Contenu

arts plastiques - InSitu

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > disciplines du second degré > arts plastiques > enseignement > projets

le geste et la trace

mis à jour le 05/01/2008


vignette1.jpg

Une représentation d'au moins 1 m2 dans laquelle sont mis en évidence le geste et la trace des outils utilisés.

mots clés : autoportrait, gravure



technique mixte sur douze panneaux d'aggloméré (épaisseur : 18 mm)
30 x 32 cm chaque (dim. de l'ensemble : 120 x 96 cm)

 
Ce travail a été réalisé à partir d'une photographie me représentant sur les bancs de la maternelle. Une sorte d'autoportrait. Dix ans me séparent de cette image. Et même si je me fonde sur une photographie, la restitution du souvenir sera forcément en décalage par rapport à la réalité de ce moment. Je n'ai pas voulu d'une image trop lisible. Tout ce travail a été réalisé en milieu semi-obscur, faiblement éclairé, ce qui lui donne peut-être aussi cet aspect verdâtre.
J'ai aussi voulu retrouver le côté " folklorique " résultant de la pagaille entre instituteurs, enfants et photographe pour que chacun soit à sa place, enfin cadré, regarde l'objectif et ait le sourire aux lèvres à un moment précis. Je n'ai jamais aimé les photos de classe, c'est un peu ma hantise...
Malgré le sujet qui préconisait le geste, j'ai commencé de manière un peu non-gestuelle en marquant précisément les contours, non seulement du personnage mais aussi des formes du second plan, définissant spatialement la représentation sur un seul et même plan. De plus, une grille rigoureuse, servant à la mise au carreau de l'image, a elle aussi été matérialisée avec le même procédé c'est-à-dire à l'aide de trous rapprochés faits à la perceuse.
La totalité de la surface est ainsi ponctuée par ces trous au diamètre variable. Ils permettent de délimiter les formes de manière discontinue. Ils ont aussi été des points de repères pour le travail de la gravure dans le bois.
Les carreaux de la chemise ont généré l'ensemble de l'organisation de mon travail, qui est plus ou moins systématiquement quadrillé, comme le montre mon projet sur tirage papier. Le vêtement, unique élément en couleurs, comprend des zones contrastées qui attirent le regard. Les matériaux utilisés pour fabriquer la couleur sont en relation avec la matière du support (aggloméré de bois) car ils sont généralement utilisés pour traiter le bois : cire d'abeille, cirage vert, lasure jaune.
Des lignes sillonnent par endroits la surface. Elles ont été creusées au ciseau à bois. Elles révèlent un "territoire d'ombres" plus ou moins marquées en fonction de leur profondeur. C'est une peinture en bas-relief.
Deux bandes noires bordent l'image, à gauche et à droite. Elles sont couvertes de clous de tapissier et de clous utilisés pour fixer les toiles sur les châssis.
De la colle a été rajoutée au creux de certaines rainures, parfois fondue au pyrograveur, pour ajouter un effet satiné ou brillant à la matité du bois.
Le geste, répétitif voire rébarbatif, est un geste mesuré, calculé et plus ou moins prévu d'avance. Les traces sont celles du ciseau à bois, de la gouge, des mèches à bois, de la pointe du pyrograveur et du pinceau.

César, élève de première

 
 

César prend le contre-pied du geste, il ne fait pas émerger l'image d'un "tracé" nerveux qui serait proche de celui dont Roland Barthes fait état à propos de Twombly : "Le trait, si souple, léger ou incertain soit-il, renvoie toujours à une force, à une direction, c'est un energon, un travail qui donne à lire la trace de sa pulsion et de sa dépense. Le trait est une action visible" (in Cy Twombly (cinquante ans de dessins), Centre G. Pompidou, 2004, p. 40).
César se situe volontairement du côté d'une pratique méticuleuse qui imite la gestualité plus qu'elle ne la met en pratique, comme le font Roy Lichtenstein ou Glen Brown. Son "écriture" est proche de celle d'un artisan d'art. Elle exprime le labeur et les heures passées à fabriquer l'image, méthodiquement. Du "cousu-main" si l'on rattache son travail aux "métaphores de l'univers textile" d'Edouard Vuillard qui, selon Guy Cogeval, "fixe l'analogie entre le peint et le texturel, offrant par là une unité décorative à son œuvre apparemment fragmentée". (Vuillard, le temps détourné, Gallimard, 1993, p. 66)
A bien regarder, le travail de César révèle une contradiction entre la représentation (l'image d'un enfant de six ans souriant) et les techniques mises en œuvre : vue de loin l'image est empreinte de sérénité alors que, de près, la surface porte les stigmates des actions qui ont permis son apparition : percer, clouer, entailler, creuser, griffer, brûler, etc.

note de Daniel Sage, professeur
lycée Camille Claudel, Blain
 
contributeur(s) :

Daniel Sage

information(s) pédagogique(s)

niveau : Lycée tous niveaux

type pédagogique : production d'élève

public visé : enseignant, étudiant, élève

contexte d'usage : classe, travail autonome

référence aux programmes : la représentation
les procédés de représentation (les outils, les moyens et techniques, médiums et matériaux mis en œuvre et leur incidence)

haut de page

arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes