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mémoire des lieux : la Shoah à La Baule

mis à jour le 07/01/2023


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En quoi le travail de mémoire peut-il être rendu visible et lisible ?

mots clés : shoah, mémoire, lycée, projet, interdisciplinarité, histoire, photographie


Document sans nom
 

Nous avons choisi de mener un travail d’enquête et de documentation sur les lieux habités par des familles juives sur la commune de La Baule durant la Seconde Guerre mondiale.

Ces familles font partie des millions de réfugiés qui ont fui leur domicile d’origine pour différentes raisons au début de la guerre : certaines viennent du Nord ou de l’Est, régions évacuées dès l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne le 3 septembre 1939, car théâtres des opérations militaires lors des deux précédents conflits ; certaines familles viennent aussi de la région parisienne. Les régions de l’Ouest de la France étaient censées être à l’abri du front et protéger les civils des combats. Ainsi, le 18 septembre 1939, près de 1 100 réfugiés sont recensés à La Baule.

La Baule constitue une étape dans la fuite de ces familles. Fréquemment, la commune fut le lieu de leur enregistrement en tant que « Juifs » par l’administration du régime de Vichy à partir d’octobre 1940. Souvent, c’est aussi à La Baule qu’ils furent arrêtés, principalement lors de la grande rafle des 15-17 juillet 1942, prélude à leur déportation vers Auschwitz.


 

« Devant les maisons » 1939-2022

La démarche en arts plastiques, pour des élèves de terminale enseignement de spécialité a été de concrétiser un travail d’enquête et de documentation en photographiant les membres de onze familles choisies devant la villa où ils avaient trouvé refuge avant que leur destin ne bascule.

La réalisation finale prend la forme d'une exposition ainsi que d'un livré édité comportant textes et images. Dans l’édition, le déroulé des photographies et des textes restitue la chronologie et la cartographie d’un parcours morcelé dans la ville pour reconstituer les histoires et l’origine de chaque trajectoire.

 

Aller à la rencontre de l’histoire, avec comme point de départ des photographies. Il nous a fallu d’abord enquêter sur les villas, puis sur les familles qui les avaient occupées.

Retrouver les images, aller sur place et se confronter aux lieux photographiés. Tenir dans les mains les photos devant les maisons, les portraits et les photos d’archives des architectures retrouvées.

On photographie toujours au présent. L’idée était de confronter dans un même geste deux temporalités, le moment présent par la couleur et l’archive, en noir et blanc. Photographier une image déjà faite, c’est documenter un geste.

Nous pouvons mentalement dessiner une cartographie des emplacements des villas, certaines ont été détruites, d’autres sont vides, inoccupées, volets fermés, d’autres encore sont ouvertes avec des habitants curieux de nos activités.

Chaque élève choisit son cadrage, son point de vue sur le lieu. Nous ne pensions photographier que le bâti, mais souvent les portraits se sont imposés comme une nécessité.

 

Les travaux d'élèves ont abouti à la création d'un livret.
Dans cette édition, le déroulé des photographies et des textes restitue la chronologie et la cartographie d’un parcours morcelé dans la ville pour reconstituer les histoires et l’origine de chaque trajectoire.

 



Rose WITTKOWSKY, villa Rieuse.

La villa Rieuse est une petite maison dans une ruelle calme à deux pas de la mer. Elle paraît aujourd’hui abandonnée. Il y a un petit toit de tuile au-dessus de la porte d’entrée. Les couleurs de la façade, des volets et du balcon sont passées. Le portillon devant l’entrée est rouillé. Rose Wittkowsky est née le 23 juillet 1899 à Nowy Tomysl en Pologne, elle est de nationalité allemande. Elle se réfugie à La Baule où elle a habité entre septembre 1939 et octobre 1940 Villa Rieuse avenue de la Tourangelle. Elle effectue une demande de carte d’identité le 14 septembre 1940, la mention « Juive » est apposée sur son récépissé. Elle quitte définitivement l’arrondissement de Saint-Nazaire en novembre 1940 et se rend en zone sud à Nice où elle est arrêtée, transférée à Drancy puis déportée le 2 septembre 1942 par le convoi numéro 27 de Drancy à Auschwitz. Elle est déclarée morte cinq jours après l’arrivée du convoi. Rose avait 43 ans.

 

  Elka WARECH, villa Les clochettes d’Arvor.

La villa Les Clochettes d’Arvor est une grande maison perchée sur une hauteur au milieu des arbres. Un escalier puis un grand perron entouré d’une rambarde à colonnes mène à la porte d’entrée. Elka WARECH est née le 25 février 1922 à Zaklikow en Pologne. Elle est arrivée avec sa famille en France le 19 septembre 1925 et réside dans le département du Nord à Denain. Elle occupe un emploi de surveillante dans la colonie de vacances "Nos Enfants au Grand Air" dans la villa Les Clochettes d’Arvor avenue Josselin à La Baule entre septembre 1939 et avril 1940, date à laquelle elle rejoint sa famille à Denain. La colonie de vacances est constituée d’un bâtiment principal qui accueille les logements de la direction et du personnel et de deux bâtiments annexes, chacun pouvant accueillir d’un côté une vingtaine de garçons et de l’autre, une vingtaine de filles. La famille Warech se réfugie un mois plus tard dans le département du Maine-et-Loire. Joseph, son père, Fajga, sa belle-soeur et Elka sont arrêtés le 15 juillet 1942 à Vihiers.
Ils sont déportés par le convoi numéro 8 d’Angers à Auschwitz le 20 juillet 1942. La mère d’Elka, Brendla est déportée par le convoi numéro 46 du 09 février 1943, Léa dite Suzanne, sa sœur, par le convoi numéro 77 du 31 juillet 1944.
Tous seront assassinés à Auschwitz ; seule Léa survit.

 
 

Liens et références concernant la thématique historique :

Documentation et archives sur les familles :
Histoire de La Baule durant la Seconde Guerre mondiale :
  • BRAEUER, Luc, La Baule. Occupation. Libération. Tome 1 : 1939-1942, Liv’ Editions, 2015.
Villas de La Baule et leur architecture :
  • CHARLES, Alain, La Baule & ses villas. Le concept balnéaire, Massin, 2002
  • LESCAUDRON, Eric, Les villas de La Baule. Un autre regard, La Geste Editions, 2021.

 
contributeur(s) :

hélène villapadernia, Lycée Grand Air, La Baule

information(s) pédagogique(s)

niveau : --- LYCÉE ---, Terminale

type pédagogique : leçon

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes :

s’interroger sur les conditions et les enjeux de la création artistique dans des contextes historiques et culturels précis.
exposer l'œuvre, la démarche, la pratique.

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