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mis à jour le 12/03/2025
Comment le format d'un support peut-il influencer la représentation du corps? Comment représenter le corps contraint par l'espace? Comment représenter à l’aide de son corps ?
mots clés : Echelle1, étroit, contrainte, posture, format, portrait/autoportrait, représentation
A l’étroit …
La séquence proposée ici se déroule en plusieurs étapes, avec des modalités et des pratiques différentes, ayant pour objectifs de questionner les liens entre support et représentation du corps. |
« À l’étroit dans ma feuille » Contraintes : réaliser un croquis de posture en 25 minutes sur une feuille A3. |
Dans un premier temps, l’incitation « À l’étroit dans ma feuille » est inscrite au tableau, ainsi que deux contraintes : croquis de posture, 25 minutes. Les élèves ont à leur disposition une feuille A3.
Après échange/débat avec les élèves, la demande est affinée à l’oral en fonction de leur questionnement : il s’agit de réaliser un croquis ( à redéfinir avec eux éventuellement), le travail est individuel mais ils peuvent s’entraider en « posant », que veut dire « à l’étroit » ?
Les élèves soulèvent alors la question du format proposé « C’est une grande feuille ! » « Il faut occuper toute la feuille ? » « Le corps peut-il dépasser ? » Il est précisé que les bords de la feuille représentent des limites infranchissables et de par les échanges sur le terme « étroit », il faut effectivement que le corps manque d’espace au cœur de ce format. L’objectif ici est multiple : pratiquer le dessin d’observation, se confronter à un format, questionner la posture et la représentation du corps (proportions, raccourci, articulation, expression…). Les élèves pratiquent ensuite, ils sont invités à réaliser des croquis préparatoires dans le cahier si le format les bloque, le professeur vient en appui pour résoudre des problèmes de proportions, et rappeler les principales articulations/os du corps humain.
Pendant cette étape, il peut être intéressant de proposer des références visuelles aux élèves : je fais le choix d’accrocher une représentation de Nu IV d’Henri MATISSE (1952) au mur, et je constate que plusieurs élèves s’en inspirent pour formaliser leur posture.
À la fin de cette première étape, il est demandé aux élèves de se mettre en binôme librement (en raison de la problématique liée à la représentation du corps à suivre, nous n’imposerons pas la mixité) et de confronter leur production pour la faire avancer et proposer une nouvelle version enrichie des deux propositions. Ils devront ensuite justifier par écrit ce qu’ils ont modifié de leur proposition initiale et pourquoi, ce qui permettra d’évaluer le retour réflexif et la justification d’intention. |
« À l’étroit… » Nouvelle contrainte : représentation à l'échelle 1 |
À la séance suivante, les élèves se remettent en binôme et récupèrent leur croquis au format A3. Plusieurs références artistiques sont proposées en fonction des réalisations des élèves et permettent de relancer le sujet :
Hans HOLBEIN, Le Christ Mort, 1521
ORLAN, Tentative pour sortir du cadre, 1964
Ernest PIGNON-ERNEST, Naples, 1992 Keith HARING, Monkey Puzzle, 1988
Pablo PICASSO, Acrobat, 1929
Le professeur inscrit au tableau l’incitation « À l’étroit… » ainsi que la nouvelle contrainte : Représentation échelle 1. Il est ensuite précisé qu’ils auront trois séances pour la réalisation.
Des rouleaux de feuille sont à leur disposition pour qu’ils puissent découper le format dont ils ont besoin : ils constatent alors que ce n’est plus la feuille qui va contraindre la représentation, mais la posture choisie qui va déterminer le format. Le professeur échange alors avec les élèves sur cette inversion et ses conséquences.
Dans un premier temps, les élèves sont impressionnés par la demande : « Échelle 1, c’est comme nous, par exemple ? » « c’est vraiment très grand là ! ». Le professeur les incite alors à utiliser leur propre corps pour s’aider, en s’allongeant sur la feuille, en travaillant les contours, en mesurant les parties du corps, etc. Les élèves sont ensuite invités à s’installer dans la salle pour disposer de l’espace nécessaire : au sol, au mur, sur la table… Ils prennent conscience alors qu’ils sont rapidement « À l’étroit » pour travailler. Le choix peut aussi être fait de libérer l’espace en déplaçant chaises et tables préalablement en fonction du profil de la classe.
L’utilisation de leur propre corps permet alors de le considérer comme un véritable outil de réalisation et une aide précieuse. Cela permet aussi d’aborder des questionnements sur sa représentation, sa vraisemblance, sa ressemblance, ainsi que sur des choix graphiques et picturaux. |
À l’étroit dans la cour ! Photographie numérique |
Le professeur inscrit alors au tableau la dernière incitation : « À l’étroit dans la cour » et la contrainte « photographie numérique ». Cette étape se déroule au fur et à mesure de l’avancée des élèves, ce qui permet de n’avoir qu’un ou deux binômes sur la cour pendant que les autres élèves finalisent leur représentation. Ils doivent alors trouver un lieu où placer leur silhouette permettant de créer un dialogue entre la posture et le lieu choisi, pour s’interroger sur les liens entre représentation et espace. Ils sont invités à soigner le cadrage et le point de vue de leurs photographies. À la suite de cela, les photographies réalisées seront projetées en classe et permettront d’évoquer le dialogue entre la représentation du corps et le lieu, les mises en tension qui en découlent, les connotations et émotions que cela véhicule, et d’approfondir les questionnements autour de la notion d’«in situ », de par la réalisation en atelier et non dans le lieu, qui sera mise en parallèle avec le travail d’Ernest PIGNON ERNEST, et notamment, Les expulsés (1977), et qui pourra être développée dans l’optique de l’oral du brevet des collèges.
D’autres œuvres pourront être présentées :
- JR, Women are Heroes, 2008
- Différentes œuvres de OakoaK
Le travail sera évalué pour expérimenter, produire, créer à travers les choix picturaux, la réflexion autour de la demande « à l’étroit », en termes de posture, d’expression, mais aussi de lieu, ainsi que la pratique du numérique à travers les exigences en termes de qualités photographiques.
Les compétences pour mettre en œuvre un projet seront aussi soulignées à travers le travail de groupe, la continuité des différentes étapes et les évolutions apportées au fil des semaines.
laureline mérienne
niveau : 3ème, Cycle 4
type pédagogique : leçon
public visé : enseignant
contexte d'usage : classe, travail autonome
référence aux programmes :
La représentation ; images, réalité et fiction : La ressemblance /Le dispositif de représentation
L’œuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur : La relation du corps à la production artistique /L’expérience sensible de l’espace de l’œuvre
arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes