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SDF

mis à jour le 06/03/2010


vignette mélanie.jpg

De la pratique documentaire photographique comme vecteur du lien social dans l'espace urbain.

mots clés : portrait photographique, relation au modèle, retouche numérique, série



Quatre photos de jeunes SDF, prises de façon frontale, dont le visage a été effacé. Mes photos tentent d'exprimer le "non être" de ces individus confrontés perpétuellement à la foule. Mon questionnement s'est déclenché à partir de cette ambigüité entre l'altérité et l'indifférence. Ce qui me surprend, c'est la façon dont on passe régulièrement (c'est en fait sur mon trajet quotidien pour me rendre au lyçée) sans s'en apercevoir ou sans prendre le temps de percevoir la personne en question.
C'était donc une façon de me confronter à leurs réalités que de leur demander l'autorisation de prendre un cliché et une façon de la confronter aux autres puis de supprimer une partie essentielle de leur identité pour n'en garder que l'apparence. De fait, j'ai voulu exprimer une forme de conformisme du regard, de notre regard à l'égard d'autrui avec ce travail photographique croisé avec l'outil numérique. Ce que je souhaitais faire ressortir, c'était la catégorisation de ces jeunes personnes, individus ancrés dans leurs abréviations : "SDF".
J'ai finalement pris le parti de créer une série presque archéologique qui témoignait de leur présence objective, dans l'espace et le temps. Finalement cette série propose de «
s'arrêter un moment» tout comme cette personne est figée dans son état, pour tenter d'observer différemment ce qu'on esquive parfois du regard.

Mélanie, élève de Terminale L
 


 
Le projet de portraits photographiques de Mélanie fait état d'une distance juste et sans égal ; en effet se joue en amont cette question essentielle de la relation au modèle, cette négociation problématique sinon dialectique entre regardeur et regardé qui dans sa contemporanéité est au coeur de l'éclatement du genre du portrait photographique.
Le travail de Mélanie relève de l'empathie sociale empreinte d'une extrême et sensible discrétion, traversée par une prise de conscience aigüe de la mise à la marge de certains d'entre nous ; ceux-là de la même génération que Mélanie.
Donc témoigner et exprimer ce désarroi humain et social mais avec retenue et ce à l'heure de « l'œil » photographique omniscient et sans vergogne : l'entreprise s'avère à l'évidence périlleuse mais elle est négociée au plus près d'un intérêt commun et partagé.
Le travail de retouches informatiques s'avère à cet endroit décisif et pertinent ; qui plus est il se caractérise par son extrême simplicité et le vide concentré sur les visages recontextualise de façon vertigineuse le corps dans l'espace urbain. L'essentiel est dit.
L'intégrité physique est mise virtuellement en retrait mais ce faisant, il s'agit bien là d'un «portrait» paradoxal et métaphorique de l'actualité d'une société ou les relations humaines se vident de toute substance vitale. Mélanie nous invite avec son projet à ne pas s'y résigner.

Bernard Descourvières, Lyçée La Colinière (Nantes)
 

information(s) pédagogique(s)

niveau : Terminale L

type pédagogique : production d'élève

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : travail autonome, classe

référence aux programmes : L'oeuvre et le corps.

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