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le paysage c'est le château d'eau

mis à jour le 13/02/2008


vignette château copier.jpg

Une enquête autour d'un extrait de texte de Jean-Yves Jouannais qui a abouti à un "rapport circonstancié", mêlant texte et image, et dont la forme est en correspondance avec le récit.

mots clés : paysage, architecture, récit







"Depuis notre enfance, au fil des nationales de nos vacances, (...) tous nos paysages étaient avec châteaux d'eau. Le paysage c'est le château d'eau.
Pourtant, (...) il n'existe guère d'imprimés consacrés à ces bâtiments imposants. Pas une plaquette, pas un tract. La plus étriquée des problématiques, l'animal le plus anodin vivotant au fond à droite des mers chaudes, (...) appelle le livre, convainc l'éditeur, trouve son lecteur. Le château d'eau, non. J'en fus jusqu'à concevoir l'inquiétante intuition que, plongé dans une sorte de folie, j'avais fantasmé un objet qui n'était pas réel."

Jean-Yves Jouannais, Prolégomènes à tout château d'eau
Inventaire/Invention, 2003, p. 7-9
 


Ce travail, qui semble en apparence plus lié à la fiction littéraire qu'aux arts plastiques, est né de la rencontre de trois paramètres :
1°) la visite d'une exposition intitulée "Récits", qui s'est déroulée du 07 juil. au 27 oct. 2002 au Centre d'art contemporain de Meymac en Corrèze (et dont quelques extraits du catalogue sont reproduits ci-contre) ;
2°) la lecture du petit texte de J.-Y. Jouannais (Prolégomènes à tout château d'eau) qui "multiplie les angles d'attaques (scientifiques, romanesques, sérieux, loufoques) pour saisir cette forme lisse et hermétique, opaque, mélange insolite d'étrangeté et de familiarité, au nom (l'expression "château d'eau" date de 1704) déjà annonciateur de toute la poésie absurde de la chose comme si la gare avait pour nom "cathédrale du rail" ; l'usine, "palais des chaînes" ; le casino, "castel des martingales"." (Nelly Kaprièlian, Les Inrockuptibles, n° 503, juil. 2005) ;
3°) la proximité du lycée Camille Claudel avec le château d'eau de Blain. La rue du château d'eau est à deux pas et la silhouette du château d'eau est visible depuis la salle d'arts plastiques.

La présence discrète du château d'eau dans l'art moderne et contemporain, a permis d'aborder - dans le cadre de l'approche culturelle - des pratiques très diversifiées : la lithographie (R. Dufy, Lithographie pour "La Fée Electricité"), la peinture (E. Hopper, Bureau dans une petite ville), la photographie (H. & B. Becher, Châteaux d'eau et P. Ramette, Contemplation irrationnelle), la performance et la danse (T. Brown, Roof Piece), la sculpture monumentale (R. Whiteread, Water Tower), l'installation (L. Bourgeois, Precious Liquids) et même l'architecture, en prenant quelque liberté (T. Ando, Meditation Space).

note de Daniel Sage, professeur
lycée Camille Claudel, Blain



 
"(...) Les propositions plastiques, aujourd'hui, racontent ou contraignent, à partir d'un scénario implicite ou explicite, le spectateur à adopter un rôle, s'il souhaite entrer dans l'œuvre.
L'énigme est un fil rouge de ces créations contemporaines : quête, enquête, recherche, rupture, drame, constituent souvent le moteur émotionnel de l'œuvre.
Une autre raison qui accentue cette prégnance du récit ou du scénario : la volonté des artistes contemporains de recoller au réel, à une réalité sociale, évolutive, dont les accidents et les imprévus constituent au travers de leurs occurrences possibles et à défaut de vision plus organisée ou idéologisée, le constat et le dépassement de cette réalité. (...)
La situation peut être l'expression d'un absurde, l'image comme un temps arrêté au bord de la catastrophe, ou bien construite selon des plans qui se déplient dans la profondeur du cadre, ou selon des séquences qui défilent leur linéarité ou qui les éparpillent de manière buissonnante, des vignettes qui suggèrent à l'imagination de constituer des liens, une installation ou une scène qui emprisonne son acteur, des fictions littéraires ou des enquêtes policières détournées ou inversées : à chaque fois l'œuvre cristallise une durée, esquisse ou décrit une trajectoire, qui n'est pas simple écoulement du temps, mais l'expression d'énergies en action, qui se déplacent, mais qui ne constituent une histoire que sous les regards distanciés qui les repèrent et qui arbitrairement les nomment."

extrait d'un texte de Jean-Paul Blanchet
en introduction au catalogue de l'exposition "Récits",
Centre d'art contemporain de Meymac, Corrèze

 
 
 
 

L'ENIGME DU CHÂTEAU D'EAU
"Il n'existe pas de silhouette plus familière auxquelles nous nous soyons accoutumés avec autant d'aisance", et pourtant...
Il m'aura fallu travailler pendant plus d'un mois sur les châteaux d'eau pour commencer à les connaître.
Mon premier réflexe après avoir pris connaissance du sujet fut de prendre une carte pour repérer tous les châteaux d'eau du département. Puis, j'ai entrepris d'en photographier une dizaine (façon Bernd & Hilla Becher). J'ai apprivoisé leurs formes, leurs lieux d'implantation... Mais leurs portes restaient fermées. J'ai alors décidé de m'intéresser à un château d'eau en particulier, celui de Blain, qui est tout près du lycée.
Après avoir essayé en vain d'obtenir une autorisation pour pouvoir y pénétrer, j'ai décidé d'aller rencontrer les "voisins" du château pour en savoir un peu plus. Au début, je le faisais sans idée précise, juste pour me documenter. Mais au fur et à mesure de mes discussions avec les habitants de la rue du château d'eau, je me suis rendue compte qu'il existait une vraie relation entre les hommes et le château d'eau. J'ai décidé de m'y intéresser. Les gens brassaient leurs souvenirs, il en sortait différentes petites histoires, plus ou moins anodines prises une par une, mais qui prenaient une réelle importance lorsqu'on les rassemblait.
Petit à petit, l'histoire du château d'eau a commencé à se dessiner, de sa construction jusqu'à aujourd'hui. J'ai rassemblé les commentaires et histoires accumulés au cours de mes visites. L'idée de reconstituer cette histoire sous forme de faits divers relatés par une gazette locale s'est imposée d'elle-même. Mais il me manquait toujours quelque chose : la fin de l'histoire, la chute du récit. Le château d'eau avait eu une naissance et une vie, il lui fallait une mort. J'ai alors décidé de lui en fabriquer une. En parlant de cette destruction avec les habitants, j'ai compris que certains, ceux qui vivaient là depuis longtemps, étaient réellement attachés au château d'eau, qu'ils se l'étaient en quelque sorte approprié. Non, le château d'eau de Blain ne sera pas détruit en 2010 ! Mais sa silhouette familière traversera-t-elle le siècle ?

Anaëlle (Première)
gouache, photographie et texte sur papier
cinq planches recto-verso de 50 x 65 cm env. chacune + un insert de 62 x 28 cm

 



deux détails des textes de "La gazette du Pays des trois rivières", écrits par Anaëlle
 
contributeur(s) :

Daniel Sage

information(s) pédagogique(s)

niveau : Lycée tous niveaux, 1ère L

type pédagogique : production d'élève

public visé : non précisé

contexte d'usage : classe, travail autonome

référence aux programmes : l'œuvre et le lieu
le lieu figuré : les représentations bidimensionnelles (graphiques, picturales, photographiques) du paysage et de l'architecture

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