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Chardin, Spoerri

mis à jour le 20/12/2008


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Analyse comparative de 2 œuvres traitant de la nature morte

mots clés : oeuvres, analyse, stage


Analyse comparative et conflictuelle de 2 œuvres traitant de la Nature Morte : Raisins et Grenade de Chardin, 1763, 47x57 cm, conservée au Louvre et Tableau piège de Spoerri, 1965, 120x140 cm.

Un point succinct sur le genre de la Nature Morte s'impose :
De tous temps, on a fait des natures mortes (peinture, mosaïque, hier, photographie, sculpture, vidéo, aujourd'hui), ce genre a fait le tour des supports.
C'est sans doute au XVI, XVIIème que se développe réellement la nature morte, c'est aussi à ce moment qu'on peut réellement parlé de "genre" autonome, notamment en Hollande. Le genre semble répondre aux attentes d'une société bourgeoise qui fonde ses valeurs sur la possession et le commerce des biens. Tout comme les natures mortes de Chardin semble s'accorder avec la doctrine du sensualisme au XVIII. L'importance, voir la primauté des sens dans l'acte de connaître et d'approcher le réel va s'opposer à toute la tradition rationaliste venue de la pensée de Descartes. La nature morte est sans doute un support privilégié pour aborder les relations d'une société à ses objets et au delà au monde matériel et au réel.
Peu de choses, en apparence suffisent à faire une nature morte. Aucune présence humaine, aucune animation, le silence règne, on parle de peinture "muette". Alors comment rendre un morceau de poisson ou un compotier aussi riche qu'un déjeuner sur l'herbe ? la question du réel au delà de la narration est posée.
Ce que nous renvoie, de prime abord, la nature morte c'est la ressemblance - ou l'écart selon les époques- avec l'objet de référence. Mais au delà de ce point de départ mimétique les prolongements sont riches: l'objet fidèlement reproduit renvoie à l'homme centré sur lui-même, les répétitions du Pop Art nous renvoie à une critique acerbe de la société de consommation, et de la transformation d'objets industriels en objets esthétiques...
la nature morte n'est pas considérée comme une forme majeure avant Chardin au XVIII °s. Au XX°, elle devient un sujet d' expérimentation avec Picasso, Gris, Matisse ou Braque.



 
 
Chardin
Raisins et Grenade ,1763, 47x57 cm
analyse de la nature morte de Chardin
Dans cette nature morte, on retrouve le dispositif mis en place dans d'autres toiles de Chardin : une scène, un parapet présentant les objets sélectionnés et juxtaposés. Deux objets font saillie dans l'espace du spectateur (raisins et couteau). Le fond neutre, permet de faire ressortir les motifs principaux de la toile. Les objets acquièrent ainsi tout leur relief, ils se détachent sur un arrière plan sans profondeur ( la perspective est "tassée"). L'effet lumineux du fond fait niche, écrin pour les objets, devenant ainsi comme des bijoux du quotidien. Ce dispositif renforce l'impression d'une portion de quotidien isolé.
On peut évoqué dans cette oe le temps suspendu ou le jeu subtil entre la présence et l'absence de l'homme : verre de vin presque vide, le couteau prêt à prendre, la grenade ouverte, offerte...
La sélection des objets propose un raccourci, un condensé du monde, les produits de la nature, ceux des hommes...
Par sa composition, son dispositif plastique, ses qualités picturales, Chardin nous montre, nous oblige à fixer ce que l'on voit tous les jours sans y faire attention. On peut peut-être voir dans cette oeuvre à la fois une réflexion sur l'existence humaine et sur l'art pictural. La nature morte comme une invitation à percevoir la Peinture ( les relations entre formes, couleurs,lumière, entre les objets représentés et les objets réels)

L'observation de cette nature morte soulève la question du sujet, celle du réel, de l'objet.
La question de la peinture?
Chardin n'amorce-t-il pas le travail de Manet et de ses asperges, une peinture = une surface couverte de couleurs.
Autre question, celle du temps ou de la présence humaine, je ne sais comment le dire.
Quelle articulation faire avec l'espace présenté?

Voici comment les Frères Goncourt parlent de Chardin avec des termes presque applicables à Spoerri : "Rien n'humilie ses pinceaux. Il touche au garde-manger du peuple.(...) C'est à peine s'il se donnera le travail de composer son tableau : il y jettera la vérité toute simple, ce qu'il aura sous les yeux, sous la main." (L'Art du XVIIIème siècle, 1881-1882)


 
 
Spoerri,
Tableau-piège, 1965
analyse de l'œuvre de Spoerri
Spoerri a l'idée de coller les objets rassemblés en vrac sur un support qu'il redresse à la verticale : c'est la naissance de ses tableaux-pièges qui immortalisent des reliefs de repas.
Cette œuvre a les dimensions de la table sur laquelle les restes de repas sont prélevés. L'organisation de l'œuvre est celle dictée par le vécu du repas, le objets sont ceux utilisés par les convives... L'artiste se fait le passeur d'un instant et abandonne au "hasard" ce qui relève habituellement des choix de l'auteur (format, composition, matériaux...). Le geste de l'artiste réside dans le choix du sujet et le passage d'un plan horizontal (celui de la table réelle) au plan vertical (celui de l'accrochage de l'œuvre picturale dans l'espace du musée).
Ce geste est riche de sens et provoque un malaise chez le spectateur qui se voit perdre ses repères spatiaux et culturels habituels. Spoerri remet en question le tableau traditionnel. Les éléments sont saillants, sales, en équilibre instable.
Les moyens utilisés par Spoerri amènent une double interrogation : celle du quotidien, du réel, les problématiques plus classiques de la nature morte; et il interroge l'objet artistique et ses catégories : sommes-nous face à une sculpture, une peinture, un haut-reliefs...
sommes-nous face à une œuvre ?
Il fixe ainsi dans la durée un instant, un moment précis. Duchamp disait : « le hasard en conserve ». Il fige le moment afin de l'observer, de le regarder et créer une relation avec le spectateur. On peut parler d'une volonté de saisir l'éphémère ; comment montrer des éléments voués à disparaître ? Leitmotiv des Nouveaux-Réalistes « fixer la mémoire des choses insignifiantes ».
le hasard peut-il être un élément constituant de l'œuvre ? Jusqu'à quel point peut-on mesurer l'intention de l'artiste ?
- Donner à la banalité un pouvoir de réflexion ; repenser les objets du quotidien dans le contexte socioculturel qui les entoure.
Spoerri nous propose un relevé, une capture 3d des restes de repas qui exaltent moins les choses culinaires qu'ils inspirent un dégoût. Est-ce un témoignage ? Spoerri désigne ses tableaux-pièges comme « le désir d'une peinture qui soit le miroir nouveau d'une époque elle aussi perçue comme nouvelle ». Il puise donc dans un répertoire qui lui est contemporain : qu'y a t il d'intéressant à montrer du réel, du quotidien ?


 
auteur(s) :

stage didactique et nouveaux programmes 2008/2009

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique : préparation pédagogique

public visé : non précisé, enseignant

contexte d'usage : travail à distance

référence aux programmes :

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