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les entretiens d'InSitu - Olivier JOSSO HAMEL

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Olivier JOSSO HAMEL
Auteur de bande dessinée
Professeur d'Enseignement Artistique


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1. Quel a été le parcours scolaire suivi du collège jusqu'au début de carrière ?


Je garde un bon souvenir de mes années de collège, vécues à La Géraudière (aujourd’hui collège Stendhal), dans un quartier populaire du Nord de Nantes. Quant à mon séjour au lycée Gabriel Guist’hau, en centre ville, j’y passe 5 ans avant d’obtenir un baccalauréat Arts Plastiques. Admis ensuite à l’École Régionale des Beaux Arts de Nantes, la pratique de la bande dessinée s’y révèle inconcevable à l’époque (1988). Je migre alors à Rennes où, inscrit pour la forme à la Faculté d’Arts Plastiques, c’est en autodidacte DIY que je trace finalement ma route, développant mon parcours d’auteur au sein de la bande dessinée alternative.En 2008, dans le but d’enseigner, je reprends des études à 40 ans. À l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne, site de Lorient, j’obtiens un DNSEP Art, et suis également lauréat de deux concours de la Fonction Publique Territoriale: d’abord Assistant Spécialisé d’Enseignement Artistique, spécialité Arts Plastiques, puis Professeur d’Enseignement Artistique, discipline Graphisme et Illustration.
 



2. Quel a été le déclencheur pour s'engager dans la voie que vous avez choisie, à savoir artiste ?


En 1991, Laure Del Pino et moi réalisons Brulos Le Zarzi , notre propre fanzine. Avec un premier numéro en format A6 photocopié à 20 exemplaires, cette entreprise modeste marque pourtant ma véritable entrée en bande dessinée. L’étape de la publication demeure un événement moteur et fondateur, qui m’a amené à concrétiser et affirmer mes travaux, puis à nourrir une exigence sans cesse reconduite. Car une fois ce cap franchi, le passage à l’acte appelle autant une suite qu’une volonté de progression. L’apprentissage de l’auto éditionpermet en outre de se confronter à tous les aspects d’une publication, jusqu’à son impression et sa diffusion. Avec mes partenaires de Brulos Le Zarzi, j’ai ainsi pu écumer les festivals, me repérer et rencontrer nos pairs. Le début des années 1990 voyait émerger plusieurs structures majeures de la bande dessinée alternative, et à partir de 1994,L’Association, Ego comme X, 6 pieds sous terre et Les Requins Marteaux ont publié mes travaux.
 



3. Quelles ont été vos activités professionnelles à la fin de vos études et quelles sont-elles actuellement ?


Durant une quinzaine d’années, j’ai publié beaucoup de récits courts dans l’édition indépendante. Tel la nouvelle littéraire, le court ou moyen-métrage, la forme courte est une école formidable en bande dessinée. Cela m’a permis d’expérimenter de multiples voies graphiques et narratives, à la fois stimulé par les possibilités du médium, l’émulation collective et la publication dans des supports novateurs et exigeants. De nombreuses commandes d’illustration et de bande dessinée dans la presse et l’édition traditionnelles ont complété ma formation, parmi lesquelles des pochettes de disque et affiches de concerts.Aujourd’hui, je poursuis une œuvre au long cours intitulée «Au Travail», série autobiographique de plusieurs livres (2 tomes déjà parus à L’Association).Un projet évolutif, polymorphe et polysémique, qui représente à mes yeux un terrain d’expérimentation et d’expression personnelle, mais aussi de partage et de médiation. Mise en abîme du récit écrit et dessiné, j’y sonde l’intimité de ma propre construction, humaine comme artistique, les origines de ma pratique s’éclairant au regard d’interactions émotionnelles, mémorielles, familiales, sociales et culturelles. Un vaste tissage d’influences où lectures fondatrices et lien au dessin croisent les questions d’identité, de place, de filiation et de création.Par ailleurs, Laure Del Pino et moi sommes actuellement en Résidence de Territoire sur la Communauté de Communes de Nozay, en milieu rural. Nous y habitons aussi depuis 22 ans: l’occasion de questionner quels rapports ce territoire entretient avec l’art et la culture, la pandémie interrogeant également notre lien à l’espace quotidien. Outre l’exposition de nos travaux, nous intervenons en milieu scolaire et tenons une master classe tous publics. Versant production, nous menons des entretiens avec des artistes locaux, où deux plasticiennes (dont Sandrine Fallet, professeur d’arts plastiques en collège), un sculpteur et un tailleur de pierre font l’objet de reportages écrits et dessinés, qui seront ensuite édités. Pour finir, j’enseigne aussi le dessin narratif auprès des étudiants de L’École de Design Nantes Atlantique, tout en recherchant un poste en école d’art dans la Fonction Publique Territoriale.




4. Que représente pour vous une exposition en milieu scolaire, dans un espace inhabituel comme une galerie d'art à vocation pédagogique ?


Intervenant depuis 20 ans en collège et en lycée, ce contexte et cette démarche me sont devenus naturels. Avec la Bibliothèque Départementale de Loire Atlantique, j’ai initié en 2010 «La Malle à Bulles - Bande Dessinée au collège», une expérience de médiation autour d’une sélection d’ouvrages à destination des collégiens et des enseignants. En 2018, le dispositif «Plasticien au collège» m’a permis d’intervenir auprès d’une classe durant plusieurs mois, en y réalisant une publication collective. Quant à l’exposition en milieu scolaire, mon expérience la plus marquante se situe à Douai, dans l’Académie de Lille. En 2013, j’ai été invité à exposer «Au Travail» et à intervenir au collège et lycée Albert Châtelet, lequel dispose d’un EROA, soit un Espace de Rencontre avec l’Œuvre d’Art. Outre l’importance d’une galerie intégrée à l’établissement, je loue ici le travail de fond et l’investissement total de Yann Stenven, professeur d’arts plastiques émérite. Car en rencontrant les classes, mais aussi les parents d’élèves et l’équipe de l’établissement, j’ai été soufflé par leur accueil et leur profond intérêt pour la création artistique. Dans un territoire où l’accès à la culture artistique peut sembler difficile, j’ai mesuré sur le terrain le sens et la portée d’un enseignement de qualité au quotidien. En Pays de Loire, le dispositif «Exposer InSitu» permet aussi ces rencontres essentielles : en 2020, j’ai exposé «Au Travail» au collège de La Ville aux Roses à Châteaubriant, et malgré la pandémie, ce fut une belle expérience. Toujours centré sur «Au Travail», un projet de valises pédagogiques est à l’étude depuis l’an dernier, en souhaitant qu’il puisse se réaliser dès que possible.




5. Quelle est la séance d'arts plastiques, au collège ou au lycée, dont vous vous souvenez encore aujourd'hui ?


Au lycée Guist’hau, j’étais en section A3, l’équivalent de l’actuel enseignement de spécialité en arts plastiques, où ma professeur était Mme Perron. Je déplorais son manque d’intérêt pour la bande dessinée, voire sa dépréciation: à notre petit groupe de passionnés, elle répétait à l’envi que la BD lui paraissait «anecdotique». Or, il est fort probable que cette posture m’ait justement conduit à persévérer, et à développer en particulier une bande dessinée d’auteur, soit une démarche artistique au défi des canons du commerce et de l’industrie. Mme Perron nous a aussi emmenés à Paris, où la découverte du Musée d’Orsay m’a beaucoup marqué. En 1988, elle nous a également permis de rencontrer un jeune artiste qui réalisait alors ses premières expositions à Nantes: il s’agissait d’Éric Fonteneau, et je me rappelle l’avoir questionné sur son travail. Ma toute première rencontre vivante avec l’art contemporain... En 2020, je me suis inscrit à une visite guidée de son atelier, et plus de 30 ans après, c’était vraiment émouvant de le revoir et d’échanger à nouveau avec lui, ce à quelques pas du lycée. Merci Mme Perron!


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