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le jugement dernier, Segna di Buonaventura

mis à jour le 11/11/2008


le jugement dernier 1300-1305pf.jpg

L'analyse d'une  œuvre qui conduit à des pistes questionnant couleurs et formes.

mots clés : oeuvre, couleur, profondeur


 

Segna di Buonaventura, Le jugement dernier, XIVe siècle (vers 1300-1305)

or et tempera sur toile marouflée sur bois, 1,26 m x 0,60 m


don de Raoul Duseigneur au musée des Tapisseries, 1916
affecté au musée des Beaux-Arts d'Angers en1950
salle :
«Des primitifs à la Renaissance»
(du XIVe au XVIe siècle)

1. contexte

histoire de l'œuvre

L'œuvre a subi de nombreuses dégradations. En bas à droite, le groupe des damnés et le visage du démon ont en partie disparu. Ainsi, à cet emplacement, le support en bois sous la toile peinte par Segna di Buonaventura est aujourd'hui visible.

Entré au musée des Tapisseries comme une œuvre siennoise du XVe siècle, ce tableau fut attribué à Segna par Berenson en 1936, proposition assez unanimement admise (2). Luciano Cateni (3) partage cette opinion et estime que cette œuvre, l'une des meilleures de Segna di Buonaventura, qui pourrait s'inspirer d'une œuvre perdue de Duccio, est d'une importance remarquable par la rareté du sujet et la grande qualité de la peinture, très proche de la Maestà de Castiglion Fiorentino.

Il propose une datation vers 1300-1305.

Le contraste des couleurs, l'élégance des vêtements des anges le rapprochent de certains chefs d'œuvre de Duccio, mais l'intensité dramatique du maître est remplacée par une certaine mélancolie.

2. Par Laclotte, Longhi, Carli, Ciaranfi, Castelnuovo, Boskovits, mais rejetée par Offner, Meiss et Zeri (suiveur de Segna).
3. Cateni, 2003.
(C.B. Extrait de la notice d'œuvre du catalogue Chefs-d'œuvre du musée des Beaux-Arts d'Angers, Musée d'Angers, Paris, Somogy, 2004, p.24)

En 1916, ce tableau est déposé au musée de l'ancien évêché à Angers, puis transféré au musée des Beaux-Arts en 1950.

style

Les peintres du 14e sont à la charnière du Moyen Age et de la Renaissance. Dans l'image religieuse médiévale, les effets doivent être réduits à l'essentiel au profit du message : personnages schématisés, fond d'or.
A partir de la fin du 13e siècle, les artistes s'orientent vers plus de réalisme : chaque personnage a ses caractéristiques propres et le décor situe la scène dans son contexte.
Ce tableau de Segna, spécifique de cette période de transition, met en scène une ébauche de perspective atténuée par la planéité du fond d'or. Celle-ci ramène le regard du spectateur de la profondeur représentée vers la surface matérielle du support.

(Extrait de l'analyse d'œuvre parue dans Vivre à Angers d'octobre 2003 : mensuel municipal de la ville d'Angers)


 
2. description et analyse

particularité
Panneau central d'un polyptyque dont les volets latéraux ont disparus

genre
Peinture religieuse

sujet
Cette peinture représente à la fois la résurrection et le jugement dernier.
Est représenté ici le Christ ressuscité et rédempteur dans une position glorieuse. Son rôle est de juger les hommes.
Le jugement dernier est un épisode de la Bible, annoncé par saint Jean dans l'Apocalypse. Il y relate le moment où chaque mort sera jugé. Dieu, juge suprême, les séparent : d'un côté les élus gagnant le paradis, de l'autre les damnés jetés en enfer. La résurrection du Christ après sa mort sur la croix annonce le jugement futur. Ainsi, ces deux thèmes sont souvent associés dans l'iconographie chrétienne (ensemble des thèmes et sujets représentés).
(Extrait de l'analyse d'œuvre parue dans Vivre à Angers d'octobre 2003 : mensuel municipal de la ville d'Angers)

format
Format particulier : rectangle dans sa partie inférieure et lobé dans la partie supérieure.

composition
Le format particulier détermine la composition. Deux espaces se distinguent nettement : le sol et le ciel qui occupe la partie la plus importante. Le fond d'or place la scène dans un temps, un espace indéfinis et solennels comme surnaturels. Le Christ siège dans une mandorle (forme ovale biseautée). Ce véritable trône céleste est soutenu par l'anneau de sainteté dessiné par les dix anges.
Le territoire et la destinée de l'homme sont réduits à l'essentiel : les tombeaux ouverts limitent l'espace terrestre.
Au centre de la composition et comme un lien puissant entre Dieu et les hommes se dresse la croix nue. Elle rappelle le martyre du Christ et le miracle de sa résurrection. [...]
(Extrait de l'analyse d'œuvre parue dans Vivre à Angers d'octobre 2003 : mensuel municipal de la ville d'Angers)

La composition est également divisée dans la verticalité de la toile par la croix avec : à gauche, les élus qui iront au paradis dont les hommes d'église et les hauts dignitaires sociaux et, à droite, les damnés avec le diable.
Un début de perspective est amorcé avec la profondeur empirique donnée par l'entassement des personnages de droite mais aussi par le dégradé de bleu du plus clair au plus foncé (au niveau de la mandorle). L'autel sur lequel repose la croix donne également un effet de profondeur au tableau.
dessin/couleur
Les couleurs sont disposées en aplats et permettent de faire le lien entre les deux espaces.
Prédominance du fond d'or et des couleurs jaunes-ocres. Les couleurs rouge, bleu et or sont symboliques :
Le rouge est la couleur de la Passion (ici au niveau du corps du Christ) et du monde terrestre tandis que le bleu, est le symbole du monde céleste. Ces couleurs sont utilisées pour représenter deux tissu : le drapé du Christ et la nappe qui recouvre l'autel. C'est une manière de témoigner du caractère divin et humain du Christ.
L'or (tradition byzantine) est le symbole de la lumière divine présente à la fois dans le monde céleste et terrestre. L'usage abondant de l'or est révélateur du goût au moyen age pour les couleurs vives. De plus, l'utilisation de cette teinte précieuse, posée à la feuille, est appréciée car c'est un matériaux cher et la peinture offerte à Dieu ou aux Saints doit être luxueuse.
Le dessin de Segna di Bonaventura est précis et les formes ont des contours nets. On sent un certain réalisme apparaître car les corps tendent à prendre du volume et de l'épaisseur. Les personnages sont « humanisés ». Ici, le visage du Christ a une expression et il semble absorbé par sa tâche.

figure
Le visage du Christ est humanisé. Il exprime la mélancolie, sentiment qui habite tous les personnages représentés par Segna. Il s'agit ici du Christ rédempteur. Sa position glorieuse ainsi que sa mission de juge lui confèrent une attitude à la fois détachée et solennelle.
Les mains du Christ portent les stigmates de son martyre. Sa mort, choisie par les hommes, légitime qu'il soit devenu celui qui les juge. Le martyre lie ainsi le thème de la résurrection à celui du jugement : la main gauche du Christ, baissée, condamne, tandis que la main droite, levée, bénit.
Des anges jouent de la musique évoquant dès lors les sept trompettes citées dans l'Apocalypse avertissant des fléaux. La septième annonce le Jugement Dernier.
A la droite du Christ, les élus sortent de leur tombe. Certains d'entre eux portent des vêtements qui permettent de distinguer les hauts dignitaires sociaux et religieux (un roi, deux papes, trois évêques, trois moines franciscains et deux moines bénédictins). Leur vertu ne pouvait être remise en cause.
A la gauche du Christ, les damnés ne rejoindront pas la Jérusalem céleste (le paradis). Le démon s'agite pour effrayer les pêcheurs. Il les précipite dans les entrailles de la terre. Le rempart formé par les roches leur enlève tout espoir d'approcher le ciel. [...]
(Extrait de l'analyse d'œuvre parue dans Vivre à Angers d'octobre 2003 : mensuel municipal de la ville d'Angers)

technique
La technique utilisée est celle de la tempera empruntée aux icônes des peintres byzantins. Elle s'obtient en mélangeant des pigments de couleur et de l'œuf. Ce mélange est habituellement apposé sur des panneaux de bois enduits de craie ou de plâtre. Ici, Segna a peint sur une toile qu'il a ensuite collée sur du bois. Adoptée dans toute l'Europe du Moyen Age, la tempera est remplacée par la peinture à l'huile au 16e siècle.
Des altérations laissent entrevoir la sous-couche rouge sur laquelle ont été collées les feuilles d'or. Afin qu'elle adhère au support, la peinture était toujours apposée avant le fond d'or. Dans les auréoles des anges, l'or est poinçonné et incisé comme un bijou.
(Extrait de l'analyse d'œuvre parue dans Vivre à Angers d'octobre 2003 : mensuel municipal de la ville d'Angers)

Analyse réalisée avec l'aimable collaboration du service culturel pour les publics, musées d'Angers
 
pour la classe
dans le dossier PISTES


couleurs et formes : une question de profondeur ?

  • la fonction de la couleur
  • quel sens donné à la forme





Pour en savoir plus

  • Michael Baxandall, L'œil du quattrocento, édition Gallimard, 1985.
  • Michel Pastoureau, Bleu : Histoire d'une couleur, Seuil, 2003
  • Michel Pastoureau, Une histoire symbolique du moyen age occidental, Seuil, 2004
  • Michel Pastoureau, Le petit livre des couleurs, Seuil, 2005
  • Manlio Brusatin, Histoire des couleurs, Flammarion, 1999.
  • Alain Gherbrant et Jean Chevalier, Dictionnaire des symboles : Mythes, rêves, coutumes, gestes, figures, couleurs, nombres. Robert Laffont, 1997.

 
auteur(s) :

groupe intercycles

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique :

public visé : non précisé

contexte d'usage :

référence aux programmes :

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