Contenu

arts plastiques - InSitu

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > disciplines du second degré > arts plastiques > enseignement

le dessin (Hugues Blineau)

mis à jour le 28/11/2006


texte_article_bleu.jpg

Le dessin a depuis toujours été un support de réflexion, une forme de pensée concrète, un outil d'analyse et de représentation du monde. Une contribution sur la place du dessin dans l'enseignement des Arts Plastiques.

mots clés : dessin, statut, art


Ce texte pourrait commencer par une question, « dessin, y es-tu ? ». Jeu de mots en forme d'incitation pour une production d'élèves. Car pour les professeurs d'Arts Plastiques le dessin reste toujours l'un des fondements disciplinaires. Omniprésent et multiple. Aussi nos formations artistiques, de l'Université aux Ecoles d'Arts, depuis les années 60, peuvent être pensées comme autant d'écarts, plus ou moins grands, avec cette discipline présumée défunte : le dessin.

Mot devenu générique, noble pour certains, gênant pour d'autres, lié pour une part à l'académisme, le dessin bénéficie depuis la fin des années 90 d'une nouvelle actualité dans le champ des Arts Plastiques[1). Il n'est pas question d'un retour à l'ordre mais plus d'économie de moyens, de croisements avec les images fixes ou mobiles, de formes artistiques décomplexées et proliférantes . Et d'une certaine manière capter l'air du temps. A ce titre certains moteurs de recherche peuvent créer un vaste catalogue, une banque infinie d'images à trier, puis à redessiner et à transformer (via par exemple une table lumineuse ou une projection au mur). Ainsi la pratique du dessin traduit la volonté pour nombre d'artistes de la jeune génération de revenir à des recherches plus intuitives, immédiates, à l'inverse de dispositifs complexes liés à la technologie, à la surenchère permanente, celle des pratiques installatives ; une manière aussi de produire des œuvres avec très peu de moyens financiers.


Le dessin a depuis toujours été un support de réflexion, une forme de pensée concrète, un outil d'analyse et de représentation du monde. Aussi est-il réinvention et reconstruction du réel. Il induit des postures et des temporalités multiples. Et si l'on insiste dans notre enseignement sur l'art de l'espace qu'est le dessin (espaces littéral et suggéré, formes ouvertes ou fermées,... nombre d'expressions disciplinaires se rapportent à cette dimension) n'oublions pas que le dessin est, paradoxalement peut être, un art du temps : temps d'exécution, rapidité ou lenteur du geste, temps du regard. Ces opérations sont bien souvent simultanées. Le dessinateur ou l'artiste tente de capter le mouvement ou le surgissement d'une forme par des moyens faussement rudimentaires. Un seuil, une trace, une découpe, une béance, une forme de remémoration liée au souvenir, la reconstitution d'un lieu : quels que soient les enjeux qu'il développe le dessin complexifie notre rapport à la réalité et il nous faut bien souvent prendre le temps du regard, revenir à lui pour le saisir, le domestiquer. Le dessin se laisse habiter, avec ses manques ou ses réserves, avec ses appels pour ceux qui doivent indéfiniment apprendre à voir. Somme toute le spectateur ne fait que traverser l'œuvre.

Bien entendu dans le cours d'Arts Plastiques ses manifestations concrètes sont nombreuses : une forme immédiate d'observation, une étape préliminaire avant le passage intimidant à la peinture, une représentation plus construite grâce aux acquis liés à la perspective, l'amorce d'un projet qui prendra la forme d'une sculpture ou d'une maquette d'architecture, etc. Avec le passage au numérique il est rendu hybride, devient image, peinture, objet imprimé,... Tellement là qu'on ne sait plus comment parler de lui et inviter l'élève à une rencontre (verbalisation). « C'est du dessin, oui mais qu'est-ce que c'est le dessin ?». Souvent nous oublions de l'interroger au profit de notions qui se rattache à lui : illusion de profondeur, représentation,... Il se dérobe à nous pour être vu, surgit parfois là où on ne l'attend pas. Aussi est-ce tout l'enjeu de notre travail de nommer ces différentes approches avec les élèves, en faisant en sorte que leur regard s'ajuste. Croquer, esquisser, dessiner d'après nature ou à l'aveugle, creuser l'espace, agrandir, réserver, se jouer de l'échelle et des repentirs, questionner les stéréotypes... Autant de matières à apprendre et lire le monde.


[1) Site de La Villa Arson pour l'exposition Lee 3 Tau Ceti central Armory Show (2003)
 
auteur(s) :

hugues blineau

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique :

public visé : non précisé, enseignant

contexte d'usage : non précisé

référence aux programmes : tous programmes

haut de page

Hugues Blineau est professeur d'arts plastiques au collège Gérard Philippe de Carquefou

arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes