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sortir du cadre

mis à jour le 22/11/2013

Un film d'animation jouant sur les mots.

La manière dont les élèves s'emparent d'une incitation peut être source de surprise et le projet de Maxime et Martin, réalisé au printemps 2013, en fut une assez savoureuse, à la fois légère et engagée, dans tous les sens de ce dernier terme.
C'est d'ailleurs, faussement naïfs, en jouant sur les mots et en déplaçant le cadre du domaine des images à celui de l'entreprise, que les deux élèves ont imaginé et réalisé ce projet.
Cette réponse, à première vue quelque peu potache, revêt cependant une dimension tendrement contestataire, sur un registre politique certes, mais également et plus finement peut-être, dans l'affirmation de la liberté de l'élève à détourner le vocabulaire usuel et les notions en jeu dans le cours d'arts plastiques. A sortir du cadre, donc.

Pour répondre à la proposition « sortir du cadre », il nous est d'abord venu l'idée de jouer avec cette incitation car nous voulions nous éloigner de la première idée qui nous vient à l'esprit lorsqu'on reçoit ce type de sujet. On imaginait un cadre avec l'image encadrée qui ressortirait de ce dernier, réponse pas très originale en perspective... En jouant avec les mots, le cadre devenait pour nous tout autre que la traditionnelle armature qui encadre une peinture et nous avons pris l'idée du « cadre » en tant que directeur d'entreprise.

Nous avons donc investi une boite en carton sur laquelle nous avons dessiné un décor sur un registre enfantin : en effet, il fallait que les personnages en pâte à modeler aient un aspect simplifié pour faire ressortir le dimension de film d'animation et le décor devait donc aller de pair avec la vidéo. Ajouter un arbre, seul élément en pâte a modeler du décor, permettait de créer une cohérence entre le personnage et le fond qui représente de manière enfantine une usine crachant de la fumée. Le patron, ou le cadre de l'entreprise, personnage principal de notre film d'animation sort donc de son lieu de travail. Dans notre dessin animé, tout est fait pour que la compréhension soit directe, c'est pourquoi avons-nous attribué au cadre tous les éléments stéréotypés qui permettent de l'identifier comme tel : il est en habit de fonction (costume/cravate) et tient un téléphone et une mallette. Nous avons donc bougé notre personnage entre chaque image prise, et par cela créé une impression de mouvement (principe du film d'animation) à raison de 5 images par seconde.

Le deuxième personnage devait s'opposer au cadre pour marquer une rupture dans l'histoire : il est habillé en rouge et a les cheveux roux. En tous points, il affirme un contraste fort avec le cadre chauve portant des couleurs sombres. Pour donner cette impression de sortie du ventre, nous avons dû tourner la scène à reculons pour ensuite remettre les photos dans l'ordre tout en tenant le personnage avec des fils de nylon car son poids l'entraînait vers le bas, ce qui compromettait la réalisation.

L'intérêt de ce projet réside sans doute dans le fait que le personnage est bel et bien en train de « sortir du cadre » ce qui nous permet de répondre à l'incitation de manière inattendue et littérale à la fois.

Nous avons d'abord pensé à une sculpture en argile qui représenterait un cadre avec quelque chose sortant de ce dernier car nous devions évidemment respecter l'incitation « sortir ».
Mais les résultats n'étaient pas très concluants. Comment montrer cette action de « sortir du cadre » au mieux et le plus explicitement possible ?

L'idée du film d'animation nous a traversé l'esprit : nous pensions le faire en pâte à modeler, matériau malléable à souhait, ce qui est indispensable pour pouvoir tourner un film image par image.

Le « cadre » sort donc de son lieu de fonction, s'apprête à franchir un passage clouté, regarde à droite et à gauche, s'engage mais arrivé au centre de ce dernier, il ressent des sensations étranges, sa cravate se met à bouger, sa mallette tombe, son portable aussi et il a une expression d'effroi : un deuxième personnage est littéralement en train de sortir de son ventre, poing en avant.

A chacun ensuite de se représenter les enjeux du travail, l'habit rouge de celui qui sort du cadre peut représenter en effet l'ouvrier, la masse prolétaire qui sortirait alors du cadre, rappelant que ce dernier n'est rien sans ses travailleurs, que derrière lui, ce sont les ouvriers qui constituent son entreprise. Le personnage rouge sortirait donc de son cadre, lui déchirant sa poche ventrale en criant sa haine du patronat. Voilà ce que semble symboliser le personnage qui ajoute à ce projet, en plus de sa réponse originale à l'incitation de départ, une dimension politique.

Maxime et Martin,
élèves de 1ère L spécialité arts,
lycée Champ Blanc, Le Longeron

contributeur(s) :

Thierry Froger

information(s) pédagogique(s)

niveau : 1ère L

type pédagogique : production d'élève

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : Figuration et image. Figuration et construction.

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