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mis à jour le 06/07/2025
· Cette séquence, dont le projet final est de mettre en voix un poème écrit soi-même, vise à étudier l’expression des liens familiaux en poésie.
mots clés : poésie, liens familiaux, écriture, empathie, mise en voix, étude la langue, coopération
Présentation du contexte
· Constat de départ, pourquoi cette séquence (ou projet) ?
La poésie, souvent perçue comme un genre lointain ou désuet par les élèves, retrouve du sens lorsqu’elle aborde des thèmes qui leur sont proches. L’étude des liens familiaux, sujets intimes et parfois conflictuels, permet une appropriation sensible de ce genre littéraire. En exprimant leurs émotions, les élèves découvrent que la poésie offre un espace d’écoute et de liberté. Elle devient un moyen d’aborder les non-dits, les tensions ou les attachements. Ainsi, la poésie les aide à prendre du recul sur leur quotidien et à dire autrement ce qui les habite.
· Ligne directrice du projet mené avec la classe au cours de l’année, au cours de la séquence :
Les élèves doivent mener, individuellement, un projet d’écriture poétique, portant sur un membre de leur famille, en rédigeant un poème proche de la forme du sonnet, tout en y intégrant rimes et métaphores. Pour y parvenir, l’étude de poèmes variés leur permet d’acquérir progressivement les outils d’analyse et d’écriture. Ce travail les amène alors à affiner leur style et leur sensibilité. La séquence se clôture par la mise en voix de leur création.
· Lien éventuel avec une démarche collective (travail d’équipe, projet d’établissement…) :
Ce projet s’inscrit dans l’axe « Un collège pour se construire » du projet d’établissement : il amène chaque élève à réfléchir à ses liens familiaux et à les exprimer de manière personnelle et créative. L’écriture puis la mise en voix favorisent la confiance en soi et l’affirmation de son identité.
· Besoins identifiés des élèves (ouverture culturelle, acquisition de repères littéraires, estime d’eux-mêmes, renforcement de compétences langagières, amélioration de relations interpersonnelles…) :
En abordant les relations familiales, la séquence invite les élèves à mettre des mots sur des ressentis parfois difficiles à formuler, tout en développant leur empathie. Le partage de leur texte et la mise en voix de celui-ci favorisent les échanges, améliorent les relations interpersonnelles et créent un sentiment d’appartenance. En s’exprimant sur un sujet intime, chacun peut aussi se reconnaître dans l’autre et se sentir moins seul.
II - Description de la démarche (cœur de la ressource)
Titre de la séquence : Des airs de familles.
Problématique : L’expression des liens familiaux en poésie : épanouissement ou tiraillement ?
Enjeux littéraires et de formation personnelle :
- Découvrir diverses formes [...] de la représentation des relations avec autrui.
- Comprendre la complexité de ces relations, des attachements et des tensions qui sont figurés dans les textes, en mesurer les enjeux.
- S’interroger sur le sens et les difficultés de la conquête de l’autonomie au sein du groupe ou contre lui.
Voir, en pièce-jointe, le déroulement de la séquence « Des airs de famille » avec le renvoi aux compétences travaillées, aux objectifs de chaque séance, aux supports et aux activités menées.
III - Bilan : porter un regard réflexif sur le projet
Analyse et remarques liées à la mise en œuvre.
La séquence permet aux élèves de progresser à l’oral comme à l’écrit, que ce soit pour comprendre ou pour s’exprimer. Ils travaillent aussi la grammaire pour mieux connaître le fonctionnement de la langue et découvrent différentes œuvres littéraires et artistiques qui abordent un même thème, afin de mieux comprendre comment elles se répondent. Débuter la séquence par une phase de coopération (séances 1 et 2), notamment par l’analyse d’une œuvre d’art et par un jeu de Thiagi, mobilise les élèves dès le commencement, tout en soutenant ceux qui rencontrent des difficultés. De même, la réalisation du bilan de séquence, en groupes, vient boucler la démarche de coopération, puisque chaque élève a contribué à son élaboration en s’appuyant sur les apprentissages qu’il a retenus, favorisant ainsi une mise en commun des savoirs construits par chacun.
Analyse de productions d’élèves.
Lors des phases de lecture puis d’écriture, les élèves ont pu rencontrer plusieurs difficultés. Il leur a parfois été difficile de trouver les mots justes pour exprimer une émotion (séance 3), ce qui a pu freiner leur compréhension ou leur propre production. Certains ont également été freinés par l’utilisation des rimes, que ce soit pour en respecter la forme ou pour en assurer la pertinence dans le texte. La variation du vocabulaire s’est révélée être un autre défi, tout comme l’emploi correct des temps verbaux, notamment pour assurer la cohérence du poème. Toutefois, dans le même temps, la phase d’écriture a pu stimuler les élèves rigoureux qui souhaitaient atteindre une régularité métrique dans l’ensemble de leur poème.
Durant la séance 8, les élèves ont rapidement compris qu’il fallait organiser le poème en s’appuyant sur les mots qui rimaient, révélant ainsi une bonne intuition de la structure poétique. Le passage par la mise en voix / en scène a ensuite débouché sur des réalisations particulièrement pertinentes. Si certains se sont limités à une lecture expressive basée sur la ponctuation, d’autres ont redoublé de créativité. Des images projetées de forêt ou des fichiers audios imitant les sons de la nature — orage, cris d’animaux — ont été intégrés à la proposition de certains groupes, tandis que d’autres ont mimé le parcours du frère et de la sœur pendant qu’un camarade se chargeait de la récitation. Ces initiatives témoignent de l’inventivité et de l’engagement des élèves face à la poésie.
Un engagement qui s’est répercuté sur la mise en voix de leur propre poème puisque, même si quelques élèves ont pu trouver la récitation compliquée car vectrice de stress, d’autres ont choisi, durant cette phase orale, de mettre un fond sonore qui leur rappelait la personne à qui était destiné le poème. Une manière de dynamiser la prestation et de la rapprocher subtilement de la nature des supports étudiés durant le bilan de la séquence.
Points auxquels faire attention, tâtonnements.
Lors de la séance 4 consacrée au conditionnel présent, les élèves ont bien compris ses différentes valeurs, en partie grâce à leurs souvenirs liés à l’apprentissage de ce temps, ce qui a facilité le bon déroulement de la séance. Toutefois, il est essentiel de laisser une trace écrite au tableau à l’issue des activités menées afin que les élèves puissent répondre au bilan de manière autonome et structurée.
Il serait également pertinent de planifier une séance de remédiation suite à la séance 5. Par exemple, après une courte évaluation sur le lexique poétique, la suite de la séance pourrait servir à identifier les erreurs commises ou les principales difficultés rencontrées par les élèves afin qu’ils améliorent leur production écrite.
Pour la séance 7 ainsi que pour le bilan de la séquence, il est important d’anticiper l’organisation matérielle. Il faudra penser à réserver la salle informatique suffisamment à l’avance afin de garantir un accès aux postes. De plus, il est essentiel que chaque élève dispose d’écouteurs, afin de pouvoir travailler individuellement sur les supports audios. Cette préparation en amont garantira le bon déroulement des activités prévues.
Durant la phase du bilan de séquence, les élèves sont parvenus à identifier, dans un premier temps, les éléments formels inhérents à la poésie. Il est donc important de les orienter, dès le début de l'activité, vers une relecture attentive de la problématique de la séquence pour qu’ils puissent la mettre en relation avec la chanson étudiée. On peut aussi leur indiquer qu'ils peuvent faire des liens avec les poèmes vus et ce, pour enrichir leur analyse. La mise en commun en groupe à effectif plus important a enrichi les pistes de réflexion et d'analyse. Deux représentants de ces mêmes groupes ont ensuite présenté la synthèse de leurs recherches, en notant leurs idées au tableau, ce qui a offert aux groupes l'occasion de compléter leur propre bilan.
Réussites.
L’éclaircissement lexical du mot « querelle » au début de la séance 6 a favorisé la mise en activité. La discussion autour du titre du poème, réalisée par îlots de trois ou quatre élèves, a conduit à des échanges pertinents et des interprétations approfondies, dépassant la simple querelle familiale. À titre d’exemple, une élève a pu interpréter le poème comme un conflit opposant la jeunesse à la vieillesse, conflit résumé par les vers 10 et 11 dans lesquels la mère s’exprime directement à ses enfants. De plus, l’étude des métaphores en séance 3 favorise leur identification dans le poème de Théodore de Banville, tout en amenant les élèves à en comprendre la portée.
La séance 7 consacrée à la réalisation d’un arbre généalogique fictif a motivé de nombreux élèves, tant dans la phase de recherche que dans la phase d’explicitation des choix opérés. L’observation des différentes familles rêvées a aussi permis aux élèves de découvrir leurs camarades sous un nouveau jour : les centres d’intérêts ou les modèles de chacun ont pu être révélés, des points communs entre pairs observés. Du côté de l’enseignant, les choix opérés par les élèves deviennent aussi des révélateurs de leur sensibilité, de leurs goûts et amènent à mieux discerner la personnalité de chacun.
Idées de prolongements ou d’activités complémentaires.
La séquence se prête à la mise en place d’un travail interdisciplinaire : en arts plastiques, cela peut prendre la forme d’une réflexion autour de la signification de l’image fixe ou du dispositif de représentation tandis qu’en langues vivantes, les élèves pourraient étudier des poèmes dans leur langue d’origine, tels que « My Parents Both Are Humans » de Kenn Nesbitt en anglais, « Oda a la papa » de Pablo Neruda en espagnol, ou encore « Mutter » de Friedrich Rückert en allemand, pour s’apercevoir de l’importance de la thématique au-delà de nos frontières.
Contribution de M. CHARVET-LAFLEUR Alexandre, Collège Saint Sauveur, 85620 ROCHESERVIÈRE
ROBERT Thibaud, Collège françois Viète
niveau : Collèges tous niveaux, --- COLLÈGE ---
type pédagogique : démarche pédagogique, production d'élève
public visé : enseignant
contexte d'usage : travail autonome
référence aux programmes :
Composantes du socle commun :
- Domaines 1, 2, 3 & 5
Entrée : Vivre en société, participer à la société.
Thématique : Avec autrui – familles, amis, réseaux.
Compétences :
Comprendre et s’exprimer à l’oral :
- Exploiter les ressources expressives et créatives de la parole.
- Participer de façon constructive à des échanges oraux.
Lire :
- Élaborer une interprétation de textes littéraires.
- Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres d’art.
- Lire des textes non littéraires, des images et des documents composites (y compris numériques).
Écrire :
- Adopter des stratégies et des procédures d’écriture efficaces.
- Exploiter les principales fonctions de l’écrit.
- Passer du recours intuitif à l’argumentation à un usage plus maîtrisé.
Comprendre le fonctionnement de la langue :
- Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale.
- Construire les notions permettant l’analyse et l’élaboration des textes et des discours.
- Enrichir et structurer le lexique.
Acquérir des éléments de culture littéraire et artistique :
- Établir des liens entre des créations littéraires et artistiques issues de cultures et d’époques diverses.
Lettres - Rectorat de l'Académie de Nantes