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mouvement

mis à jour le 13/01/2010


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Deux leçons sur la restitution du mouvement.

mots clés : mouvement, dessin, peinture, image


Ces deux leçons ont été réalisées sans concertation. L'une est issue d'un projet avec une classe de troisième, l'autre a été expérimentée avec une classe de quatrième dans le cadre des nouveaux programmes.
Il nous est apparu intéressant de les mettre en relation puisqu'elles abordaient l'une et l'autre la restitution du mouvement par le biais de différents médiums.
 
danse, mouvement et peinture.
Comment tirer parti de la peinture, des conditions de travail, de l'implication du corps pour donner une impression de mouvement, comprendre l'aspect rythmique de la peinture ?
Les deux classes de 3e concernées par cette leçon ont suivi « un projet danse » : travail en EPS, gymnastique rythmique et sportive, étude d'un spectacle de danse contemporaine, travail avec la chorégraphe, sortie au théâtre pour assister au spectacle. En arts plastiques, je m'appuie sur ce projet qui colle aux programmes : réaliser une production artistique qui implique le corps, interroger les différents rapports entre le corps de l'auteur et l'œuvre.
Je souhaite leur faire pratiquer une peinture qui les oblige à impliquer leur corps (position, gestes, traces, performances...). Le fond « musique et danse » permettra de donner du sens à leurs expérimentations.
1e  phase
Projeté sur l'écran de la classe, passe en boucle un extrait du film de préparation du spectacle : un pas de deux, les danseuses portent une chemise blanche, le plateau est noir, l'éclairage est uniforme.
Je demande aux élèves de représenter les danseuses en mouvement, ils peuvent utiliser des matériaux de dessin, plusieurs supports, certains utiliseront des fonds noirs (fond du plateau...). Une seule séance suffira (réalisation et verbalisation).
 



Ci-dessous la première partie du compte-rendu de leurs verbalisations (en italique, les mots ajoutés par moi-même). Certains propos sont repris d'un document écrit qu'ils ont dû rédiger pour garder une trace de leurs capacités de description (dire ce que l'on voit, ce que l'on fait) d'analyse et de réflexion.
Représenter...
Certains ont utilisé l'illusion (quelle illusion : flou, représentation soignée, impression de mouvement ?). Plusieurs ont représenté des femmes avec les bras levés, ou dans une position particulière qui, à nos yeux, évoque le mouvement. « J'ai fait un mouvement arrêté, on pense avoir une suite, on attend une continuation ». Les points faisaient une différence de couleur et de taille, comme s'ils s'effaçaient. « J'ai dessiné trois femmes qui n'en sont en fait, qu'une ». « J'ai fait plusieurs fois le personnage avec des positions différentes : une position de début, de fin, ou de milieu ». « J'ai utilisé de la craie, puis je l'ai estompée, avec en moins estompé la position de départ, et en estompé la position finale ». Certains ont aussi fait des petits traits autour du personnage pour montrer le mouvement.
2e phase
Le cours commence par l'organisation de l'espace de la salle : les tables sont déplacées contre les murs, les tabourets glissés dessous. (dans mon emploi du temps, les deux classes se succèdent avec une heures de trou entre les deux, ce qui me permet de demander à une classe d'installer, et à l'autre de ranger...) Une classe travaille sur des feuilles qui mesurent environ 100 x 120 cm, l'autre sur un format raisin (le format finalement est moins en question que la position du peintre). Les élèves ont interdiction de s'asseoir sur les tabourets.
Ils doivent utiliser la peinture, tous les pinceaux possibles, je leur dis : « cette fois-ci, ce n'est pas l'image qui montre le mouvement, c'est la peinture. »
Une séance est consacrée à s'installer, commencer les peintures, une autre à les « finir » et commencer l'analyse qui se fera les feuilles étalées par terre. La fin des analyses d'une classe aura lieu après les vacances de Noël. Je demande donc aux élèves d'afficher leurs travaux accompagnés de reproductions (photocopies) d'œuvres ou d'artistes au travail qu'ils choisissent parmi une planche en contenant 13. Parler de ces choix permet donc de réactiver leur mémoire des faits. Nous visualiserons aussi les video prises des élèves au travail, à comparer avec celle de Hans Namuth (J. Pollock Painting) et celle des anthropométries de Y. Klein à la Galerie Nationale d'Art Moderne en 1960.

 




Ci-dessous la seconde partie du compte-rendu de leurs verbalisations (en italique, les mots ajoutés par moi-même). Certains propos sont repris d'un document écrit qu'ils ont dû rédiger pour garder une trace de leurs capacités de description (dire ce que l'on voit, ce que l'on fait) d'analyse et de réflexion.
Peindre...
Nous avons peint par terre, accroupis ou situés au-dessus, même autour de la feuille (comme Jackson Pollock).
Les peintures ne sont pas symétriques, la symétrie donne plutôt une impression de stabilité en général.
On sent le mouvement du pinceau. Dans la peinture de Liang Kaï, il semble qu'il y ait des coups de pinceau au hasard et un peu flou. Les peintres chinois cherchent à représenter les différences entre fixité et immobilité, dans un paysage : montagne et eau par exemple. Les hachures aussi donnent une impression de mouvement (voir gravure de carton : rythme des traits). On peut aussi tapoter avec le pinceau, faire des gestes et bouger le pinceau dans tous les sens, faire des tourbillons. Lorsqu'il y a de la couleur, on voit mieux le mouvement. Les couleurs font des différences de mouvement, chaque trait dans un sens différent peut être fait dans une couleur différente. Lorsqu'on fait goutter la peinture un peu diluée (faire du dripping), ou si on laisse tomber le pinceau sur la feuille, on n'obtient jamais deux fois la même chose, on ne maîtrise pas tout, ça fait plus « naturel », la peinture fait comme une explosion sur la feuille, on ressent aussi une impression de mouvement. Certains ont mis de la peinture sur leurs mains pour faire des traces et glisser pour donner un effet de mouvement. Les peintures faites avec les mains font un effet dense (plusieurs couches superposées, effet pictural) ou danse (le rythme des mains apposées sur la feuille).

Cyrille Bret





 les références proposées à la classe de quatrième 
 


Jules Etienne Marey

Giacomo Balla
     
Marcel Duchamp            Jackson Pollock  
comment une image fixe peut-elle restituer le mouvement ?

Les premières références qui me vinrent à l'esprit furent bien entendu les expériences photographiques de Jules Etienne Marey et Edward Muybridge ainsi que les peintures des peintres futuristes, Balla, Boccioni...

Dans un premier temps, j'ai demandé aux élèves de répondre à cette question en utilisant un APN.
Par petits groupes de 4 environ, ils disposaient de la séance pour proposer plusieurs photos.
Lors de la verbalisation les photos furent projetées et il fût possible d'en dégager plusieurs types de réponses :




Les images qui tentaient de restituer le mouvement de l'objet par le flou


Celles qui étaient totalement floues et qui enregistraient le mouvement du photographe.

En fait, les élèves fonctionnèrent par tâtonnements, essais /erreurs . Lors de la verbalisation beaucoup dirent que leur première intention étaient de montrer l'objet en mouvement en utilisant le flou, mais qu'ils n'y étaient pas toujours parvenu, l'appareil figeant le mouvement . C'est en cherchant comment obtenir ce flou que certains se rendirent compte qu'ils pouvaient aussi bouger l'appareil pendant la prise de vue.  A cette occasion, ils découvrir les possibilités techniques des APN, les contraintes des fonctions automatiques etc.

Un troisième type de solutions a été proposé.

 

Celles qui tentaient de restituer le mouvement en montrant diverses étapes de celui-ci . Ces dernières furent l'occasion d'aborder les expériences de Marey et Muybridge. Certains élèves évoquèrent le cinéma d'animation qui se fait par déplacements successifs d'objets ou figurines.

Dans un second temps, je leur ai projeté une courte scène du film "Billy Elliot" où ce dernier danse avec son professeur dans un gymnase.
Pendant la projection  (en boucle) ils devaient restituer ce qu'ils percevaient de cette scène sur une feuille A3 avec un fusain.
Lors de la première projection de l'extrait il leur a d'abord été demandé de décrire oralement la séquence. Pendant ces échanges les mots  : déplacement, rapidité, occupation de l'espace, rythme... furent prononcés.

 


d'autres dessins dans la galerie

Lors de la verbalisation les élèves mesurèrent que ce n'était pas la ressemblance avec les danseurs qui permettait de restituer le mieux la scène. Ils furent sensibles aux réponses plus abstraites, reconnaissant volontiers qu'elles correspondaient plus souvent à ce qu'ils avaient ressenti. La séquence étant passée en boucle, les élèves étaient portés par la musique et certains bougeaient en travaillant au rythme de celle-ci, ils se dirent "habités" par cette dernière.
Ils repérèrent que la qualité du trait , les effacements volontaires ou accidentels dus au fusain créaient comme un flou ou une image résiduelle de quelques chose qui avait été et n'était plus. " quand c'est trop net, ça ne bouge pas ", "on dirait que c'est une trace de son passage", "on voit comme des étapes de sa danse ", "les traits plus foncés font comme si c'était ce qu'on voit en ce moment et les plus clairs ce qui s'est passé avant "... Les répétitions, les superpositions furent fréquemment utilisées.
Quelques uns regrettèrent de ne pas avoir eu droit à la couleur, je  la leur ai donc proposée la semaine suivante (gouaches, pastels ) mais cette fois-ci sans la projection et sur format raisin.

 

ces deux peintures sont de la même élève, après avoir peint la première elle me redemanda une feuille en me disant " je sais ce que je veux faire" et en quelques minutes elle couvrit la feuille estimant que cette fois-ci c'était plus "juste" parce que "peinte avec son corps".

d'autres peintures dans la galerie
Le travail s'est fait dans la séance, beaucoup d'élèves ont fait le choix de travailler debout, certains prenant l'initiative d'accrocher leur feuille au tableau afin de "voir ce que ça donne de loin". Ces initiatives eurent une influence sur la classe, tous pouvaient voir le travail en train de se faire de certains de leurs camarades et j'entendais  des "Ah, ouais, cela me donne une idée".
Lors de la verbalisation, ils constatèrent que leurs choix de couleurs étaient toujours des choix de couleurs vives, "flashantes" parce que la danse était perçue comme "endiablée", joyeuse .  Pour restituer l'effet de mouvement ils eurent recours à des dégradés, des effets de lavis colorés, des jeux de lignes et de traits qui accompagnaient les formes représentées. D'autres travaillèrent avec un pinceau plus sec afin d'obtenir un flou par frottis.
Les élèves qui n'avaient pas dans le travail au fusain représenté de personnage, se lancèrent à nouveau dans un travail de lignes et de tâches colorées.  L'élève qui a réalisé  deux peintures  avaient attiré le regard des autres pendant qu'elle travaillait, elle s'était mise à distance de son travail, le bras tendu, elle faisait de grands gestes, jetant sa couleur sur la feuille...facilitant ainsi l'introduction au travail de Pollock .



Annick Guérive

 

information(s) pédagogique(s)

niveau : 4ème, 3ème

type pédagogique : leçon

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : L'étude du temps et du mouvement, réels ou suggérés.

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