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mis à jour le 06/03/2008
La relation du corps au dessin, le corps comme modèle de représentation, le corps comme trace du geste, le corps comme posture physique de travail.
mots clés : dessin, ressemblance, écart, format, geste, postures, outils
![]() Eugène Delacroix Extrait d'une page du carnet de voyage au Maroc aquarelle et encre 1822/1863 |
![]() Giacometti Homme qui marche huile sur papier 1950 |
mots-clés suggérés par les oeuvres - représentation/ écart : le corps de l'homme en mouvement. |
dispositif 1
étape1
les élèves, munis d'un petit carnet de 16 feuilles A6 et d'un crayon, posent et se dessinent à tour de rôle.
la classe divisée en 2 groupes, l'un qui pose, l'autre qui dessine et inversement
3 temps : un temps de pose statique, un temps de mouvements assez lents, un temps de mouvements beaucoup plus rapides
étape 2
choisir un des croquis et le refaire sur papier kraft brun en grand format (environ 70 x 60 cm).
ce que je souhaite que les élèves apprennent
- Que la posture choisie par rapport au format a une incidence directe sur l'organisation du dessin dans la feuille : penchés sur elle, ils n'en voient qu'un bout et travaillent donc morceau par morceau alors qu'ils en utilisent toute la surface s'ils prennent du recul par rapport à leur support et le perçoivent en entier
- Que le dessin est un acte du corps tout entier, même si on ne met pas en jeu forcément les mêmes parties du corps, suivant le format qu'on utilise et le temps dont on dispose.
- Que ces différents choix de posture et d'implication physique dans la réalisation peuvent être visibles dans l'œuvre elle-même.
observations
C'est lors de cette deuxième séance que sont apparues avec évidence les différences de postures adoptées pour le dessin sur petit format en extérieur et pour ce grand format dans la salle de classe. Les élèves ont essentiellement mis en jeu leurs seuls doigts et mains lors du premier exercice, alors que beaucoup d'entre eux se sont investis physiquement tout entiers dans le deuxième. Nous avons pu apprécié également la différence de qualité de trait qui en résulte.
D'autres questions se sont posées comme le choix d'une technique, le crayon à papier ne se révélant plus très approprié pour un papier brun et de grands traits souvent moins appuyés du fait de l'amplitude et de la vitesse du geste ; mais aussi comme le type de représentation du corps humain. C'est alors que certains se sont rendus compte qu'ils travaillaient leur grand format par morceaux, penchés dessus à tel point qu'ils occultaient une bonne partie du support par leur bras, leur matériel, ou la feuille des voisins. J'ai d'ailleurs été surprise de cette réticence à changer de posture et de manière de dessiner, particulièrement importante dans une des deux classes avec lesquelles j'ai fait cette leçon. Et les questions qui se sont alors posées n'ont pas été alors tout à fait de l'ordre de celles que je m'attendais à voir émerger : plus que l'importance du geste sur le trait, c'est la fragmentation du dessin qui est apparue. Dans ce cas précis, la représentation s'est faite par fragment, sans vison globale ni du support ni du dessin et elle ne ressemble plus qu'à peine au dessin d'origine sur le carnet, ni aux proportions habituelles du corps humain.
constats
L'utilisation du dessin pour représenter le corps est vécu par les élèves comme une évidence; qui dit représentation pour eux, dit dessin.
le Carnet
Si le dessin permet en effet de répondre au souci de précision, les croquis sur le carnet n'allaient pas dans ce sens puisqu'ils devaient être exécutés rapidement pour répondre à la consigne : « remplir le carnet ». Il a fallu revenir au cour de la séance sur la signification du croquis (dessin rapide pris sur le vif.
De même les postures physiques rendent compte de cette volonté de faire quelque chose de précis (position recroquevillée et le pus souvent assise) et de ressemblant.
le grand format
Pour certains, leur idée du dessin les a conduit à reproduire le croquis en tentant de préciser davantage et de faire plus ressemblant. (en reproduisant par exemple avec la technique de la mise aux carreaux ou en ajoutant de la couleur)
Toutefois, pour d'autres,le passage au grand format leur a permis de mettre en évidence l'adéquation entre la représentation, la posture physique et le choix de l'outil.
L'utilisation du fusain a libéré le geste et à permis de sortir de cette volonté de précision du trait et de la représentation « réaliste » de la personne mais aussi de rendre compte du mouvement du corps.
Ceux qui ont repris la technique du dessin au crayon à papier ont eu plus de mal à utiliser le format dans sa totalité, ils n'ont pas réussi à adapter leur posture physique et leur geste au format (position assise à la table par exemple).
L'utilisation du grand format a le plus souvent débouché sur un travail plus « pictural » ou les choix techniques ont été plus larges (fusain, encre, pastels, peinture...), le dessin du carnet étant alors perçu comme un point de départ permettant d'aller vers une expressivité du geste et vers une plus grande créativité. Certains ont en effet ajouté à leur dessin des éléments inexistants dans leur carnet.
verbalisation
En fin de verbalisation à la question, quelle définition donneriez-vous du dessin ? La plupart des élèves reprennent l'idée d'une représentation, le plus souvent au trait et sur un support.
Mélanie : " c'est une technique qui permet de représenter avec un ensemble de traits et de lignes "
Marine : " c'est l'acte de représenter sur un support et grâce à des techniques diverses, des personnages ou des paysages."
Elodie : " toutes choses représentées sur un support à l'aide de crayon, de craie et tout autre chose. "
Ambroise : " pour moi, le dessin c'est reproduire une chose de la réalité ou inventer sur un support papier. Le dessin sert à exprimer des émotions ou tout simplement faire voir quelque chose de beau. "
Manon : " réalisation de forme sur un support pouvant ressembler à des personnages, des animaux ou de l'abstrait. On peut y mettre de la couleur ou laisser en noir et blanc un dessin n'est pas forcément une chose précise. "
Camille : " c'est un trait une ligne qui s'accroche à une autre pour représenter quelque chose d'abstrait ou de réel. "
pistes envisageables à l'issue de ces deux situations |
Demander aux élèves de réaliser un autre travail de dessin, directement sur un grand format (sur le support de leur choix), afin qu'ils réinvestissent intentionnellement les découvertes de ces deux exercices dans un travail plastique plus réfléchi et abouti. Peut-être après leur avoir passé quelques minutes de film sur Pollock à l'œuvre ... |
Dessiner le corps sans papier ! réalisation tridimensionnelle (volume ou installation) |
marie decelle-bissery; céline avry
niveau : 3ème
type pédagogique : leçon
public visé : enseignant, élève
contexte d'usage : classe
référence aux programmes : l'implication du corps de l'artiste
arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes