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le palais idéal d'une famille de coccinelles

mis à jour le 12/10/2023


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En quoi construire pour un ensemble engage le groupe ?
Comment amener les élèves à penser les qualités spatiales d’un lieu ?

 

mots clés : architecture, structure, échelle, papier, geste, forme


 

Document sans nom

"Créez votre endroit rêvé"


C'est par cette invitation qu'un jeu vidéo à succès propose aux jeunes joueurs de se projeter dans un monde de rêve. On regrette que penser un lieu de vie ne se réduise souvent qu'à des questions de décoration intérieure dans des espaces standardisés.
Alors, comment amener les élèves à penser les qualités spatiales d'un lieu ?

Adolf LOOS, Ornement et crime, 1908

 

 
 

Ce que les élèves vont apprendre et comprendre : une architecture est une association de différents espaces qui ont chacun leurs caractéristiques propres.
 

Ce que les élèves vont découvrir et expérimenter : l'objectif est de les amener à questionner la notion d'espace, débarrassé des contraintes d'aménagement intérieur des lieux de vie. Ils seront invités à composer avec les volumes, la lumière, les pleins, les vides, des espaces ouverts ou fermés.

En adaptant un espace à un usage, ils devront réfléchir à l'échelle, à la lumière, à la circulation des usagers et pourront créer des formes en lien avec une activité.

En outre, ils expérimenteront la transformation du matériau papier qui, selon la façon dont il est plié, enroulé, empilé, pourra révéler des qualités variées. Ils découvriront ainsi le potentiel constructif du papier qui peut, tour à tour, devenir structure ou enveloppe.

 

Parce qu'ils ont travaillé avec du papier ou du carton :
Shigeru Ban, Paper House, Yamanakako, 1995
Peter Callesen, Under the surface, Kuben, 2021


Parce qu'ils ont exploré des formes courbes :
Frank Gehry, Musée Guggenheim, Bilbao, 1997 (métal) ; Cinémathèque française, Paris, 1993 (pierre) et Fondation Louis Vuitton, Paris, 2014 (verre)
Santiago Calatrava, Auditorium de Tenerife, 2003 ; L'oculus, New York, 2016 et Gare Mediopadana, 2013


Parce qu'ils ont adapté des espaces à leurs usages :
Hans Scharoun, Philharmonie de Berlin, 1963 (les espaces sont dessinés pour obtenir la meilleure acoustique possible)
Absalon, Cell n°2, 1991 ; Cell n°3, 1992 et Disposition, 1990

 


 

Sont distribués à la classe les matériaux dont ils disposeront ainsi qu’une fiche avec l’incitation. Si elles sont en apparence identiques, les élèves vont découvrir qu’ils ont chacun une mission particulière. Sur chaque îlot sont déposées également trois petites coccinelles en plastique. Ils disposent en outre d’un rouleau d'adhésif et partagent une agrafeuse avec l’îlot voisin.

Le choix de cet insecte présente un double intérêt :

  • Ne pas pouvoir s’identifier à l’animal va éviter aux élèves d’être tentés de rentrer dans des détails d’aménagement mobilier, éviter le côté « maison de poupée »
  • Sa forme courbe ainsi que les pois noirs sur sa carapace permettent d’inciter à construire à partir de formes courbes et donc de sortir des stéréotypes liés à la maison traditionnelle

De plus, la présence de ces petites figurines sur la table durant l’effectuation permet de donner l’échelle de la réalisation. Les coccinelles peuvent être manipulées et déplacées dans les espaces créés.
Les matériaux fournis sont des bandelettes de papier blanc (120g/m2) de trois centimètres de large et une plaque carrée de carton plume de dix centimètres de côté.
De formes rectilignes, ces matériaux devront être transformés pour créer des volumes courbes. Les élèves pourront plier, rouler, assembler, superposer, empiler… mais pas découper (ou bien à la marge : uniquement pour raccourcir la longueur des bandes de papier). Cette contrainte permet de s’affranchir de formes anecdotiques comme celles des portes et fenêtres qui risquent d’éparpiller l’attention des élèves.

Missions individuelles : Une architecture dans laquelle elles vont pouvoir…

  • JOUER
  • SE CACHER 
  • PRENDRE DE LA HAUTEUR POUR S’ENVOLER
  • SE REPOSER EN EXTERIEUR MAIS A L'ABRI DU SOLEIL
  • SE PROTEGER DU VENT ET DE LA PLUIE MAIS PAS DU SOLEIL
 
 

Si Hugo et Camille cherchent à créer un espace dans lequel les coccinelles vont pouvoir jouer, Noé va devoir leur permettre de se protéger du vent et de la pluie mais pas du soleil. Quant à Pauline elle va leur proposer un espace dans lequel se cacher. A l’issue de l’effectuation, l’enseignante dépose au milieu de chaque îlot une grande feuille noire sur laquelle les élèves vont pouvoir déposer leur maquette. Ce dispositif permet de mettre en valeur leurs productions.

Ensuite chaque îlot reçoit un mot ou un groupe de mots :

  • Formes - Circulation
  • Lumière - Pleins/Vides
  • Ouvert/Fermé - Structure/Enveloppe

Les élèves disposent de cinq minutes pour ensemble observer leurs maquettes, les comparer et établir des liens entre leurs réalisations et le mot proposé. Leurs réflexions sont notées sur une fiche de verbalisation. En fin de séance, un porte-parole par îlot partage avec le reste de la classe le fruit de leurs échanges. Les mots - clefs et idées principales sont notés au tableau.

 

Dispositif de classe-puzzle : selon le principe mis en place par Eliott Aronson en 1971: « La coopération par nécessité facilite l’interaction entre les élèves et les amène à se valoriser mutuellement ». Dans Entre le dire et le faire, Faire l’école, faire la classe en 2004, Philippe Meirieu qualifie la classe-puzzle de « travail de groupe par induction ». Le puzzle, « métaphore de la coopération comme activation de la solidarité : l’apport de chacun est indispensable à la réussite de tous et la réussite de tous permet le progrès de chacun ».

Le plan de la classe est remanié de façon à brasser les groupes de la séance précédente. Sur chaque îlot, sont distribuées des reproductions d’œuvres d’un artiste travaillant l’espace ou d’un architecte : Shigeru Ban, Peter Callesen, Frank Gehry, Santiago Calatrava, Hans Scharoun et Absalon.
Chaque groupe va devoir observer les œuvres proposées et les décrire en tachant d’utiliser les termes (au moins cinq) qui leur avaient été proposés à la séance précédente et qui sont affichés au tableau : formes, circulation, lumière, pleins / vides, ouvert / fermé, structure / enveloppe.

A ces termes, on pourra ajouter : dimensions, usages, échelle, solide / fragile.

 
   
     
 

Collectivement, les élèves engagent une discussion pour comprendre les œuvres proposées et trouver des idées pour les qualifier en utilisant le vocabulaire proposé.
Individuellement, ils sont invités à noter le fruit de leurs échanges sur une "fiche description". Ils disposent de quinze minutes pour ce travail durant lesquelles l’enseignant circule de table en table pour s’assurer que les échanges sont fructueux. Il pourra selon les besoins expliquer la démarche d’un artiste, donner des précisions sur des matériaux, un point de vocabulaire ou encore veiller à ce que chacun s’implique dans la discussion. A l’issue de ce premier temps, les élèves regagnent leurs places habituelles. Ils retrouvent alors des élèves qui ont travaillé sur un autre sujet que le leur et deviennent en quelque sorte "spécialistes" de l’artiste sur lequel ils viennent de réfléchir.
Ensemble, ils vont devoir remplir une "fiche synthèse" qui présente les différentes œuvres qu’ils viennent de découvrir.
Cette occasion pour chacun de présenter l’œuvre sur laquelle il vient de travailler permet aussi, ensemble, de tenter d’établir des relations, des comparaisons entre les différentes réalisations.
On termine la séance par une mise en commun en projetant les reproductions d'œuvres au tableau. Un porte-parole par îlot dira à la classe ce que son groupe a noté à propos de cette œuvre. Si les deux premières séances ont donné lieu à une évaluation formative, durant l’effectuation au fur et à mesure que se rencontraient les questions, puis collectivement à l’oral durant les diverses situations d’échanges créées, la troisième séance sera l’occasion d’une évaluation formatrice avec une autoévaluation à partir d’échelles descriptives. Dans le cadre d’une évaluation formatrice, les échelles descriptives présentent l’avantage de procéder à une évaluation positive : il s’agit de mesurer les avancées qui ont été réalisées grâce à l’expérience vécue plutôt que de comptabiliser les manquements (B.A.Gaillot, Arts-Plastiques-Eléments d’une didactique critique, 2012).
La complémentarité des évaluations, au cours des différentes séances, dans des dispositifs variés et par l’élève lui-même autant que par son enseignant, permet d’affiner notre regard porté sur les réalisations produites mais également de donner tout son sens à l’évaluation aux yeux des élèves. Elle permet en outre de mesurer avec plus de finesse l’implication des élèves dans leur travail.

 

Une plaque de carton plume est placée au milieu de chaque table. Les élèves récupèrent leurs maquettes de la première séance. Sur l’espace délimité par la plaque, ils vont devoir réunir leurs réalisations pour former une seule architecture : Le Palais idéal de leur famille de coccinelles. Chaque coccinelle devra pouvoir se déplacer dans tous les espaces du palais sans sortir de l’architecture.

 

Il sera possible si nécessaire de créer des espaces intermédiaires pour relier les maquettes. Pour ce faire, ils disposeront de quelques bandelettes de papier supplémentaires. Une fiche bilan avec les échelles descriptives des compétences évaluées est distribuée dès le début de la séance afin de leur permettre de mesurer les attendus de cette séance finale.

On peut envisager un prolongement à ce travail avec des prises de vue des coccinelles dans la maquette.
Un travail sur le cadrage et le point de vue pourra amorcer une séquence sur la narration visuelle. Dans le cadre d’un enseignement spiralaire, le questionnement portant sur « l’expérience sensible de l’espace et de l’œuvre » sera à nouveau abordé en quatrième puis en troisième. Ce sera l’occasion d’introduire les notions de matière, d’échelle, d’adaptation à un existant mais aussi la dimension poétique de l’architecture et ce qui la différencie de l’installation et de la sculpture.

 
 
auteur(s) :

emmanuelle gay

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique :

public visé : non précisé

contexte d'usage :

référence aux programmes :

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