danse, mouvement et peinture.
Comment tirer parti de la peinture, des conditions de travail, de l'implication du corps pour donner une impression de mouvement, comprendre l'aspect rythmique de la peinture ?
Les deux classes de 3e concernées par cette leçon ont suivi « un projet danse » : travail en EPS, gymnastique rythmique et sportive, étude d'un spectacle de danse contemporaine, travail avec la chorégraphe, sortie au théâtre pour assister au spectacle. En arts plastiques, je m'appuie sur ce projet qui colle aux programmes : réaliser une production artistique qui implique le corps, interroger les différents rapports entre le corps de l'auteur et l'œuvre.
Je souhaite leur faire pratiquer une peinture qui les oblige à impliquer leur corps (position, gestes, traces, performances...). Le fond « musique et danse » permettra de donner du sens à leurs expérimentations.
1e phase
Projeté sur l'écran de la classe, passe en boucle un extrait du film de préparation du spectacle : un pas de deux, les danseuses portent une chemise blanche, le plateau est noir, l'éclairage est uniforme.
Je demande aux élèves de
représenter les danseuses en mouvement, ils peuvent utiliser des matériaux de dessin, plusieurs supports, certains utiliseront des fonds noirs (fond du plateau...). Une seule séance suffira (réalisation et verbalisation).
Ci-dessous la première partie du compte-rendu de leurs verbalisations (en italique, les mots ajoutés par moi-même). Certains propos sont repris d'un document écrit qu'ils ont dû rédiger pour garder une trace de leurs capacités de description (dire ce que l'on voit, ce que l'on fait) d'analyse et de réflexion.
Représenter...
Certains ont utilisé l'illusion (quelle illusion : flou, représentation soignée, impression de mouvement ?). Plusieurs ont représenté des femmes avec les bras levés, ou dans une position particulière qui, à nos yeux, évoque le mouvement. « J'ai fait un mouvement arrêté, on pense avoir une suite, on attend une continuation ». Les points faisaient une différence de couleur et de taille, comme s'ils s'effaçaient. « J'ai dessiné trois femmes qui n'en sont en fait, qu'une ». « J'ai fait plusieurs fois le personnage avec des positions différentes : une position de début, de fin, ou de milieu ». « J'ai utilisé de la craie, puis je l'ai estompée, avec en moins estompé la position de départ, et en estompé la position finale ». Certains ont aussi fait des petits traits autour du personnage pour montrer le mouvement.
2e phase
Le cours commence par l'organisation de l'espace de la salle : les tables sont déplacées contre les murs, les tabourets glissés dessous. (dans mon emploi du temps, les deux classes se succèdent avec une heures de trou entre les deux, ce qui me permet de demander à une classe d'installer, et à l'autre de ranger...) Une classe travaille sur des feuilles qui mesurent environ 100 x 120 cm, l'autre sur un format raisin (le format finalement est moins en question que la position du peintre). Les élèves ont interdiction de s'asseoir sur les tabourets.
Ils doivent utiliser la peinture, tous les pinceaux possibles, je leur dis : « cette fois-ci, ce n'est pas l'image qui montre le mouvement, c'est la peinture. »
Une séance est consacrée à s'installer, commencer les peintures, une autre à les « finir » et commencer l'analyse qui se fera les feuilles étalées par terre. La fin des analyses d'une classe aura lieu après les vacances de Noël. Je demande donc aux élèves d'afficher leurs travaux accompagnés de reproductions (photocopies) d'œuvres ou d'artistes au travail qu'ils choisissent parmi une planche en contenant 13. Parler de ces choix permet donc de réactiver leur mémoire des faits. Nous visualiserons aussi les video prises des élèves au travail, à comparer avec celle de Hans Namuth (J. Pollock Painting) et celle des anthropométries de Y. Klein à la Galerie Nationale d'Art Moderne en 1960.
Ci-dessous la seconde partie du compte-rendu de leurs verbalisations (en italique, les mots ajoutés par moi-même). Certains propos sont repris d'un document écrit qu'ils ont dû rédiger pour garder une trace de leurs capacités de description (dire ce que l'on voit, ce que l'on fait) d'analyse et de réflexion.
Peindre...
Nous avons peint par terre, accroupis ou situés au-dessus, même autour de la feuille (comme Jackson Pollock).
Les peintures ne sont pas symétriques, la symétrie donne plutôt une impression de stabilité en général.
On sent le
mouvement du pinceau. Dans la peinture de
Liang Kaï, il semble qu'il y ait des coups de pinceau
au hasard et un peu flou.
Les peintres chinois cherchent à représenter les différences entre fixité et immobilité, dans un paysage : montagne et eau par exemple. Les
hachures aussi donnent une impression de mouvement (voir
gravure de carton : rythme des traits). On peut aussi
tapoter avec le pinceau, faire des gestes et bouger le pinceau
dans tous les sens, faire des tourbillons. Lorsqu'il y a de la couleur, on voit mieux le mouvement. Les couleurs font des différences de mouvement, chaque trait dans un sens différent peut être fait dans une couleur différente. Lorsqu'on
fait goutter la peinture un peu diluée (
faire du dripping), ou si on laisse tomber le pinceau sur la feuille, on n'obtient
jamais deux fois la même chose, on ne maîtrise pas tout, ça fait plus « naturel », la peinture fait
comme une explosion sur la feuille, on ressent aussi une impression de mouvement. Certains ont mis de la peinture sur leurs
mains pour faire des
traces et glisser pour donner un effet de mouvement. Les peintures faites avec les mains font
un effet dense (plusieurs couches superposées,
effet pictural)
ou danse (le rythme des mains apposées sur la feuille).
Cyrille Bret
les références proposées à la classe de quatrième 
 
  Jules Etienne Marey
  Giacomo Balla
 Marcel Duchamp Jackson Pollock
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