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le travail de la nature

mis à jour le 26/04/2019


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En quoi l'intervention artistique dans un lieu naturel peut-elle amener à penser différemment le geste artistique ?

mots clés : in situ, processus, matérialité, temps, geste, land art


 
Richard LONG, Touareg circle, 1988, Sahara Document sans nom

 

Les élèves entrent dans la salle plongée dans l'obscurité. Ils découvrent la projection d'un court film de moins de trois minutes, extrait du documentaire Stones and flies, Richard Long in the Sahara, de 1988.
Le visionnage des gestes et de l'attitude de l'artiste dans le désert, traçant une étendue ronde au sol, écartant les pierres du périmètre dessiné, plonge les élèves dans une sorte de concentration, et les interpelle aussi.
Tandis que les premières questions émergent, j'inscris une phrase au tableau, extraite de l'ouvrage publié par la Bibliothèque des arts, Le regard tactile. Entretiens avec Françoise Jaunin, 2012, Lausanne.

 

"Ce qui m'intéresse, c'est quand le travail de l'homme commence à devenir nature."
Giuseppe Penone

 

"Le travail de la nature? Qu'est-ce que cela veut dire?", "Comment travaille-t-elle, la nature?", "Est-ce que l'on devra travailler comme la nature?", "Comment faire pour que notre travail devienne nature?"... La phrase de Penone pose de multiples interrogations à la classe.
Alors, qu'entendre par nature? par travail de l'homme?
Si les élèves parviennent à formuler des termes tels que "croissance", "érosion", "mutation" ou "transformation", "matière" ou encore "vie", il me faut mimer avec les bras pour que celui de "geste" émerge. Cette question du geste me semble être la clé pour que la classe s'implique dans un travail, qui pourrait "commencer à devenir nature".
Aussi, c'est d'abord par le dessin que les élèves vont s'engager dans leur propre réflexion sur ces questions. Je leur demande de tracer les premières lignes d'un projet, à penser des formes, des matériaux, des gestes, un lieu pour leur réalisation qui devra être in situ.

 
 
Moïse
Enzo
Philomène
 
 
Camille
Iris
Axelle
 

La séance suivante est idéalement placée juste avant les vacances. Le professeur peut expérimenter, selon la progression établie, différentes périodes dans l'année, les vacances d'automne permettant d'autres paysages et d'autres matériaux que celles d'hiver ou de printemps. Lors de cette dernière séance avant la réalisation finale, qui se fera in situ, et donc en dehors de la classe, nous permettons la rencontre avec d'autres oeuvres, ainsi que la verbalisation sur les premières idées, voire les premiers essais des élèves, certains ayant apporté des images de leur travail in situ déjà produit. Les réflexions des uns et des autres pourront ré-orienter le projet et rassurer quelques uns. Les projets sous leur forme graphique sont aussi questionnés et retravaillés.

 
 
Giuseppe PENONE,
Soffio 6 (Souffle 6),
1978, terre cuite,
158 x 75 x 79 cm
Giuseppe PENONE,
Essere fiume 1 (Être fleuve 1),
1981, pierre naturelle et pierre taillée,
40 x 40 x 50 cm env. chacun
 
 
Andy GOLDSWORTHY,
River ice wrapped around a river stone, 1992,
tirage cibachrome en deux parties,
25,7 x 25,1 cm
Nils UDO,
Radeau d'automne 5,
branches de châtaignier écorcées,
troncs de Douglas, France 2012
,
impression pigmentaire,
124 x 124 cm
 

Dans ces différentes oeuvres, on amène les élèves à nommer les gestes produits ainsi que le statut de l'oeuvre. Ainsi, Giuseppe Penone, dans Soffio 6, donne totalement à voir son geste de sculpteur par l'empreinte de son corps dans la terre, alors que ce geste cherche à produire celui de l'érosion de l'eau sur la pierre de la rivière dans Essere fiume. Andy Goldsworthy assemble des fragments d'eau glacée en une forme circulaire en écho au paysage tandis que Nils Udo relie des morceaux de bois afin de représenter une feuille d'érable grâce à la symétrie causée par la surface miroitante de l'eau. Ces deux derniers artistes créent des sculptures éphémères en équilibre précaire et en fixent la mémoire grâce au médium photographique, qui confère aussi, à l'oeuvre, un statut d'image. Les élèves produisent leur installation in situ, seuls ou à deux, pour la séance de la rentrée, et doivent en apporter une ou plusieurs photographies.

 
 
Pauline
Nathalie
Oriane et Audrey
 
 
Fiona
Yaël
Sacha et Zoé
 
 
Téa
Yaël
Adèle et Morgane
 

Lors de la séance de rentrée, les élèves présentent leurs travaux à la classe. Ils ont visiblement ressenti du plaisir dans la pratique en extérieur, et se sont interrogés au sujet de la prise de vue photographique. Comment montrer, garder trace de sa réalisation? Quelle place est accordée au paysage et quel lien peut-il entretenir avec les matériaux mis en forme? Quelles ont été les difficultés rencontrées? Quels gestes ont été effectués, pour quels effets et pour quelles intentions? Tous ces questionnements, soulevés par les images des productions présentées, amènent les élèves à considérer l'oeuvre d'art dans son autonomie vis-à-vis du monde visible, à apprendre à regarder autrement leur environnement et à penser le geste artistique dans ce qu'il peut avoir de plus libre.
Il apparaît dans les travaux des élèves une tendance à réaliser des installations certes éphémères car périssables, mais dont la photographie ne garde en mémoire que l'aspect le plus séduisant. Aussi il serait peut-être intéressant de poursuivre cette réflexion par une séquence davantage axée sur la question du processus artistique, la réalisation d'une production amenée à évoluer, et la rencontre avec certaines oeuvres de Michel Blazy, par exemple.

 
auteur(s) :

julie janet

information(s) pédagogique(s)

niveau : 3ème, Cycle 4

type pédagogique : leçon

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : L'oeuvre, l'espace, l'auteur, le spectateur - La matérialité de l'oeuvre; l'objet et l'oeuvre

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