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du geste banal au geste artistique

mis à jour le 23/03/2025


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Le corps de l’artiste, son geste, son action
Comment l’art peut révéler de manière poétique ou critique le sens caché de nos gestes les plus élémentaires ?

mots clés : performance, geste, action, corps, trace



Cette séquence a pour objectif d'encourager les élèves à percevoir le corps, pas seulement comme un outil physique, mais comme un instrument expressif capable de véhiculer des idées et des émotions.
En explorant la performance, ils découvrent comment chaque mouvement, chaque posture, chaque rythme peut être chargé de signification.
 

Très tôt les élèves comprennent l'engagement physique de l'artiste et les répercussions de ses actions et gestes dans son œuvre mais dans un premier temps ils ne l’envisagent que comme le moyen de créer l’objet artistique :
le peintre peint par un travail d’amplitude ou au contraire dans la maîtrise pour créer son tableau, le sculpteur taille, modèle, façonne pour créer sa sculpture.

 

Ici il s’agit leur faire comprendre que l’action de l’artiste peut devenir l’œuvre, l’artiste transformant chaque mouvement et geste en une déclaration visuelle ou auditive qui interpelle, en utilisant son corps comme un médium vivant pour exprimer des idées complexes, souvent en défiant les conventions sociales ou pour révéler la poésie cachée dans la simplicité du quotidien.
Ainsi, le geste artistique transcende son aspect physique pour devenir une exploration des sentiments humains, une critique sociale, ou une invitation à la rêverie.

 Enfin il était important d’amener les élèves à se questionner sur l'utilisation des techniques numériques, telles que la vidéo ou la photographie, qui permettent ici de capturer ces moments éphémères et de les immortaliser, offrant ainsi au spectateur une nouvelle perspective sur le geste artistique.
Ces médiums deviennent des témoins silencieux de l'intention de l'artiste, permettant de revisiter et de réfléchir sur l'impact de l'œuvre bien après sa création initiale. 

 


Pour commencer, lors de la première séance, l’incitation est projetée au tableau.

Par petits groupes de trois ou quatre, et à l'aide d'une fiche de démarche à compléter, les élèves commencent par s'interroger sur la nature d'un geste banal.
Ils définissent celui-ci comme un geste quotidien que l'on réalise si fréquemment qu'il devient automatique
(manger, boire, s'habiller, parler, jouer, écrire…).

Ils soulignent ensuite que le terme « banal » s'oppose à celui de « remarquable » : lorsque le geste est banal, il passe inaperçu et n'éveille aucune surprise.

Ils abordent alors la deuxième partie du questionnement :

Comment transformer leur geste banal en un geste remarquable ?

Comment surprendre le spectateur en rejouant autrement leur geste ?

Les notions de répétition, d’exagération, d'absurdité
sont alors évoquées.

Puis nous nous réunissons en groupe classe pour répondre à la dernière étape du questionnement :
Comment transformer leur geste en un geste artistique ?
Ils s'interrogent plus largement sur ce qui fait œuvre :
À quel moment quelque chose qui n'est pas intrinsèquement artistique devient-il une œuvre ?

Collectivement, ils parviennent à la conclusion qu'un geste acquiert une dimension artistique lorsqu'il véhicule un sens, un message ou une critique. Ce dernier peut être engagé, poétique et susciter une émotion chez le spectateur, qu'elle soit d'inconfort ou d'amusement par exemple.

 


À partir de là, par un travail de mise en scène du corps, les élèves vont alors tester différents gestes pour définir quel est le geste qui leur semble le plus intéressant de choisir, celui qu’ils vont pouvoir transformer pour lui donner un sens artistique.


Puis ils jouent et rejouent le geste choisi parfois à l’aide d’objet (un verre, un crayon), parfois seul ou à deux (faire un check) pour le rendre artistique.

Pour garder une trace de leurs trois gestes ils se filment ou se photographient.

 

Lors de la verbalisation nous appuyons sur la notion d’œuvre éphémère et de l’importance de la captation dans les performances, tout en soulignant que la vidéo ou la photographie ne constitue pas l'œuvre en elle-même, mais uniquement une trace à conserver en mémoire.

 

 
 

Nous regardons un spot publicitaire réalisé pour La Fondation pour l'enfance, qui a lancé une campagne contre la gifle. Cliquez icilien externe

Ce spot montre un enfant giflé par sa mère, et la scène est ensuite projetée au ralenti pour montrer l'impact émotionnel et physique ressenti par le petit garçon. Les élèves réagissent avec vivacité : lors du visionnage, certains rient au moment de la gifle, puis expriment un malaise par la suite. Ils prennent conscience que le ralenti met en lumière la violence de ce geste, déformant le visage de l'enfant d'une manière à la fois caricaturale et pourtant réelle. La gifle, qui n'a duré qu'une seconde et pourrait sembler insignifiante, ne l'est en réalité pas du tout.

Enfin nous visionnons un extrait de la performance de Marina Abramovic, Art Must Be Beautiful, Artist Must Be Beautiful, 1975.Cliquez icilien externe

Les élèves découvrent l’artiste armée d'une brosse et d’un peigne métallique, qui se coiffe en répétant : "Art must be beautiful, artist must be beautiful", tantôt doucement, tantôt avec rage. À force de reproduire le même geste, elle heurte sa tête avec la brosse, blesse son visage et s'arrache des cheveux. Je précise aux élèves que la performance, filmée, dure quarante-cinq minutes. Ici, l'activité cosmétique et routinière du démêlage de cheveux révèle une violence inattendue. Un élève réagit « L’artiste veut dire qu’il faut souffrir pour être belle ». Une autre prend la parole « Peut-être qu’avec son geste l’artiste veut plutôt dénoncer que les femmes subissent la pression de la société : elles doivent être minces, sans imperfection, toujours bien coiffées mais finalement elles souffrent ».

 
 

Cette séquence s'inscrit dans une progression spiralaire qui interroge plus largement le lien entre l'œuvre et le corps.


En classe de sixième, les élèves réfléchiront à la manière dont le geste peut à la fois révéler la présence de l'artiste dans son œuvre et exprimer les émotions qui le traversent.

En cinquième, ils exploreront la notion de déplacement du spectateur au sein de l'œuvre et comment ce mouvement peut être intégré dans le processus artistique pour impliquer le spectateur dans une expérience sensorielle.

Enfin, en troisième, les élèves se pencheront sur la façon dont les œuvres contemporaines peuvent opérer un glissement du spectateur (celui qui observe) en acteur (celui qui crée) afin d'interroger ou de susciter des relations interhumaines telles que la coopération.

 
 

 
 
Document sans nom
 
 
auteur(s) :

marie gautier

information(s) pédagogique(s)

niveau : Cycle 4, 4ème

type pédagogique : leçon

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes :

L'œuvre, l'espace, l'auteur, le spectateur
La relation du corps à la production artistique “l’implication du corps de l’auteur ; les effets du geste; la lisibilité du processus de production et de son déploiement dans le temps et dans l’espace : traces, performance, théâtralisation, évènements, œuvres éphémères, captations"

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