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on n'y voit rien

mis à jour le 19/01/2023


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En quoi la matérialité de l'œuvre rend visible l'invisible ?

mots clés : abstraction, couleur, trace, écriture, image, invisible, monochrome, camouflage, transparence


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Comment la production peut-elle se faire absente, invisible ?

En quoi l'absence de sujet renvoie-t-il aux constituants plastiques inhérents à l'œuvre ?
 

 

 

Cette proposition est une incitation, ou plutôt une "situation d'impulsion" en lien avec une remarque d'élève souvent entendue dans mon parcours professionnel :

"Monsieur, on ne voit rien !"

Ce "rien" pronncé par l'élève n'est peut-être pas "rien"... Il laisse sous-entendre que quelque chose n'est pas perçu, ni repéré. Il manque une "image..."

Le célèbre titre On n'y voit rien de Daniel ARASSE laisse entrevoir cette contradiction entre ce qui est visible ou évident et ce rien qui finalement dit plus que ce qu'il laisse préjuger.

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La première séance se caractérise par l’observation et la réflexion ; les élèves sont amenés à réfléchir aux sens possibles du mot « expérimenter » et à la phrase : « On n’y voit rien » :

 

« Rien … »

 

« invisible »

 

 

« c’est tout noir… »

 

« on n’arrive plus à distinguer »

 

Puis ils sont invités à s’approprier le matériel et les espaces disponibles et s’interroger sur les techniques à envisager pour un tel projet.

Ils ont ensuite à regarder et dire ce qu’est la feuille de papier mise à disposition :

 

 

« blanche »

 

« un support »

« feuille de dessin »

 

« en papier »

 

 

 

Ils prennent connaissance de ce que l’on produit, apprennent des incidences de leurs choix sur le support, réfléchissent et modifient pour se rapprocher de l’attendu voire de l’inattendu.

 

 

 

Les élèves sont alors amenés à questionner les termes et les limites de la demande (incitation / technique / espace de travail / durée / support).

La feuille rend la situation contraignante et empêche par son existence de ne rien voir. L’enjeu de « produire » c’est-à-dire de réaliser un produit fini questionne de fait le visible et contredit de prime abord le rien.

 
 
 
 

Les temps de pratique viennent questionner les constituants plastiques, interroger ce qui n’est plus présent, et ce qui est malgré tout donné à voir.

La situation est complexe. Les élèves tâtonnent un peu puis se lancent dans la recherche et les expérimentations. Les échanges entre pairs permettent d’avancer des hypothèses. Certains s’inspirent librement du voisin de table. Ils savent que copier n’est pas tricher, ils cherchent tous à ne rien donner … à voir.
Les idées sont multiples, les pratiques testent la matérialité du support, jouent avec le concept en indiquant la phrase clé : « On n’y voit rien ». En effet, il n’y a rien à voir, juste à lire.

Des monochromes sont en cours d’élaboration. Les questions liées à la lumière et à ces reflets apparaissent au fil de la séance.
Les outils utilisés viennent creuser le support, rayer les formes, effacer les couleurs…Le collage vient obstruer une éventuelle image, car cacher c’est montrer même si on n’y voit rien.

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Cette séance aborde les questions d’abstraction et de monochromie pour la première fois dans le cycle 4.
Elles seront repensées dans d’autres propositions et séquences  par la suite.

 

 
 

« Ce qui est compliqué,
c’est de savoir montrer le rien...
...de trouver l’idée »

 
 

« J’ai recouvert la feuille
pour que l’on ne voie pas grand-chose »

« J’ai écrit le mot rien avec du papier transparent »

 

 

 

  « J’ai produit du flou pour ne dire rien »

 
 

Kasimir MALEVITCH, Carré blanc sur fond blanc, 1918
Dan GRAHAM
, Double exposition, 1995
Robert RAUSCHENBERG, I Erased De Kooning Drawing, 1953
Yves KLEIN, IKB 3, Monochrome bleu, 1960
BEN (Benjamin VAUTIER), Rien de rien, 1992
LIU BOLIN, Série Hinding in the City, 101 Panda, 2012

 
Licence Creative Commons
 
 
auteur(s) :

benjamin bisciglia

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux, 5ème, Collèges tous niveaux, Cycle 4

type pédagogique : leçon

public visé : non précisé, enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes :

L’autonomie de l’œuvre d’art, les modalités de son auto-référenciation : l’autonomie de l’œuvre vis-à-vis du monde visible, inclusion ou mise en abyme de ses propres constituants.
L’œuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur
L’expérience sensible de l’espace de l’œuvre : l’espace comme matériau de l’œuvre

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