flashcards (étape 7) par les élèves. On peut par exemple leur demander de les construire avec https://ladigitale.dev/digiflashcards/#/ de la Digitale puis de les importer dans Éléa : un obstacle technique de plus à franchir.
3. Quel est l’apport du numérique ?
- Il permet à l’enseignant de faire l’économie, en classe, d’une leçon déjà entendue et en grande partie déjà assimilée par beaucoup d’élèves. Il permet aux élèves de gagner globalement en confiance dans leur capacité à mener un travail jusqu’au bout en autonomie.
- Le parcours numérique est adaptable : avec de bonnes classes (comme les miennes en 1ère générale), il peut être entièrement fait à distance à condition toutefois de présenter les consignes en classe (en l’absence, durant cette période, de rituel grammaire, ces explications en présentiel en tiennent lieu). Avec ma classe de 1ère technologique (très difficile à engager), je ferais le parcours – allégé – majoritairement en classe.
- À condition qu’il ne présente pas de problème technique (ou que celui-ci soit anticipé et très rapidement résolu), le parcours est engageant pour les élèves.
- L’évaluation est en partie faite automatiquement par Éléa à partir des critères prédéfinis.
- La plus-value du numérique réside dans l’implication et l’engagement des élèves. Les exercices sur les extraits du récit leur semblent ludiques et variés. Il est donc possible de les maintenir plus longtemps dans l’activité. La recherche dans le dictionnaire en ligne est plus facile pour eux, ils peuvent utiliser le copier-coller contrairement à la version papier. Avec le parcours numérique, il leur semble plus facile d’inventer des stratégies de réussite. Dans les faits, le professeur doit moins aider et orienter les élèves au fur et à mesure de l’avancée du travail que je ne le pensais en lançant les activités du parcours.
4. Utilisation de ce parcours
Le parcours peut être retrouvé dans le Réseau des Concepteurs et utilisé directement ou modifié pour être adapté à une classe particulière. On veillera à bien vérifier et adapter les restrictions de passage avant de le soumettre à la classe car il n’est pas toujours possible de les modifier ensuite.