arts plastiques - InSitu
s'identifier
portail personnel ETNA
espace pédagogique > disciplines du second degré > arts plastiques > enseignement > leçons
la nature morte en question
mis à jour le 12/10/2020
La multiplicité des points de vue permet-elle de se rapprocher de la réalité ?
mots clés : ressemblance, nature morte, point de vue, représentation,
Ce que je vois
La clarté d’un bleu découpé, fragmenté par les vantaux d’une fenêtre et l’intimité d’une chambre à peine suggérée par des tons chauds, ocre du faux bois. Une nature morte, aux objets parfaitement reconnaissables, précisément dessinés et vus de haut, évoque le matin par son moulin à café, cafetière et bol posé sur une nappe blanche. Chaque objet est vu de haut créant un désordre organisé. La composition se déploie en une sorte éventail qui superpose les plans. Le fond et les formes de confondent. Les rayures du papier peint et le morceau de journal fragmente l’espace et deviennent support et signes graphiques. La lecture de la profondeur devient confuse. La représentation d’une table nous permet de nous repérer et d’évoquer un premier plan très vite estompé par la juxtaposition et la superposition des morceaux de papiers. Le réalisme des ombres des objets nous empêchent de perdre pied. Le mot imprimé sur le fragment de journal signe l’œuvre.
Ce que je retiens
Ici le morceau de journal et le papier peint apparaissent comme des moyens de représentation propre au même titre que le dessin ou la peinture. Il nous offre la combinaison d’un espace intérieur et extérieur. Le papier directement collé sur la toile se conjugue avec le raffinement de la stylisation des objets et de la lumière. Le naturalisme laisse la place au cubisme. En se transposant, la surface et le volume remettent en cause la peinture traditionnelle.
Ce que je veux faire découvrir, expérimenter, créer
Par le biais de la nature morte de Juan Gris, des questions d’enseignement peuvent être proposées en cycle 3 autour de l’exploration de plusieurs domaines comme le dessin et le collage. Distinguer les différents signes graphiques et les moyens de représentations. Constater les valeurs expressives des écarts et de la ressemblance. Faire la distinction entre l’espace perçu et l’espace représenté ou construit. Établir que l’intégration du papier collé dans une composition peut changer sa surface.
- Comment les papiers collés deviennent des signes graphiques et des moyens de représentations ?
- En quoi l’intégration dans une composition graphique d’un morceau de papier peint, élément matériel doté d’une valeur communicative à part entière qui possède ses propres modalités expressives peut-elle changer sa surface ?
- Quelles valeurs expressives apportent les écarts et les ressemblances ?
Cette séquence graphique et picturale amène les élèves à se questionner sur les valeurs expressives qu’apportent les écarts et les ressemblances et l’incidence sur la surface que provoque l’intégration d’un morceau de papier dans une composition graphique.
L’objectif visé par cette séquence est de développer l’habileté à représenter en explorant la forme, l’espace, la lumière, la couleur, la matière, le support et l’outil tout en mobilisant des pratiques bidimentionnelles par le biais du dessin, du collage et de l’assemblage.
En amont, chaque élève est amené à réaliser plusieurs dessins d’observation d’une nature morte. Une d’entre elles représente une vanité dont le crâne a été prêté par mon collègue de SVT. Le chandelier et le sablier ont été achetés pour l’occasion.
Toutes proposent des objets posés sur un papier : canson noir, kraft, tapisserie ou journal. A chaque représentation, l’élève dessine un point de vue différent et change de technique : graphite, pastel sec ou gras noir, stylo à bille noir ou feutre noir.
A la séance suivante, sur chaque coin de table est fxé un petit morceau de papier sur lequel les élèves notent les mots clé durant l’effectuation ainsi qu’un format 36 x 48 cm, un morceau de papier (kraft, noir, tapisserie, ou journal) et des pochettes contenant leurs dessins. En binôme, une composition reposant sur la réunion des dessins des natures mortes et du papier est alors réalisée.
En fn de séance, quelques travaux sont accrochés à côté de la nature morte de Juan Gris projetée et de la problématique préalablement écrite en début d’heure. Dès le début de l’échange, sont mises en avant les valeurs expressives qu’apportent les disparités et les ressemblances entre leurs productions et celle de l’artiste.
Le désordre évoqué des assemblages nous amène aux notions d’organisation et de composition. A l’aide du petit morceau de papier sur lequel sont inscrits les mots clé et de l’observation des travaux, les actions menées sont décrites : le découpage, le collage, l’assemblage, la superposition, la juxtaposition…
On constate que les papiers collés associés aux traits, aux contours, aux motifs deviennent signes graphiques et moyens de représentations. Le détournement s’opère, le journal n’informe plus, la tapisserie ne décore plus. Ils remplissent le support et révèlent de nouvelles formes, de nouveaux cadres. Le papier noir, le papier kraft, la tapisserie et le papier journal servent d’ombres propres et portées. Ils donnent du relief aux objets et s’échappent parfois du cadre, créant ainsi le hors champ. Les contre-formes, les formes ouvertes, les formes fermées, les informelles, les pleins et les vides dessinent un nouvel espace, une profondeur claire et confuse. Peu à peu, le fond se transforme en forme, l’espace profond en espace plan. L’intégration des papiers collés dans les compositions graphiques change alors leurs surfaces et leur confère une nouvelle dimension.
valérie hamard, collège Le Joncheray, Beaumont sur Sarthe
information(s) pédagogique(s)
niveau : 6ème
type pédagogique : leçon
public visé : enseignant
contexte d'usage : classe
référence aux programmes : La ressemblance et la matérialité
arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes