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mis à jour le 19/03/2024
mots clés : forme, hasard, geste, fiction,
La découverte d'un feuillet de papiers anciens, jaunis, fibreux, doux dans la réserve enclenche l'envie de l'utiliser avec les élèves.
Le déchirer de manière aléatoire, lui donner ainsi une forme singulière, un format inédit, pour le présenter à chaque élève et inviter la classe à les distinguer, à poser un regard attentif sur les qualités physiques et formelles de ce "matériau" a priori banal.
La déchirure accentue la présence des fibres. Le tout devient précieux car sa manipulation nécessite de la délicatesse, ses formes deviennent uniques.
Posé sur la table, objet de l'attention des élèves, il enclenche déjà l'imaginaire.
Les attendus sont devinés par les élèves: "on va devoir imaginer quelque chose à partir de ça".
"A partir de ce morceau de papier, je crée un animal" *
Vous ne devrez pas écrire sur ce papier.
feuille A4 blanche
- conduire l’élève à imaginer la représentation d’un animal à partir d’une forme abstraite;
- se saisir d’une contrainte matérielle pour créer rapidement (contrainte temporelle).
Les élèves sont dans le cadre du cours invités à s’emparer rapidement des caractéristiques physiques de leur fragment de kraft pour dessiner à partir de celui-ci un animal.
Ils doivent donc réfléchir à la morphologie de cet animal pour qu’elle coïncide, dialogue, fasse s’intégrer la forme imposée du papier.
- le matériel proposé apporte tel ou tel avantage ….
- le papier présente l’avantage de se déchirer et coller rapidement;
- le format A4 est adapté au temps de pratique relativement court.
Je prends en compte les conditions de la réception de ma production dès la démarche de création. |
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J’adapte mon projet en fonction des contraintes de réalisation et de la prise en compte du spectateur. | |
J’adapte et réoriente mon projet en fonction des contraintes de réalisation en prenant en compte le spectateur. | |
Je confronte mon intention à la réalisation pour l’adapter et la réorienter. |
- La prise en compte de la forme et de ses caractéristiques physiques pour réussir à dessiner, inventer, concevoir un animal.
Comment évaluer les différents rendus ? Sur quels critères se baser pour considérer qu'un élève a atteint le niveau de “très bonne maîtrise" ?
Un élève qui a mené une vraie réflexion pour créer à partir de la forme, en construisant la morphologie de l’animal, est considéré comme ayant atteint les objectifs fixés par l’évaluation.
L’idée est de valoriser les productions où, malgré les caractéristiques complexes du fragment, l’élève s’est efforcé d’intégrer la forme, de créer à partir de celle-ci, tout en conférent à l’ensemble, des qualités graphiques. A l’inverse, si la forme est complétement laissée de côté et que l'animal dessiné ne dépend en rien de la forme de papier, alors l’élève est passé à côté des attendus de l’évaluation.
"Le dessin n'est pas une blague. C'est quelque chose de très grave et de très mystérieux qu'un simple trait puisse représenter un être vivant. Non seulement une image, mais, plus encore, ce qu'il est vraiment."
Pablo PICASSO
Nous observons que cette compétence, mais également la contrainte, n’est pas très difficile à surmonter pour les élèves.
La contrainte matérielle associée à la contrainte formelle vont constituer le réel problème à résoudre pour l’élève.
- la forme du fragment a-elle totalement été intégrée au corps de l’animal ?
- la créature a-t-elle été créée en fonction de la forme ?
- l’élève a t-il intégré cette forme sur le corps d'un animal imaginé de manière indépendante à celle-ci ?
- l'animal a t-il été représenté entièrement ou la stratégie du hors cadre a parfois été utile ?
- Voit-on des créatures, plutôt que des animaux et pourquoi ?
Les élèves expliquent qu'il a été plus facile d’imaginer une créature fictive à partir d’une forme un peu étrange plutôt que de réfléchir à un corps d’animal déjà prédéfini.
- Comment peut-on comparer les différents usages d’un même fragment ?
Lorsque plusieurs feuilles ont été superposées avant d'être découpées, plusieurs fragments identiques ont été remis aux élèves. En fonction du sens choisi (recto ou verso, inclinaisons différentes), les possibilités offertes sont multiples mais permettent de mettre en tension des productions durant la verbalisation.
Mots qui ont émergé : paréidolie, morphologie, hors-cadre, abstrait, figuratif
Le mot paréidolie nous a permis d’organiser une petite expérience avec l’oeuvre de Michaux : chacun devait, dans sa tête, lister toutes les formes qu'ils pouvaient distinguer.
En confrontant ensuite les perceptions de chacun nous avons (re)évoqué le pouvoir de l’imagination, le pouvoir de la perception et à nouveau pu établir un lien avec leurs productions : à partir d’une forme ambigüe, ils ont réussi à imaginer, entrevoir le corps d’un animal...
- Henri Michaux (1889-1984), Peinture à l’encre de Chine, 1959, encre de Chine sur papier, 71, 2 cm x 143 cm, MNAM.
- Victor Hugo, Tâches, vers 1856, plume et encre.
* Cette leçon est une adaptation d'une séance largement diffusée sur internet dont on peut en voir une variation ICI.
julia martin
contributeur(s) :ines baron, océance sobczyk, lisa galin-maurice, églantine catreux, sylvie duval
niveau : Cycle 4, 5ème
type pédagogique : leçon
public visé : enseignant
contexte d'usage : classe
référence aux programmes : La représenattion: images, réalité et fiction
La création, la matérialité, le statut, la signification des images
arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes