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exposer la mémoire

mis à jour le 14/10/2019


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Une exposition peut-elle dire la mémoire ? 

mots clés : exposer, espace, oeuvre, spectateur, lumière, mémoire


Document sans nom

 

« Nous sommes dépositaires d’une histoire qui n’est pas la nôtre, qui est celle de nos ancêtres et que nous hébergeons sans le savoir. Nous naissons avec une histoire individuelle, familiale, sociale et collective. »

Danièle Flaumenbaum, Les Passeuses d’Histoires
 

Le Projet TRIBU a été mené au collège Rosa Parks de Clisson avec deux artistes intervenantes : Louise Hochet, plasticienne et créatrice textile et Mathilde Monjanel, comédienne et créatrice sonore qui ont créé l’association L’enracinée, invitant les élèves à poser un regard intime sur une matière enseignée dans le parcours scolaire, l'histoire.

Les élèves d’une classe de troisième se sont questionnés sur la grande Histoire, ont pu la redécouvrir et la comprendre, puis partager leurs expériences et leurs apprentissages et ainsi, ont pu devenir acteur d'une mémoire collective et citoyenne. Ce projet s'inscrit dans le cadre d'un Enseignement Pratique Interdisciplinaire impliquant un professeur de chacune des disciplines suivantes : arts plastiques, documentation, histoire géographie, lettres. Il s’est déroulé entre décembre 2018 et mai 2019.

Ce projet a été financé et soutenu par le volet d’éducation artistique et culturelle au collège du  département de Loire Atlantique dans le cadre du dispositif « grandir avec la culture ».

 

 



le processus de travail


 


Les ancêtres disparaissent, avec eux les souvenirs d’une époque déjà lointaine, l’accès à un autre récit, l'envers de l’Histoire, celle vécue par des gens qu’on aime, qui ont aimé, traversé, arpenté la grande Histoire des livres. A partir de l’objet, les élèves ont pu :

- en faire le portrait
- faire l’inventaire de ce que l’on sait d’un grand parent
- faire l’inventaire de ce que l’on ne sait pas
- mener une interview d’un grand parent sur les évènements marquants de sa vie.

La trace de cet entretien était textuel (notes, texte, lettre,enregistrement…) et visuel (photographies, objets, croquis,dessins…) . L’ensemble des objets collectés balayait la période de l’Histoire enseignée en 3ème, de 1914 à aujourd’hui.

Dans cette première étape les élèves ont travaillé la matérialité de l’oeuvre, l’objet et l’oeuvre. Et plus spécifiquement : l’oeuvre comme objet matériel, objet d’art, objet d’étude.
 




1976 : le grand père d’Erwan ouvre son cabinet de médecin à Scae

 

1950 : les photos de classe commencent à se répandre,sont alors photographiés les grands parents d’Alexandre

 

 


Les élèves, accompagnés par leur professeur d’histoire ont replacé les récits collectés dans une chronologie liée aux grandes dates qui constituent leur programme. Par cette introduction de l’intime, des souvenirs de leurs proches ou de ceux de leur camarades, leur lecture de l’Histoire a été déplacée. En créant un espace de transmission au sein des familles à un âge où les questions se posent d’avantage dans l’autre sens, on replace l’humain, citoyen et être sensible, au centre de l’histoire et de l’apprentissage. Une mémoire collective se constituent sous les yeux et les oreilles du groupe, élèves et professeurs se dévoilent, se rencontrent autrement.




N
oël 1980 dans la Somme : le grand père de ROMANE reçoit une montre à gousset en cadeau

.
décembre 2018 : au mariage de la soeur d’Iman, celle-ci porte une coiffe traditionnelle, héritée de génération en génération.

 

 
 

Cette étape du projet fut l’occasion de travailler en arts plastiques l’axe du programme suivant : l’oeuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur, et plus spécifiquement
- la lisibilité du processus de production et son déploiement dans le temps et dans l’espace  (performance)
- la présence matérielle de l’oeuvre dans l’espace (les dispositifs de présentation).
- l’expérience sensible de l’espace de l’oeuvre (l’espace et le temps comme matériaux de l’oeuvre, la mobilisation des sens)

Le questionnement  peut se formuler de la façon suivante : comment la lumière peut-elle faire œuvre ?

Un travail de recherche s’est mis en place pour que chaque élève s’inscrive dans une démarche de projet : comment rendre compte de la matière récoltée, comment faire part de cet objet qui met en lumière l’histoire ?

L’incitation proposée aux élèves était la suivante :  "la lumière dévoile l'histoire!
A partir des éléments récoltés, réalisez une production dans laquelle la lumière aura un rôle déterminant ."
Avec les artistes et les professeurs les élèves ont aussi réfléchi à une action à faire pour « activer » leur installation.
La proposition de restitution était de travailler dans une salle obscure, ou du moins très peu éclairée.
Les élèves ont choisi une manière de mettre en lumière l’histoire, projection de film, stopmotion, maquettes éclairées, objets mis en lumière, manipulation de rétroprojecteur. Chacun s’est approprié son récit pour le transmettre à son tour.

Le travail a été restitué sous la forme d’une performance sonore, musicale, parlée, dans laquelle chacune des installations étaient présentes. L’espace scénique était rempli de machines lumineuses de toutes époques. Chaque élève introduisait l’histoire d’un autre au micro, ainsi, une chronologie, de 1914 à aujourd’hui, se déroulait, traversant l’ensemble des histoires intimes. Un musicien liait le tout, faisant résonner ce choeur d’histoires dans l’Histoire… Professeurs, élèves, parents, grands parents, personnels du collège étaient invités à ce moment de partage sensible, plongés dans le noir, à l’écoute de chacun.






Ici, Sienna projette des diapositives des photos de sa famille sur un drap qu’elle a brodé avec sa grand mère.
3 septembre 1939 : La France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne.
1942 : déportation à Gorges, l’arrière grand père de Sienna est arrêté.
Lucie éclaire la maquette d’une classe d’école qu’elle a reconstituée.


Septembre 1947 : le grand père de LUCIE découvre le livre qu’il offrira bien plus tard à sa fille en souvenir de ses lectures d’écolier


Thomas projette des diapositives de paysages traversés par sa grand mère, qu’il a recolorisées au feutre.
Mai 1968 : c’est le début des grèves étudiantes, « on arrête tout, on réfléchi et c'est pas triste. » La grand mère de Thomas décide de partir faire le tour du monde.


Lucas projette des mains qu'il a photographiées et y dépose successivement une bague en papier, couche par couche.
Mai 1945 : l’arrière grand mère de Marius reçoit la bague qu’elle transmettra ensuite à la grand mère de Marius qui la portera tous les jours de sa vie. Aujourd’hui la bague est dans les mains de sa mère. Pendant ce temps la bague du chef de tribu Amérindien que Lucas recevra le jour de ses trente ans, se transmet déjà de père en fils.
 

 

 

 



les références artistiques proposées aux élèves


-Installations de Christian Boltanski
-Projection et  théâtre d'ombre avec La Machoire 36 et La canopée (Théâtre),
-messages lumineux d'Émilie Faïf (ci-dessus à gauche),
-images d'Élise Vigneron (theâtre d'objets, avec des expérimentations sur l'image et la lumièr, ci-dessus au centre).
-le petit cirque de Calder
-collections d’objets d’Anu Tuominen
-interventions sur photo de Ghitta Laskrouif (cidessus à droite).


En écho au projet, les élèves ont également découvert une exposition Art Delivery dans les espaces d’exposition du collège, quelques semaines avant la restitution : ils ont dû choisir une œuvre qui faisait écho plus spécifiquement à leur projet et expliquer ce choix.
Les oeuvres exposées (sérigraphies, photographies, photogravures, gravures, lithographies) étaient de Ghada AMER, Samuel BOCHE, Pierre BURAGLIO, Christine CROZAT, Thierry FROGER, Jiri KOLAR, Eric EMO, Olive MARTIN.

 
 

 



la programmation du projet



- Présentation du projet (une séance)
- Séances de travail sur les objets, préparation et montages des interviews (trois séances de deux heures)
- Préparation de l'exposition (trois séances de deux heures et les cours d'arts plastiques)
- Répétition de la « forme » au cours de l'exposition (deux séances de trois heures et une de deux heures)

 



l'évaluation


Les élèves ont été évalués sur les compétences suivantes en arts plastiques :

- Choisir des moyens plastiques en fonction de leurs effets dans une intention artistique
- Prendre en compte les conditions de réception de sa production: modalités de présentation
- Concevoir, réaliser, donner à voir des projets artistiques, individuels ou collectifs
- Confronter intention et réalisation pour adapter et réorienter un projet, s’assurer de sa dimension artistique
- Mais aussi sur les compétences transversales suivantes : réaliser, s’investir, vivre ensemble.
Les élèves qui le souhaitaient ont présenté ce projet lors de l’oral du DNB. L’expérience a été très valorisante et  a permis, pour la plupart d’entre eux, un oral très riche car il s’agissait d’une véritable appropriation d’une question : quand la petite histoire croise la grande histoire.

 



le regard des intervenants à l'issue du projet:


« Nous avons été très agréablement surprises de l'implication des élèves dans les différentes phases du projet. Nous nous sommes rendu compte que la proposition de travailler à partir d'une matière très personnelle puisqu'émanant du cercle familiale créait une attention particulière au sein de la classe, comme une conscience de composer avec un matériau précieux et une nouvelle façon de se rencontrer les uns les autres. L'endroit du scolaire étant plutôt un espace impersonnel, la relecture de leur programme d'Histoire à travers le prisme des histoires individuelles à été très intéressantes, pour nous, pour l'enseignante d'Histoire et surtout pour l'ensemble des élèves. »

 



le regard des professeurs à l'issue du projet


Cette expérience a permis une véritable implication des élèves, et une cohésion dans le groupe classe plus particulièrement lors de la restitution sous forme de performance.Le travail interdisciplinaire  a permis à chaque matière d’apporter un regard singulier sur le projet.
Les regards croisés permettent de donner un véritable sens aux apprentissages.

 
 
auteur(s) :

katell gilet

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux, Cycle 4, 3ème

type pédagogique : démarche pédagogique, scénario, séquence

public visé : non précisé, chef d'établissement, enseignant

contexte d'usage : EPI

référence aux programmes : l’oeuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur

ressource(s) principale(s)

vignette.jpg l'artiste comme archiviste 12/01/2020
Comment créer en recourant à des documents d'archives ?
mémoire, dessin, sculpture, archive

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