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4 cm² de peau

mis à jour le 13/10/2021


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Une question de peau ? Comment appréhender la  représentation de la carnation en peinture et s'ouvrir à des questions de société ?

mots clés : peau, peinture, couleur, corps-social, matière



"Dans cette classe, il n'y a pas de blancs... il n'y a pas de noirs non plus..."

Il s'agit d'une séance sur la couleur, sur les couleurs, sur la materialité et sans doute sur l'identité.
 
situation 1

Les élèves disposent
  • d'un huitième de papier machine A4 dans laquelle ils doivent faire un trou de 2 x 2 cm, au centre (peut être préparé et distribué)
  • d'une feuille de papier à dessin A5 sur laquelle est tracé un carré de 10 x 10 cm
  • de gouache, pastels gras, pinceaux et scotch
  • La « fenêtre » de papier est à apposer sur une partie de leur main ou de leur bras.

Dans le cadre de votre petite feuille, représentez un détail de votre peau.

25 minutes d'efffectuation

Cette première approche de la couleur a permis aux élèves de croiser différentes questions techniques sur les mélanges possibles et donc sur materialité : fabriquer sa couleur, c'est accepter un temps (parfois long) de recherches et d'approximations, de tâtonnements, c'est trouver une texture brillante, ou ridée, en relief.

Parmi tout ce qui a émergé lors de la verbalisation, les termes suivants ont été relevés : cadrer, couleur (teintes, nuances, camaïeu), carnation, couches, glacis, détails, texture, matière, réalisme, copie, geste, échelle, identité.
 

situation 2

Les élèves disposent cette fois
  • d'une feuille de papier à dessin 50 x 50cm
  • de peinture (gouache, gouache au doigt et acrylique)
  • de divers pinceaux, dont des brosses très larges
Ils sont invités à tracer un carré de 2 x 2 cm sur leur main ou leur bras avec un stylo (ou en réutilisant le cache en papier)

Sur votre GRANDE feuille, représentez un détail de votre peau.

35 minutes

 




Voir d'autres réalisations ici
 
De nouveaux termes ont émergé lors de la verbalisation, permettant de définir au plus prés la materialité de la couleur et d'évoquer certaines différences, plus subtiles qu'initialement pensées mais surtout les points de convergences :  corps, posture, instrument, outil, traces, épaisseur, empâtement, liquidité, recouvrement, repentis, monumental, identité, autoportrait, figuration/abstraction...

Les premières productions ont été mises en relation avec

- Jean Auguste Dominique Ingres, Portrait de Madame de Sennones, 1814 - Musée d'arts de Nantes
(Regarder la texture des étoffes, les effets de transparence, glacis et cette sensation de  réalisme)
- Henri Matisse, Portrait de Madame Matisse (dit La Raie Verte), 1905
(Saisir l'écart avec le réalisme de la carnation et ressentir la perception des touches, des gestes de l'artiste)
- Duane Hanson, Flea Market Lady, 1990 - Musée d'arts de Nantes
(Se mesurer avec l'hyperréalisme, le corps et le rendu de la texture, l'identité, l'altérité, les détails de la carnation)


Les secondes créations ont été mises en relation avec


Renée Green, Mise en scène, 1991
Installation, dimensions variables
(Regarder les gros plans sur les peaux tatouées : photographies noir et blanc, avec l'agrandissement qui renforce le grain de la peau, les détails des tatouages qui deviennent des sujets)

- Yan Pei-Ming, L'homme le plus puissant (le père de l'artiste), 1996
huile sur toile, 340 x 400 cm
(Apprécier le geste et les outils utilisés pour leurs effets picturaux,  etre saisi par la mise en avant de la peinture, par la monumentalité, les touches, les traces, les couches, la matière liquide, la couleur)

 

 


L'intérêt de construire cette séquence en deux temps, avec des demandes similaires, a permis aux élèves :

  • de découvrir véritablement ce médium, ayant peu d'expérience de la peinture, par les recherches et mélanges colorés, par la création d'épaisseurs, de transparences ;
  • de se détacher progressivement de cet attachement au réalisme (par l'agrandissement). Certains élèves ont parfois complètement perdu le sujet, tout absorbés qu'ils étaient dans leur peinture ;
  • de changer de posture (une grande majorité s'est mise debout, naturellement, d'autres ont relevé leur plan de travail...) et d'outils (d'eux-mêmes, ils ont généralement choisi des brosses de 5 à 10 cm, plutôt que leur petit pinceau rond ; certains furent tentés par la peinture avec leur main).

Les origines ethniques des élèves étant très diversifiées, il importait de les faire se (re)présenter non pas comme appartenant à telle communauté nationale (thème très sensible chez eux), mais comme faisant partie d'un ensemble de nuances.
Des élèves de 5e, observant les travaux, ont remarqué avec surprise que dans cette classe, il n'y avait pas de blancs, qu'il n'y avait pas de noirs non plus !
 
Cette séquence est sans doute à rapprocher des séances en écho avec les questions de la materialité de la couleur travaillée en spiralaire sur les cycles du collège ici.
 
auteur(s) :

gwénaëlle bérillon

information(s) pédagogique(s)

niveau : 3ème, Cycle 4

type pédagogique : leçon

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes :

Les qualités physiques des matériaux

La matérialité et la qualité de la couleur

 

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