Contenu

arts plastiques - InSitu

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > disciplines du second degré > arts plastiques > enseignement

introduction à la bande dessinée

De la bande dessinée en arts plastiques ?

 

Singulièrement, près de 50 ans après l'exposition « Bande Dessinée et Figuration Narrative » au musée des Arts Décoratifs - époque qui marquera le passage du médium à son âge adulte et un possible rapprochement avec la peinture et l'art contemporain de son temps -, plus de 20 ans après l'émergence de scènes alternatives fortes dans la sphère franco-belge, la bande dessinée occupe toujours une place tout à fait marginale dans le champ des arts plastiques en France. Laissée à quelques spécialistes, peu travaillée pour les enjeux plastiques qui lui sont propres, et perçue comme une pratique nécessitant une mise en œuvre longue incompatible avec les contraintes horaires de l'enseignement des arts plastiques, elle reste à l'usage trop souvent maintenue, comme la simple matrice visuelle de références davantage ancrées dans l'artistique, le Pop Art de Roy Lichtenstein, les nouvelles figurations d'Erro et de Jacques Monory, comme leurs possibles descendants dans la champ de la création contemporaine. Dans le cadre de l'enseignement de l'Histoire des Arts des œuvres majeures comme MAUS ou à un degré moindre Persépolis ont pu certes servir d'objets d'étude, mais le plus souvent à caractère historique et/ou littéraire (l'autobiographie, l'écriture de soi), sans que les enjeux figuratifs y soient travaillés de manière prioritaire (situation qu'il n'est pas question ici de discriminer, le contexte et la mise en situation de l'Histoire des Arts ne laissant peu de champ - et de temps -, comme nous le savons, pour déployer une analyse plastique fine de ces œuvres). Et pourtant, d'une certaine manière, nous pouvons nous demander si elle ne constitue pas le dernier grand domaine artistique à pouvoir s'inscrire dans notre champ disciplinaire, sorte de continent inconnu du plus grand nombre  ?

 S'appuyant sur le goût ou l'intérêt des élèves, l'enseignant d'arts plastiques, devant par exemple travailler sur la narration visuelle ou les dispositifs de représentation pour le cycle 4 des nouveaux programmes, peut-il faire l'économie de présenter à ses élèves comme références artistiques des planches de Chris Ware, de Jens Harder ou de David B (sont cités ici à dessein des auteurs encore jeunes dont les œuvres encore en expansion apparaissent comme parmi les plus fertiles plastiquement, et pouvant être facilement mises en relation avec de grandes œuvres historiques  issues de domaines plus traditionnels comme le dessin et la peinture) ? Nos formations, ainsi que des présupposés tant sociologiques que culturels, ne sont sans nul doute pas étrangers à notre relative méconnaissance du médium. Les origines de la bande dessinée, ses codes et ses œuvres les plus remarquables et, disons-le d'emblée, patrimoniales (de Rodolf Topffër à Hergé, de Winsor McCay à Jean Giraud-Moebius), sont bien souvent méconnues, et donnent ainsi parfois lieu à quelques confusions, de lecture comme d'interprétation. Ce manque de reconnaissance n'est bien entendu pas nouveau, elle est également lié à des enjeux bien spécifiques au 9e Art lui-même, notamment son contexte de diffusion, étant entendu que les planches originales de bande dessinée s'exposent encore peu (mais de plus en plus néanmoins) et sont difficilement perceptibles en tant qu’œuvres à part entière : comme fragments imprimés elles appartiennent en effet à un ensemble plus vaste ou corpus, qui lui donne leur place et leur sens, celui de l'album ou du roman graphique dans lesquelles elles vont interagir. A côté d'une (sur)production de masse, le plus souvent stéréotypée graphiquement et répondant à une logique commerciale (ce qui n'exclut que quelques œuvres tout à fait remarquables en soient issues), nombre d’ouvrages forts, publiés bien souvent dans de petites structures éditoriales, peinent souvent à trouver des relais médiatiques pour toucher leur public (la précarisation accrue des auteurs en étant malheureusement l'un des effets les plus immédiats). Et sans nul doute un effort tout particulier en termes de recherche et d'information est demandé à l'amateur et à l'enseignant s'il souhaite découvrir les territoires les plus aventureux du point de vue de la narration ou de la matérialité, que propose la création actuelle en bande dessinée.

 

 Le présent dossier mis en ligne sur InSitu propose, outre une bibliographie, des réflexions sur quelques entrées thématiques (la composition, le noir et blanc, les rapports texte / image...) et des pistes de séquences pédagogiques à partir d’œuvres spécifiques du 9e Art. Il pourra permettre au professeur d'enrichir son questionnement sur les différents modes de narration visuelle (une bande dessinée peut, en tant que référence artistique, être par exemple rapprochée d'une peinture classique, d'une expérience chronophotographique ou d'une séquence photographique), ou la matérialité du dessin.

 

Hugues Blineau
professeur d'arts plastiques
collège Gérard Philippe
Carquefou


haut de page

arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes