Articuler l'oeuvre de VIALLAT avec les livres proposés comme support
L’oeuvre de Claude VIALLAT sera abordée tout au long du projet par rapport à la notion de
support et plus particulièrement le
choix d'un objet usuel pour peindre mais également pour la
création d'un signe-signature permettant de passer du banal à l'artistique, du multiple au singulier.
L'analyse de l'oeuvre de Viallat a fait l'objet d'un brainstorming à partir duquel des axes ont été retenus par les élèves.
- une forme, un geste répétitifs
- un objet qui devient support de la peinture
En approfondissant l'analyse et en observant d'autres oeuvres de l'artiste, les élèves constatent que le travail de l'artiste est identifiable grâce à la forme répétée et observée dans l'oeuvre de départ, telle une signature. Ils découvrent également ses inspirations et dialogues avec d'autres peintres dont les images produites sont figuratives contrairement à son propre travail.
C'est tout naturellement que je construis ma demande aux élèves à partir des trois étapes suivantes:
- analyser la pratique d'un "grand peintre" parmi les livres proposés (sujet, traitement pictural, support, format)
- déterminer, créer une forme à partir d'éléments existants dans les différentes reproductions d'oeuvres du livre.
- penser, composer une ponctuation de cette forme sur les différentes pages du livre devenant un espace de travail.
Une référence à l'histoire de l'art
A partir d'une vingtaine de livres différents, chaque ilôt choisi le peintre sur lequel ils souhaitent travailler. Le choix final porte sur les peintres suivants:
COROT - PICASSO - VLAMINCK - MODIGLIANI - DUFY - INGRES - RAPHAEL
La signature
Reproduire et répéter la même forme d'une œuvre à l'autre, recouvrir entièrement le support et en transformer l'espace perçu s'apparente à un protocole, à une règle que VIALLAT s'impose et mes élèves à leur tour. Cette contrainte se fait signature dans le travail de VIALLAT mais l'enseignant peut également convoquer des artistes tels que PIERRE MABILLE, TORONI, CADERE...
La question de la création de cette forme se pose alors. C'est dans le répertoire de formes de chaque artiste choisi que les élèves vont en composer une nouvelle. Elle émerge de téléscopages d'éléments, d'associations, de mutations, d'hybridations de corps et d'objets ou encore de simplification.
Les élèves réalisent alors un poncif (pochoir ou empreinte) dans le but d'un travail mécanisé. Cette étape deviendrait la signature du groupe qui interviendrait comme une relecture et une
« digestion » du travail représenté de l'artiste.


Ponctuer l'espace
Recouvrir, détourner et recadrer dans le but de transformer un objet en support artistique (du tissu d'ameublement à la peinture par exemple pour VIALLAT). Un jeu de fond-forme entretenant une relation visuelle entre la forme peinte et le motif laissé en réserve deviendra pour les élèves un sujet parfois épineux faisant l'objet de négociation, de débat et enfin de choix. La difficulté de cette étape dépend de la technique souhaitée et employée par le groupe. Collage, dessin, défonce....? Dans le cas de la découpe, la prise en compte de la page suivante est obligatoire et c'est certainement celle-ci qui offrit les plus belles rencontres (fortuites?) d'images.
La ponctuation de l'espace par la forme inventée est à penser sur la page, la double page, le recto-verso mais également à l'échelle du livre. Sur les 6 groupes, seule la moitié a réussi à considérer la variété de ponctuation à l'échelle du livre avec une logique de progression, de variété de techniques ou encore de "petites histoires" inventées au fil des discussions.
La question de l'exposabilité de l'objet-livre
Le lecteur / spectateur a été pris en compte par les élèves. Celui-ci a une relation plus intime avec la découverte du livre contrairement à la toile de tente de Viallat qui nécessite un recul pour une visibilité de l'ensemble.
La temporalité est à la fois introduite par le rythme des formes sur les pages, la variation de leur nombre mais également par celle du spectateur qui décide du temps qu'il va souhaiter passer sur chacune d'elles.
Le travail des élèves a été montré à la Chapelle de l'Oratoire lors de la nuit des musées 2015 et des vidéos étaient également visibles sur le site du Musée durant une semaine.