Une image
Image ou objet pictural ?
compte-rendu des verbalisations rédigé à partir des notes prises par deux élèves de chacune des six classes de 5e, les phrases en italiques sont ajoutées par moi pendant ou après la verbalisation.
Tous différents ?
Les dessins sont tous différents, pour les couleurs, les manières de dessiner, les matériaux utilisés, les papiers (supports) choisis. Ils ont tous en commun « la fenêtre », il y a toujours les deux murs, l'effet de cadre. Nous n'avons pas pu reproduire exactement la photo car elle n'était pas nette, nous ne reconnaissions pas les objets photographiés.
Interpréter ...
Comme la photo n'était pas nette, ou que nous n'avions jamais vu de gramophone, nous avons pu représenter une autre chose qui ressemble à ce qui est sur la photo (un dragon, un extra-terrestre...). Il y en a qui changent des choses de la photo : dans certains dessins, les personnages ne se voient pas, on dirait des objets. Certains ont donc choisi de ne pas représenter la foule, mais gardent d'autres éléments de la photo, ou les transforment : la foule devient des rangées de fauteuils, la fenêtre, des rideaux... On dit que le dessinateur interprète la photo, Dans certains dessins, on reconnaît les objets représentés car ils sont très simplifiés, ce sont presque des schémas, ou des pictogrammes. Dans ces dessins, on reconnaît toujours des choses représentées, les dessins sont figuratifs, ce sont encore des images.
Dans d'autres travaux, les murs sont devenus de la couleur, la foule s'est transformée en petits points, gribouillages, surface d'une seule couleur... Pour ceux-là, nous avons gardé les zones claires ou foncées, même si c'est parfois plus écarté sur nos dessins que sur la photo. Pour faire cette partie du dessin, certains ont juste fait des empruntes digitales qui reproduisent la répétition des têtes de la foule, ils ont « reproduit » le rythme de la photo. Sur les travaux, c'est souvent sur le « milieu » que c'est le plus animé, c'est là en effet qu'on note le plus d'efforts pour réaliser une surface « vibrante », « picturale », où se multiplient les couches, les coups de crayons, les expériences avec les matériaux. On remarque que dans ce type de dessin, on ne parle plus de représentation, mais uniquement de formes, surfaces « animées » ou homogène, taches, etc. Ces dessins ne sont plus des images, puisqu'on ne reconnaît pas vraiment ce qui est représenté, on dit qu'ils sont abstraits : ce ne sont pas des images, car ils ont transformé les personnages en petits points et les murs en couleur .On reconnaît seulement si on a vu la photo. On peut imaginer autre chose, ou observer les formes, couleurs, matières pour elles mêmes.
Après ces analyses, les références proposées seront les six contributions du carton Gropius, les élèves retrouvent les éléments décelés dans leurs travaux (effet de cadre, transcription en pictogrammes, effets picturaux, abstraction...). On aurait aussi pu leur montrer une œuvre d'Eugène Leroy.
Parmi les 5 classes de 5e avec lesquelles j'ai testé cette leçon, une d'entre elle n'a pas réagi de la même façon que les autres : monochromes noirs ou blancs, reproductions rapides et très schématiques. Les analyses ont été également moins riches et ne questionnaient que très peu l'image. Les références que je leur ai proposées étaient différentes : croix noire de Malevitch, quelques oeuvres de Soulages.
J'ai découvert plus tard un texte de Soulages dans lequel il écrit : " la réalité d'une œuvre, c'est le triple rapport qui se crée entre la chose qu'elle est, celui qui l'a produite, et celui qui la regarde."