arts plastiques - InSitu

Pour le fond, elle décide de s'inspirer de la peinture de Marsden Hartley (The Warriors, 1913) présente en arrière-plan dans la photo de Fountain prise par Alfred Stieglitz.

Ci-dessous, la réalisation finale de Coline.

Texte de Coline :


Mon processus de création est le dessin d'après une photo. Celle de l'urinoir.  De la photo au dessin (comme pour le travail du photographe et artiste Stieglitz). J'ai d'abord dessiné l'urinoir de Duchamp puis tout en le dessinant j'ai eu une idée. Je fonctionne beaucoup par l'instantané. Les choses me viennent en faisant. La forme me faisait penser à une langue, puis une bouche, puis des yeux. Alors tout en faisant l'urinoir, je faisais un visage. J'ai retourné mon urinoir et mon visage m'a souri. Le principe de retournement est inscrit dans le travail d'Archimboldo.

J'ai utilisé le décalquage pour faire le fond de mon dessin. J'ai colorié dans l'optique de Fernand Léger, mes cavaliers. Les cavaliers viennent du véritable fond de The Fountain de Duchamp. J'ai fait une citation en utilisant un des cavaliers de la toile de fond. Ils étaient de couleur jaune, bleue et orangée. Je n'ai pris qu'un seul des personnages. Pour finir j'ai entièrement coloré le fond en jaune pour faire un tout et pour que le visage (et urinoir) central.
 
Pourquoi un fond jaune ? Pour l'idée du rire jaune : rapport à l'humour, la caricature, l'ironie de Duchamp, la provocation. Pour la royauté, l'or (les cavaliers). Pour la peur ? Avec le jaune et noir des romans policiers en effet le visage final fait quelque peu peur.

Une fois fini je me suis rendu compte que j'avais fait comme un masque. Un Arlequin, un Touareg, une marionnette, Vendetta, un Bouddha avec la forme de l'urinoir... Ce personnage sort presque d'une bande dessinée et ses yeux nous fixent étrangement.

J'avais beaucoup travaillé sur les yeux avant de le faire. Ils tendent vers le surréalisme, les yeux de Dali, Man Ray ou de Magritte et Victor Brauner.
Mon dessin cherche à représenter la provocation faite par Duchamp en faisant l'urinoir par ce visage. C'est un hommage à Duchamp. Je fais une analogie, une association d'idée avec ce dessin. Il cherche à être drôle, joueur, malin, juvénile, enfantin, provocateur et a un coté diablotin comme Arlequin dans la commedia dell'arte.

J'aime la provocation délicate, c'est-à-dire, provoquer avec élégance. Il tire la langue avec un regard provoquant et dans un urinoir. Sachant que Duchamp aime la provocation (cf. LHOOQ) et que sa dernière œuvre picturale s'appelle « Tu m' » pour « tu m'emmerdes » et qu'à l'envers nous voyons « 'M UT » comme le R. MUTT sur l'urinoir. Je voulais marquer le coup car sa dernière œuvre finit sur le « rire ».