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atlas (mnémosyne) de venise

mis à jour le 06/03/2017


l'atlas mnémosyne vignette.jpg

Une cartographie mentale des œuvres de la 56ème Biennale de Venise en rapport avec le travail plastique des élèves.

mots clés : mémoire, présentation, exposition


Document sans nom

Enjeux :
Les élèves de terminale devaient présenter leur Atlas (mnémosyne) de Venise, autrement dit une cartographie mentale des œuvres qu'ils avaient découvertes lors de la 56ème Biennale de Venise et des rapports possibles avec leur propre travail.Chaque élève devait ainsi développer une proposition plastique dans un espace à deux ou trois dimensions et leur Atlas devait être accompagné d'un commentaire écrit.
L'ensemble des productions des élèves allaient être exposées dans la galerie du lycée.

 

 

Aby Warburg (1866-1929), historien d’art
planche extraite de L’Atlas mnémosyne

 

 

Objectifs :

- interroger la mémoire des œuvres ;

- poser la question de l’image de l’œuvre depuis l’avènement de la photographie (reproductibilité de l’œuvre) et son archivage ;

- poser la question des rapports entre les œuvres (regroupements, constellations...) ;

penser sa pratique, les rapports possibles entre les œuvres et son propre travail plastique ;

- questionner la présentation de cet Atlas personnel et le rapport au spectateur dans l’espace d’exposition de la galerie.


 

 

 

Entrée de l’exposition Nouvelles histoires de fantômes,
Palais de Tokyo, Paris, 2014

(au fond : Aby Warburg, pl. 42, pathos de la souffrance)





« Tout ce que j'ai fait d'important pourrait tenir dans une petite valise » (Marcel Duchamp, 1952)

« Cette exposition traite de la vie fantomatique des images dont notre présent, autant que notre mémoire – historique ou artistique – est constitué. Elle se présente comme un hommage contemporain à l'œuvre d'Aby Warburg dont le grand Atlas d'images – intitulé Mnémosyne, nom de la déesse de la mémoire et mère des Muses – réunissait un millier d’exemples figuratifs où toute l'histoire des images se disposait de façon à nous faire entrevoir les problèmes les plus fondamentaux de la culture occidentale. (…) Les hommes imaginent pour créer de la mémoire, pour rester dans l'Histoire, pour ne pas disparaître. » (Georges Didi-Huberman)




Marcel Duchamp, Boîte-en valise, 1936-1941
cuir, carton, rhodoïd, 40,5 x 37 x 9,5 cm

 

 

 

Aperçu de quelques réalisations d'élèves accompagnées de leur commentaire :

 
 


« Je me suis demandée comment présenter/exposer des œuvres me représentant. J'en suis arrivée à la conclusion que ce qui me représenterait le plus « de l’intérieur », ce serait moi-même. C'est pourquoi j'ai réalisé un moulage de mon corps, que j'ai laissé creux, afin d'y exposer les œuvres choisies. Au niveau de l'extérieur du moulage, j'ai fait le choix de garder l'aspect brut des bandes plâtrées, avec un visage peu détaillé, car l'Atlas était censé représenter mon intérieur, mon aspect extérieur n'ayant pas d'importance. J'ai accroché les œuvres sur des fils a l’intérieur du buste et du crâne du moulage, ces deux endroits étant les symboles de la mémoire, de l'esprit et de la rationalité, ainsi que du cœur et des émotions. Je pensais au début coller les œuvres à l’intérieur, cependant, j'ai entre-temps lu un livre (Paper Town, de John Green), dont l'une des phrases m'a marquée. Après le suicide d'un homme, la protagoniste dit : « Ses cordes intérieures doivent être cassées. » Selon moi, cette citation signifiait donc que chaque être était constitué de cordes, représentant l'âme et donnant la vie. J'ai donc réfléchi à mes cordes intérieures, c'est pourquoi j'ai décidé d'y accrocher les œuvres, qui me représentent. »

(Ambre, élève de Terminale ES)

 

 

« Pour ce projet, j'ai trouvé intéressant d'interroger la place du regard et surtout le geste du spectateur. Pour ce faire, j'ai essayé de créer un rapport presque « intimiste » avec les œuvres, les présentant d'abord cachées, « voilées ». Il a fallu d'abord sélectionner les œuvres qui m'ont marquée à Venise, et les imprimer dans un format différent selon la place qu'elles occupent dans ma mémoire. Puis, découper des morceaux de tissus, noirs pour la plupart. Si certains sont différents et avec des motifs, c'est qu'ils cachent des œuvres qui me plaisent particulièrement. Enfin, j'ai voulu regrouper les œuvres en différents endroits sur le mur. J'ai essayé de créer des liens entre les différents tableaux ou installations de la Biennale – ou d'autres expositions d'ailleurs. Le but est que le spectateur découvre les œuvres en soulevant les rideaux créés avec les tissus, et imagine lui même les correspondances ou oppositions qu'il est possible d'observer ; qu'il « découvre l'art » un peu comme j'ai découvert Venise. Je tiens particulièrement à l'idée du secret et des œuvres dévoilées. »

(Lila, élève de terminale L)

 

 

 










« Ce tapis de pavé est l'approche intelligible de mon voyage à Venise. Les images sont absentes de cet Atlas. En effet, les photos des œuvres seraient insuffisantes pour témoigner de ce voyage, le fait qu'elles disparaissent démontre la transmission impossible de cette expérience. J'ai donc renoncé aux images, je n'ai utilisé que des mots. J'ai choisi le nom des œuvres qui m'avait le plus marquées car en effet, pour moi l'atlas est le reflet de ma mémoire. Mon atlas prend donc la forme d'un tapis de pavés, mobile et repositionnable. Il est placé à l'entrée de l'exposition, un endroit de passage, pour que les spectateurs marchent dessus. Les pavés représentent Venise. Nous avons en effet beaucoup marché et les pavés nous ont accompagnés tout du long, dans les rues et les places les plus connues comme dans les impasses perdues. C'est donc pour moi une façon de faire un lien direct à Venise. Le fait que les spectateurs marchent dessus est loin d'être péjoratif, celui-ci sera incité à se baisser, à observer. Il marchera en quelque sorte sur les mêmes pavés que moi, ceux sur lesquels j'ai marché à Venise. Un spectateur peut aussi totalement rater mes pavés, ne pas les remarquer mais ce n'est pas grave. Car il y a, moi aussi, des œuvres que j'ai ratées à Venise et bien sûr, des pavés que je n'ai pas du tout remarqués. »

(Matilda, élève de terminale L)

 
 
 


« Former un inventaire reviendrait à rassembler de manière exhaustive les œuvres vues au cours de notre voyage à Venise. Créer un atlas, au contraire, ne peut se faire sans choix, qu'il s'agisse de la sélection des œuvres à exposer ou de la manière dont celles-ci doivent être présentées. Mais s'il semble évident que certains lieux, certains artistes ont plus marqué ma mémoire, comment rendre compte de mes décisions au spectateur, comment partager le regard que je porte sur les visites effectuées, ouvrir ma pensée et la rendre accessible à tous ?
Les œuvres photographiées appartiennent toutes au XXe et au XXIe siècles. Il s'agit de peintures abstraites et de productions d'art conceptuel. L'art contemporain, que j'ai véritablement découvert en Italie, est largement représenté, tandis que l'art ancien  est mis de côté.
 


 
 
 

Les photographies d'œuvres sont regroupées par lieux d'exposition, ceux-ci entretenant souvent un lien étroit avec l'exposition (palais Fortuny et exposition « Proportio » d'Axel Vervoordt ; palais Grassi et exposition « Slip of the Tongue » de Danh Vo par exemple). Les différentes constellations se touchent néanmoins, ce qui permet de créer certains liens. Du reste, le format et l'emplacement des photographies varient selon la place qu'elles occupent dans ma mémoire. A l'instar de La vie impossible de Boltanski, la superposition de documents empêche le spectateur de voir certaines images. Je lui impose donc mes choix.
Au début du vingtième siècle, la rupture opérée entre l'art académique et les avant-gardes est évidente. Hiérarchie des genres, catégories traditionnelles sont remises en cause, alors même que de nouveaux médiums (photographie) font leur irruption dans l'art. L'initiateur de ce bouleversement est, à bien des égards, Marcel Duchamp. Sa 
Fontaine, un urinoir renversé, s'apparente ainsi à ce que d'aucuns appellent aujourd'hui du non-art. Le présentation remplace la représentation, l'apprentissage traditionnel est délaissé… dans ces conditions, à quoi peut encore servir le chevalet ? Dépossédé de sa fonction originale, ne risque-t-il pas, à son tour, de devenir un simple objet d'exposition ? J'ai donc retourné le chevalet en bois, il est le support, le « ready-made » et, en un sens, la sculpture. Après l'avoir pratiquement recouvert de photographies, je laisse néanmoins certaines parties visibles, rappelant ainsi l'importance de ce support, symbole de la rupture entre les œuvres du passé et celles du présent. 
Par ailleurs, je n'ignore pas les réactions parfois perplexes du public confronté aux œuvres d'art contemporain. Incompréhension, moqueries, indifférence… les travaux des avant-gardes ne sont pas sans générer certains rejets de la part du public qui en vient parfois à qualifier ces productions de « n'importe quoi ». Après avoir rajouté des guillemets et un point d'interrogation à la formule, afin de garder une certaine distance, je l'ai incorporée à mon atlas. J'espère ainsi interpeller le spectateur, qu'il soit choqué par cette suggestion ou, à l'inverse, surpris de voir sa réaction anticipée par le plasticien, ce qui peut l'amener à se remettre en cause. 
Je n'oublie pas, bien sûr, que la production plastique est un espace sensible, lieu de rencontre entre l'œuvre et le spectateur. Destiné à l'exposition, l'atlas sera disposé face à la fenêtre, et donc éclairé par une lumière naturelle. Il sera appuyé contre un mur, ce qui suppose un rapport frontal avec le spectateur. Le blanc du mur doit faire ressortir le bois du chevalet comme elle fait ressortir le bois de la planche 42 de l'exposition 
Nouvelles histoires de fantômes. En disposant mon travail au milieu de la salle, j'espère accroître la surprise du spectateur qui, après avoir observé d'autres atlas, sera confronté à un chevalet mis « à l'envers ». 
Qu'elles soient matérielles ou immatérielles, éphémères ou permanentes, les œuvres photographiées et sélectionnées pour cet atlas font l'état des productions artistiques actuelles, certes, mais aussi de la vision que je porte sur le voyage à Venise et de l'influence des œuvres découvertes, œuvres qui, j'en suis certain, m'aideront dans ma pratique plastique pour cette année de terminale. »
 

(Uriel, élève de terminale L)


 

 

Vues d'exposition, galerie du lycée Grand Air, La Baule :

 
 
contributeur(s) :

Hélène Villapadierna, Lycée Grand Air, La Baule

information(s) pédagogique(s)

niveau : Terminale

type pédagogique : production d'élève

public visé : élève, enseignant

contexte d'usage : travail autonome

référence aux programmes : l'œuvre ; la présentation

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