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ghost

mis à jour le 23/03/2010


Vignette Thomas.jpg

Une forme artistique conçue à la croisée de deux mondes : culturel et quotidien.

mots clés : transposition, reconstitution, mise en scène, scénographie, mise en abyme, mascarade











Mon projet « Ghost » est parti, en fait, de deux choses. Premièrement, ma passion pour l'Egypte et deuxièmement une visite éprouvante avec une amie, à sa grand-mère dans une maison de retraite pour personnes défavorisées. Vivre ses derniers jours dans l'attente, entouré de tout les biens accumulés dans une vie a progressivement fait son chemin  car j'y voyais un lien avec le monde des morts de l'Egypte Ancienne.
Ces combinaisons qui recouvrent les figurants renvoient à la momification. Là où les bandelettes protégeaient le corps de l'extérieur, ces "secondes peaux" isolent leurs porteurs et les referment sur eux même. Là où les momies sont des cadavres qui tentent d'imiter la vie, les mannequins imitent la mort, ou plutôt l'entre vie et mort.
Après de nombreux croquis j'ai opté pour  l'idée de « momification » de trois de mes camarades de classe comme une sorte « d'emballage » avec du carton, de la toile de jute, du papier kraft, du raphia et des cordes blanches.
La dissimulation totale de ce que recouvre les combinaisons suscite des interrogations vis-à-vis de leur contenu. Est-ce un homme? Une femme? Est-ce un vieillard? Un jeune? Est-ce vide ou plein?
Une forme creuse qui montre son intérieur.
Les visages deviendraient des masques de fortune mais en relation avec les masques de bois peint des momies égypto-romaines, enlaçés autour de la tête du mort  Le lieu serait conçu comme un non-lieu constitué de plusieurs couches de carton récupéré, il pourrait aussi évoquer les tombeaux des pharaons. Le choix d'une forte esthétisation me protégeait d'un projet trop morbide et me semblait donner une certaine distance à cette fiction. Progressivement mon projet a évolué avec l'ajout d'objets de la salle de classe comme le poste de télévision et deux supports, la chaise tournante. Ce sont devenus des personnages à part entière de mon projet, ils sont conçus comme les éléments « vivants » de l'ensemble même si l'écran de télévision ne renvoie que l'absence de lien avec le monde extérieur. Pour le tournage des situations, j'ai cherché à diversifier les points de vue et les cadrages pour au montage agir sur la perte progressive des repères de temps et d'espace ; pour la lumière je me suis appuyé sur les installations existantes du couloir de la salle d'arts plastiques et l'écran de télévision. Enfin le choix de l'album instrumental Ghosts I-IV de Nine Inch Nails m'a paru complètement en accord avec mon projet de fantômes et le questionnement sur la surface des choses.

                                                                                 Thomas, élève de Terminale L





 
Le projet vidéo de Thomas trouve ses origines dans une passion double de la pratique du dessin, de l'histoire de l'Egypte et une expérience éprouvante du quotidien des personnes âgées, soucieuses là d'organiser dignement leur départ. Le propos artistique de Thomas relève effectivement du plus bel hommage au respect de la vie d'autrui voire d'une vertigineuse et troublante mise en abyme des marges de l'existence ici bas.
Le propos altruiste de Thomas est juste, sans affect ; il tire sa force du présupposé esthétique annoncé, cette distance organisée dans une gamme d'ocres sourds contrariés par endroits par les gris du métal et du matériau composite. Le choix des matériaux, leur nature, leur vécu pour certains contribuent aussi à souligner cette ambiance engourdie, ce climat de limbes ténébreuses traversées ci delà  par quelques embryonnaires mouvements de personnages-automates murés dans une triple enveloppe pelliculaire, spatiale et sonore.
Si la musique assume au mieux le caractère répétitif et gelé des actions mises en scène, les momies de Thomas s'essaient encore à quelques gestes troublants, presque gracieux de contact physique ici avec l'écran neigeux et aveugle, là avec leurs propres corps-demeure. De fait l'ensemble du propos, son esthétique renvoie par instants au théâtre métaphysique de Tadeusz Kantor, inégalé passeur entre le monde des vivants et des morts. Cette référence essentielle de la scène européenne  pourrait suffire à nous faire regretter quelques cadrages approximatifs et des durées de plans mal assumées au montage ; mais d'évidence le projet de Thomas, conçu comme un entre-deux intemporel, fait montre en creux d'une étonnante culture personnelle comme d'une singulière et évolutive sensibilité à l'œuvre ; libre à chacun de croiser dans cet univers reconstitué ses propres fantômes.       

Bernard Descourvières, Lyçée La Colinière (Nantes)

 

information(s) pédagogique(s)

niveau : Terminale L

type pédagogique : production d'élève

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : L'oeuvre et le corps.

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