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une non-photo d'identité

mis à jour le 13/06/2010


VIGNETTE copie.jpg

projet TraAM  -  S'interroger sur les images que l'on diffuse.

mots clés : autoportrait, photo, numérique, webcam


Pourquoi cette leçon ?
J'ai eu plusieurs fois des discussions avec des élèves de 3e qui voulaient me donner l'adresse de leur blog pour que j'aille voir leurs photos « artistiques » et que je leur donne mon avis. Ayant découvert que j'ai une page sur Facebook,  certains m'ont proposé  d'entrer dans la liste de leurs amis.
Je leur ai dit que ce n'était pas possible : je suis leur enseignante et il doit y avoir une distance entre le cours et leurs espaces sur web, blog et réseaux sociaux sont des espaces privés. On ne peut pas tout montrer à tout le monde, il faut être conscient de l'impact de ce que l'on montre. On en est arrivé à parler de l'utilisation de la webcam.
J'ai pensé alors les faire travailler sur leur image, mais par rapport aux programmes cela convenait à celui de 4e.

Je voulais qu'ils réfléchissent à ce qu'est une image qui sert à nous identifier, pour des documents officiels par exemple.
Ils devaient se poser des questions sur ce qu'est un portrait quand on enregistre directement son image (webcam et Photobooth), qu'on ne la retouche pas, (je leur ai interdit les filtres) et qu'ensuite cette image peut nous échapper une fois prise si on la diffuse .

Comment se mettre en scène pour monter ce que l'on veut montrer et seulement cela.

Je suis donc partie sur l'idée de la non photo d'identité pour qu'ils expérimentent cette frontière entre être reconnaissable ou pas, avec l'idée qu'une fois la photo prise on ne revient pas dessus. C'est à celui qui réalise son autoportrait de décider si on peut être identifié ou pas, être reconnaissable ou anonyme. Il faut se poser des questions sur le rapport au réel. Une image peut être destinée à quelqu'un en particulier ou non, on doit mesurer son impact.
Je pensais aussi qu'avec le cadrage imposé par l'emplacement de la webcam, ils allaient être obligés de se mettre dans le cadre, il n'y avait pas de tabouret devant la table. Ils pourraient alors s'apercevoir qu'un autoportrait photographique n'est pas obligatoirement une photo de leur visage.
Le logiciel qui fonctionne avec un compte à rebours permet de jouer avec l'instant de la prise de vue (comme les Photomaton et les Polaroïd), avec l'aléatoire.
 
matériel 

ordinateur portable avec webcam.
réalisable également avec un appareil photo numérique avec retardateur, relié à un écran de contrôle

logiciel
photobooth pour Mac


 organisation

Deux séances (la première séance 17 élèves sur 24 sont passés), dans la salle d'arts plastiques, le portable avec la webcam étant posé sur une table dans un petit sas à l'entrée de la salle, pas le droit de le changer de place ni de modifier l'inclinaison de l'écran.

Chaque élève s'inscrit sur le tableau pour l'ordre de passage, ils ont un autre travail à faire en parallèle.
Les élèves passent un par un, ils ont droit à plusieurs essais mais n'en gardent qu'un seul, ils suppriment directement les images indésirables



 

 

Les élèves ont joué le jeu, même si il n'y a qu'une classe de 4e sur quatre où tous les élèves sont passés en une séance.
Plusieurs élèves pas très à l'aise ont dit que c'était bien de pouvoir se photographier de façon personnelle sans que tout le monde les reconnaisse , mais de penser à des indices pour que certaines personnes plus proches les identifient. Il y a eu l'idée de bouger, de jouer avec le flou, de se photographier de dos... Ces élèves-là se sont plus servis des possibilités offertes par le cadrage,  la position dans l'espace, la profondeur de champ, le compte à rebours avant la prise de vue...
Une majorité est partie sur l'idée  de modifier son apparence plutôt que l'enregistrement d'une image de son corps.
Dès qu'un élève a pensé à se servir d'objets ou de vêtements, d'autres ont suivi. Certains ont reconnu sans que je ne leur demande qu'ils s'étaient inspirés d'images vues sur Internet (clip vidéos, stars...)



Comment ils ont vécu cette situation.

L'idée de devoir se photographier, donc se montrer a inquiété les élèves pas très à l'aise dans leur peau. Il y a  une pression permanente au niveau de l'image de soi, surtout pour les élèves qui ont le sentiment de ne pas être conforme à l'image-type du collégien(ne) : trop corpulent ou trop maigre, cheveux, vêtement, peau, etc. comme-ci ou comme ça. L'apparence compte énormément, la tolérance n'est pas très répandue. De constater qu'ils voyaient directement sur l'écran ce qu'allait être leur image les a rassurés, ils ont choisi ce qu'ils montraient, et souvent ont cherché des moyens de "brouiller" l'enregistrement de leur image.  Ils étaient soucieux de protéger leur image du regard pas toujours très tendre des autres. Il y avait le souhait de ne pas montrer une image de soi qu'ils avaient peur de trouver dévalorisante dans le regard des autres.  Des élèves plus sûrs d'eux ont souvent utilisé des objets, se sont maquillés, travestis, plus à même d'assumer cette image d'eux. Ils ont d'ailleurs  plutôt fait références à des images qu'ils connaissaient de stars ou de clips ou de films, des images soit destinées à un public soit volées et qui se sont retrouvées publiques.

Un élève s'est pris en train de faire une grimace, parce que sur les documents officiels ce n'est pas autorisé. D'être identifiable ou non ne lui posait pas de problème car cela correspondait à "son image de marque" qui est d'être l'amuseur publique, lui il a dit le "clown de la classe."
Certains,  n'avaient pas conscience que leur image dès qu'on la voit peut être interprétée et utilisée de diverses façons, alors que d'autres n'avaient que trop le sentiment du regard des autres. D'utiliser la webcam renvoyait pour eux directement à Internet, donc à un espace où il faut réfléchir avant d'envoyer une image de soi : va-t-elle rester privée? Devenir publique?
Les images faites en classe n'ont pas été montrées hors du cours, personne n'a protesté à l'idée de montrer son travail au vidéo projecteur, ils ont eu l'impression de pouvoir contrôler leur image et de la "valider" : qu'elle soit montrable sans qu'ils se sentent vulnérables



    

    


Les élèves ne pouvaient pas voir les images des autres car après chaque passage je transférai leur image dans un dossier, rien ne s'affichait plus dans photobooth, la seule "contagion" était donc quand ils se voyaient aller dans le sas avec des objets.

Ce qui est souvent revenu c'est l'idée de droit à l'image, que l'on peut se protéger mais aussi se cacher (pas toujours avec de bonnes intentions), on a donc parlé de la nature et de la fonction de l'image.

La conclusion a été que la webcam n'était qu'un outil pour faire des images et qu'il fallait réfléchir à ce que l'on voulait obtenir, une image pour un document officiel ? une image pour ses amis ou un travail plastique, il s'est donc agit du statut des images.
 
auteur(s) :

mireille lagarde

information(s) pédagogique(s)

niveau : 4ème

type pédagogique : leçon

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : produire des images numériques

ressource(s) principale(s)

vignette.jpg TraAM 2009/2010 - fabriquer des images 2 10/06/2010
Trois leçons où l'on se montre...différemment.
numérique, image, photo

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