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composition en bande dessinée

mis à jour le 26/10/2014


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La bande dessinée : un art de l'espace ?

mots clés : composition, dessin, bande-dessinée,


de case en case


Si la bande dessinée apparaît comme un art séquentiel et de l'ellipse (ce qui se joue et est suggéré entre deux cases) elle est aussi celui de la construction, de la composition, autant narrative que visuelle. A ce titre la planche (et la double planche, puisque le rapport à l'objet-livre place d'emblée le lecteur face à deux planches dans le même temps ou un temps très proche de saisie) peut être vue comme l'unité permettant de saisir les enjeux figuratifs de l'oeuvre.
 
a
 Dès les origines modernes de la bande dessinée Windsor McCay, composait des planches extrêmement audacieuses dans leurs structures narratives ; avec le déploiement d'une case à l'autre d'objets en proie à l'onirisme et en perpétuelle transformation. Un goût pour l'architecture verticale qui lui est contemporaine, pour l'ornementation et l'Art Nouveau était alors à l'oeuvre. Des cases à la verticalité affirmée, des répétitions et des ruptures, des continuités (un animal semble se prolonger d'une vignette à une autre, les personnages progressent dans un univers où les objets changent d'échelle) : beaucoup d'éléments de la « composition » en bande dessinée sont d'emblée présents dans Little Nemo in Slumberland et connaîtront une remarquable postérité, jamais démentie.

Windsor McCay, Little Nemo, The walking bed, 1908.
McCay
 
D'une manière générale les choix de composition mettent en jeu simultanément, lisibilité du récit, plans et représentation(s) de l'espace, rythme et organisation plastique, répartition du texte et de l'image. L'histoire du médium montre une multitude de possibilités, de la norme du gaufrier hérité pour partie du strip américain destiné à la presse (une suite de cases aux dimensions rigoureusement identiques), de l'image unique à de très nombreuses cases sur une même planche, jusqu'à l'explosion même de celle-ci.
Quelques travaux remarquables, parfois à la lisière de l'art contemporain nous invitant même à une interrogation limite : sortir de la planche est-il possible ?
 

 
 
andreas
Andreas, Rêve en cage, planche 17,
2008, éditions du Lombard, 46 pages, 22 x 29,7 cm
fred
Fred, L'Enfer des épouvantails, planche 14,
1983, éditions Dargaud
 

objet d'étude : deux planches comparées


1. Rêve en cage, Andreas

Andreas, Andreas Martens de son vrai nom, est un auteur né en Allemagne de l'Est en 1951 et installé en France depuis plus de 20 ans. Avec près de 60 albums à son actif il est l'auteur d'une oeuvre puzzle, aux narrations complexes, constitué de plusieurs séries qui pour certaines se répondent (Rork et Capricorne), que l'on pourra rattacher à une tradition littéraire anglosaxonne du Fantastique (H.P.Lovecraft, P.K.Dick). Son travail au trait, proche parfois de la gravure, ses cadrages et ses compositions graphiques audacieuses jettent les ponts entre une bande dessinée grand public et une autre, alternative, qui expérimente davantage les possibilités graphiques du médium.

Dans Rêve en cage, 13ème volume de la série Capricorne, chaque planche est composée d'un gaufrier, soit 20 cases carrées d'un format rigoureusement identique, hormis les 3 dernières qui ramènent le personnage du rêve vers la réalité. L'auteur se joue de cette contrainte préétablie et varie les compositions : l'espace se prolonge d'une case à l'autre verticalement ou horizontalement ; sur certaines planches, au contraire, les vignettes laissent apparaître des espaces dissociés et des cadrages différents. La narration explore le rêve digressif du personnage principal, le détective - astrologue Capricorne, qui passe littéralement d'un temps et d'un espace à un autre.
 
Un même espace se prolonge :

Sur la planche 17 de l'album, le même espace se prolonge de case en case, en nous donnant l'illusion d'un « quadrillage » réalisé à posteriori sur une seule et même image qui en serait la matrice. L'unité de l'ensemble est d'autant plus présente que le dessinateur y représente une église de type gothique, un bâtiment en contre-plongée qui occupe l'immense majorité de l'espace-planche : de nombreux plans se juxtaposent, et notamment des diagonales qui jouent sur un effet de « décadrage » proche de la photographie. La mise en couleur, et les passages successifs de gris plus clairs à des gris plus foncés rendent plus complexe cet espace particulièrement architecturé.


Une action se déroule dans le temps et dans l'espace :

Si à première vue le lecteur peut avoir l'impression de faire face à une image unique, non séquentielle, très rapidement il s'aperçoit qu'une action se déroule dans un temps dissocié. Le même personnage apparaît à trois reprises, dans les dernières vignettes de la planche, à différents stades de sa progression dans l'espace : longeant le bâtiment, s'en approchant, Capricorne pénètre à l'intérieur de l'église. Andreas procède alors à une sorte de « déplacement vertical » pour la toute dernière image, entièrement occupée par un pan d'architecture pour suggérer que le personnage est désormais à l'intérieur de l'édifice.
 

 
 
2. L'Enfer des épouvantails, Fred

Frédéric Othon Théodore Aristidès, dit Fred, (1931-2013), Grand Prix du Festival d'Angoulême en 1983, est l'un des fondateurs d'Hara Kiri en 1960 et l'auteur du Petit Cirque puis de Philémon, qu'il débute en 1972, série dont le 16ème et le dernier volume, reprise d'un scénario ancien, a été publié quelques mois avant sa mort en 2013, après une pause de 25 ans et l'abandon même de la bande dessinée. Adolescent rêveur portant un pull-over aux rayures blanches et bleues reconnaissables entre toutes Philémon voyage d'album en album dans l'univers onirique des Lettres de l'Océan Atlantique. Une série qui a conjugué entre les années 70 et 90 reconnaissance critique et succès public, et qui s'est toujours caractérisée par un jeu autour des codes graphiques et narratifs de la bande dessinée.
 
Une composition : de l'espace-plan au volume :

A l'image de toute son oeuvre Fred joue avec les codes du médium dans la planche 14 de l'Enfer des épouvantails, 14ème album de la série. Les cases qui structurent traditionnellement la planche, sont ici intégrées au dessin. Dans une image unique qui occupe tout l'espace, l'auteur utilise la perspective et fait référence à l'architecture : les cases deviennent des boîtes ouvertes à l'échelle du corps de Philémon. Est figuré ainsi le déplacement du héros, de l'intérieur d'une vignette devenue volume, vers l'extérieur et le bord extérieur droit de la page. De manière littérale la planche devient une architecture, un espace à explorer où la chute (ou le glissement vers un autre espace) n'est jamais loin.


Une image, un récit dans un espace-boîte :

Les hachures, les tracés structurent et soulignent l'espace architectonique créé par l'auteur. Par la matérialité de son dessin Fred renforce la « tridimensionnalité » d'un espace éclairé de l'intérieur par petites touches et qui contraste avec le personnage de Philémon, à la forme stylisée et mouvante, verticale avant tout, fait d'aplats colorés. Ce faisant, avec une relative économie de moyens, le dessinateur cherche à assurer la lisibilité de son récit.
 
 

à partir des oeuvres, quelques éléments pour une réflexion pédagogique

 
 sortir du cadre, en noir et blanc :

L'image d'un petit personnage ou d'une silhouette noire est distribuée. Une grande feuille blanche « quadrillée » au crayon (en référence au gaufrier) ou des bandes de papier noir, sont à exploiter (découpes, séparation, narration,...).

Comment, avec le collage et quelques outils graphiques, interroger les rapports entre figure et cadre (fragmentation, rapport à l'espace-tableau, temporalité) ?
 une architecture, un personnage :

S'interroger sur les rapports d'échelle entre un personnage et un espace bâti ?

Comment introduire dans ce type d'espace (avec par exemple une image unique grand format) une forme de temporalité ?
 
 

pour aller plus loin


Sur Andreas :
http://www.bdangouleme.com/94,les-arcanes-d-andreas
http://www.du9.org/chronique/capricorne-t-13-reve-en-cage/

Sur Fred :
http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2013/04/03/fred-le-pere-de-philemon-estmort_3152756_3382.html
http://www.du9.org/?s=fred
 

d'autres oeuvres sur la même thématique

 
ibn al rabin    



  
 












 
Ibn al Rabin, L'autre fin du monde, 2007
 
auteur(s) :

hugues blineau

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique : préparation pédagogique

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : Cycle 4 : Le représentation; Images, réalité et fiction.

Le dispositif de représentation.

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