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mis à jour le 22/12/2008
mots clés : œuvre, analyse, stage
image
Représentation d'une personne, d'une chose par la sculpture,la peinture , le dessin, la photographie etc.
in Larousse Représentation visuelle d'une réalité matérielle ou abstraite en termes d'analogie. Ce qui évoque reproduit quelque chose .
matériau
toute matière utilisée pour fabriquer ou pour construire
matériaux
ce à partir de quoi on élabore un ouvrage
médium
qui opère un lien entre...
moyen
ce que l'on fait ou que l'on utilise pour parvenir à une fin
Dans cette thématique, l'image devient un matériau, une matière première qui va permettre de construire, d'élaborer une oeuvre.
C'est le cas dans certaines installations de Christian Boltanski comme "Monument à Odessa" de 1991, dans laquelle l'image devient un élément de l'ensemble au même titre que les autres composants de l'oeuvre (lampes, fils).
Chez Max Ernst l'image tient également un rôle prépondérant, mais dans ses collages surréalistes tirés des romans "La femme sans tête" ou "Une semaine de bonté" ce sont des fragments d'images qu'il utilise pour fabriquer une nouvelle image.
Chez Boltanski l'image est utilisée en tant que telle (ce sont des portraits d'enfants) et ces images changent de statut lorsqu'elles sont incorporées dans ses installations, il ne fabrique pas d'autres images.
Dans les deux cas les images proviennent d'une imagerie banale (photos d'identité et portraits chez Boltanski, imagerie d'ouvrages de vulgarisation sur la biologie et autres chez Ernst. Chez Boltanski les image sont prises parce qu'elles vont lui servir à renforcer le signification de l'oeuvre (nostalgie, mémoire, enfance,...)et à produire de l'émotion en jouant sur nos souvenirs.
Christian Boltanski
analyse de l'oeuvre sans titre , 1989, boites à biscuit, lampes, photographies N&B et trois couleurs.
dénoté
C'est un dispositif mural dans lequel sont rassemblées des photos encadrées sobrement d'une bordure noire. Elles comportent des têtes d'enfants en gros ou trés gros plans en noir et blanc. Trois photos couleur se distinguent qui comportent un motif différent (ma qualité de reproductuion ne me permet pas de les identifier formellement).
Séparant certaines photos entre elles et alignées horizontalement, des boites en fer grises, sont elles aussi fixées au mur.
Encadrant l'ensemble et le quadrillant tout à la fois, une multitude d'ampoules nues alimentées par un grand nombres de fils volontairement visibles (certains passent par dessus les images) éclairent l'ensemble d'une lumière blanche et jaunâtre.
connoté
Boites métal:
Métal, froid, tristesse, oxydé...le temps qui a passé.
Boites, enfermé, montré et caché, protéger, classer, Boites à trésors des enfants dans de vieilles boites à gateaux...
Fils noirs: lignes, liens (rapports entre les choses), cordons (la vie, la dépendance), irrigation veineuses, coulures (peinture, sang..)
Ampoules: veilleuses, espoir, souvenir, vérité, connaisance...révèle, pénombre...ambiance de mystère, cf crypte, mysticisme, religieux.
Images:Photos d'identitées, anciennes (n&b et jaunies)agrandies, enfants d'autrefois style vieillots, le flou de l'agrandissement renvoie à l'imperfection technique mais aussi et sourtout à l'inprecision, à la confusion du souvenir, à une disparition ramenée à la mémoire...
Cadrage des photos: gros plans, intimiste, proximité physique et psychologique.
La disposition de l'ensemble: la silhouette dessinée par l'encadrement des lampes distingue trois parties dont une centrale comme en plein cintre et deux latérales symétriques et pointues à leur sommet. L'allusion au retable (tableau d'autel) de la tradition chrétienne est prégnante.
Chez Boltanski les images sont matériaux dans le sens où elles sont souvent "construites" de toute pièce (facsimilés?)accumulées, présentées, mises en scène,en association avec d'autres "matériaux objets" qui connotent ensemble. Les images ont ici valeur d'archétypes (cf F. de Méredieu) qui ne prennent tout leur sens qu'une fois confrontées aux autres matériaux de l'œuvre (métal, et lumières, fils....).
La qualité picturale de l'image, floue, N&B, plutôt sombre, les visages ronds, coiffés, enfantins renvoient au passé, à l'après guerre...évoque de vieilles photos d'identités agrandies.
La disposition des cadres froidement bordés de noir, accrochés sur un mur nu à la façon d'un polyptyque ou d'une iconostase (cloison ornée d'images sacrées dans les églises orientales).
Les boites en fer ternes et grises renvoient à la froideur du corps mort, à l'enfermement au classement aux urnes funéraires...
Les lumières, aux veilleuses, aux exvotos, à la veillée funèbre, ....
Tout cela nous conduit à travers ce mixage de matériaux et de codes symboliques et religieux à penser à la Shoa, entre autres choses...
Les matériaux utilisés ont donc une multitude de sens. C'est de leur utilisation complémentaire que se construit l'œuvre dans une nouvelle cohérence à la fois plastique et sémantique.
Boltanski questionne notre rapport au souvenir à travers les images archétypales que nous en conservons et donc la notion de stéréotypes de la mémoire collective.
questions posées par l'œuvre
questions d'enseignement
Les élèves vont apprendre à questionner la polysémie d'une image ou plusieurs.
Ils vont expérimenter leurs choix à travers l'utilisation simultanée de fragments hétérogènes et tenter de leur donner une nouvelle lisibilité, produire de la cohérence plastique avec des éléments étrangers au départ.
Ils vont questionner la notion de stéréotype (idée toute faite, poncif, banalité)et la confronter à celle de créativité.
![]() Max Ernst Le Rossignol chinois,1920 Photomontage, 12,2 x 8,8 cm |
![]() Christian Boltanski sans titre 1989 |
stage didactique et nouveaux programmes 2008/2009
niveau : tous niveaux
type pédagogique : préparation pédagogique
public visé : enseignant
contexte d'usage : travail à distance
référence aux programmes :
arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes