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Jean-Luc Moulène au musée des Beaux Arts de Nantes

mis à jour le 15/12/2003


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Quelques notes susceptibles d'ouvrir un débat sur la question du numérique dans la création artistique contemporaine. Rencontre avec l'artiste Jean-Luc Moulène Samedi 29 novembre 2003 au Musée des Beaux-arts de Nantes dans le cadre de son exposition "Honni Soit".

mots clés : photographie, numérique, argentique, analogique, image


Jean-Luc Moulène, quel rapport entretenez-vous avec la photographie analogique et la photographie numérique?


rappel historique : qu'est-ce que la photographie ?

En premier lieu J-L Moulène a fait une introduction sur la question de l'Histoire de la photographie. Il rappelle que toute technique nouvelle entraîne un questionnement sur sa nature. La photographie se rattacherait-t-elle à la science, à l'art ou encore serait-elle qu'un simple outil d'enregistrement et de mesure du réel ?

Si ces questions sont apparues dès l'origine, on peut affirmer qu'un objet nouveau n'est pas uniquement défini par la technique. La photographie s'affronte donc à la question de la classification. Il souligne par ailleurs que la photographie n'est pas une invention spontanée, mais qu'elle était déjà présente au Moyen-Age et que les alchimistes avaient réussi à obtenir des images sans être pour autant capable de les fixer. Mais pour en revenir à la photographie argentique, il faut noter que sa création est la conjonction physique de la lumière et de la chimie.

Quant à la photographie numérique elle relève de la technologie de l'information. Nous pouvons constater qu'aujourd'hui les mêmes débats apparaissent sur le statut de l'image numérique. Nous avons vu que la photographie s'était donnée comme modèle la peinture, et que la vidéo celui du cinéma. Pour autant, il faut remarquer que les premières applications du numérique ont consisté à diffuser des images pornographiques comme ce fut le cas à la naissance de la photographie.



une distinction de nature

La photographie procède nous dit J-L Moulène de l'idée de relèvement. Le passage de la lumière dans l'objectif vient sur le miroir pour finalement impressionner la pellicule. Cette opération est sensible, visible au tirage. Pour J-L Moulène le tirage respire, la photographie enregistrerait le souffle comme la poésie. On peut donc enregistrer une image comme une poésie.

La photographie numérique est un médium sec nous affirme J-L Moulène, la lumière est directement plaquée dès son passage dans l'objectif et calculée par un programme mathématique qui optimisera l'enregistrement. Il propose que nous fassions l'expérience de photographier avec un numérique une vignette verte sur un fond rouge puis de comparer cette image avec l'image de cette même vignette sur un autre fond d'une autre couleur. Nous constaterons que la couleur de la vignette verte n'est pas la même sur les deux images. Le numérique fonctionne sur un principe d'équilibre harmonique. Ce qui tend donc à prouver que seul le programme est créatif. Le numérique n'est pas de la photo.

Ce qui paraît, par ailleurs, paradoxal, c'est que l'industrie ait créé un programme informatique comme photoshop qui fonctionne avec des outils propres à la peinture (crayon, pots de peinture, pinceau.). Un retour en arrière nostalgique en quelque sorte. Ne devrait-on pas appeler peinture numérique ce que l'on appelle photographie numérique ? Pour J-L Moulène c'est une énorme régression, ceci dit c'est intéressant d'avoir un nouveau médium. Et d'en chercher son intérêt.

Un autre point est également à souligner. La photographie numérique fonctionne sur un temps décalé dans la mesure où la vitesse de déclenchement ou plutôt d'enregistrement est lent, de 0,4 secondes à 1,5 secondes. Ce retard à la numérisation rend donc impossible la saisie sur le vif, le grand mythe de la photographie se trouve détruit. Fixer l'instant devenu impossible, nous allons donc pouvoir nous intéresser maintenant à l'image et non plus à l'instant.


 

changement de point de vue : un regard différé

La nature du temps a été modélisée par la photographie et le cinéma. Qu'en est-il pour le numérique ?

Le numérique par nature permet un enregistrement d'un plus grand nombre d'images dans la mesure où celui-ci n'est pas onéreux. Nous sommes en présence d'une technologie de l'information. J-L Moulène nous fait remarquer que dans information il y a former. Mais faire beaucoup d'images entraîne la nécessité de faire des choix. Pour J-L Moulène, la question première est "Laquelle choisir ?" ensuite "Dans quel ordre ?" L'abondance d'images désengage le reporter et c'est bien le choix qui nous ramène au réel. Et la promenade se décrypte en décalé.



 

 
auteur(s) :

philippe szechter

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique :

public visé : non précisé

contexte d'usage :

référence aux programmes :

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Notes de Philippe Szechter
professeur d'arts plastiques
artiste

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