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l'inclusion collective d'élèves d'Ulis dans un projet artistique et culturel en collège

mis à jour le 02/12/2012


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récit d' un projet conduit à ULIS TFC (troubles des fonctions cognitives) du Collège Lucie Aubrac de VERTOU (44)

mots clés : TED, troubles envahissants du développement, ULIS, aménagement, élèves à besoins particuliers, sortie culturelle, inclusion scolaire


cadre général du projet


Le projet «jardins intérieurs» réunit une classe de 5ème et les élèves de l'Ulis autour d'un thème : les plantes.

C'est un  « Projet Artistique et Culturel » (PAC) qui  fédère les enseignantes d'arts plastiques, de SVT , l'équipe de l'Ulis ,une plasticienne qui intervient tout au long du projet. Les actions s'étendent sur toute l'année et seront finalisées par une exposition.
 

une histoire en construction


Associer l'ensemble des  élèves d'Ulis à une classe du collège s'inscrit dans une démarche amorcée les années précédentes. Depuis l'ouverture de l'Ulis (2009), chaque année des actions associant l'ensemble des élèves d'Ulis et une classe ont été engagées en arts plastiques autour :

  • de visites culturelles, 


  • de la réalisation du drapeau de chaque collégien (projet d'établissement).


Comme souvent, au départ c'est le fruit  d'une rencontre et d'échanges entre enseignants qui a été le facteur déclenchant.

Le projet initial étant lié a l'ensemble d'une classe de 5ème il est apparu logique pour l'enseignant d'arts plastiques de proposer à l'ensemble des élèves d'Ulis de participer plutôt que de penser en terme d'inclusion individuelle.

L'inclusion des élèves du dispositif,  c'est une construction qui est toujours en cours, qui n'a rien d'une évidence, d'une banalité. Comme le dit l'expression « il faut cent fois remettre sur le métier son ouvrage », cela nous pousse à utiliser toutes les formes possibles d'inclusion et à être prêt à s'engager dans les  différentes actions menées à l'intérieur du collège.

C'est ce qui s'est passé ici: c'était une opportunité à saisir pour développer une expérience soutenue sur l'année.
 

le projet comme catalyseur


Dans ce projet nous retrouvons et cela n'étonnera personne, tous les axes d'un projet culturel : interventions de l' artiste auprès des élèves, visites d'exposition (entre autres cette année Clisson/ La Garenne Lemot et l'impressionnante exposition autour des insectes), travaux avec  des techniques et outils divers (herbier, aquarelle, photographie etc) dans des lieux différents (dans et hors du collège), des formes différentes (grands et petits groupes, en autonomie ou non , visites commentées, visites découverte, préparer l'exposition etc), la liste n'est pas exhaustive.

Nous connaissons les avantages des pratiques artistiques à l'école et ici je souhaite plutôt mettre l'accent sur des points qui nous paraissent essentiels et que l'on peut  retrouver dans des projets autres que plastiques.
 

le choix de l'inclusion collective


Pratiquer une inclusion collective dans ce projet  oblige à  penser le projet, le déroulé des actions, l'organisation des séances en tenant compte de ce groupe d'élèves et de paramètres qui lui sont propres.

Nous avons vu que le projet implique des déplacements,  des changements de cadre, de pratique, d'interlocuteur, le tout a un rythme soutenu.

Toutes activités auxquelles les élèves ordinaires sont habitués et dont ils s'accommodent  bien le plus souvent (mais leur laisse-t-on le choix ?).

Ces rythmes, changements peuvent être source de tensions pour des élèves en générale. Or, d'une façon générale, les élèves de l'Ulis ont besoin d'un cadre stable, voire ritualisé. La lenteur d'exécution, voire même de déplacement pour certains d'entre eux, les difficultés de motricité fine, sont des variables dont il faut tenir compte.
 
La présence du coordonnateur d'Ulis et de l'AVS-Co dans l'élaboration du projet comme dans sa mise en œuvre permet d'élaborer des stratégies, d'organiser l'action en tenant compte des élèves tout en respectant l'hétérogénéité des capacités (tel élève peut travailler en groupe avec l'artiste, tel élève peut le faire mais plutôt en binôme ou dans un tout petit groupe, tel élève a besoin de la présence de l'AVS-Co...).
 

les élèves d'Ulis : des collégiens à part entière


On pourrait multiplier les avantages de la présence des adultes de l'Ulis pendant le déroulement des séances,  ils portent bien entendu sur la connaissance de leurs élèves, sur l'adaptation des objectifs pédagogiques aux compétences des élèves.
Mais le point le plus important me semble -t-il dans ce type de projet c'est que cela représente un moment «clé» pour  l'élève, même le plus démuni,  la notion de «parcours de collégien» prend tout son sens, l'élève est à la fois dans un groupe qui avance, à l'intérieur duquel il crée ou produit, dans lequel il agit à sa guise et peut être un acteur dans le groupe.

Nous sommes toujours étonnés de constater que parfois ce sont les élèves d'Ulis qui vont manifester des conduites que nous attendons de tout élève alors que ceux de la classe « ordinaire » sont étrangement muets !

Voici  un exemple simple en juin 2012 avec une classe de 4ème lors de la visite commentée de l'exposition d'art contemporain au «hangar à bananes» en juin dernier :

L'intervenante s'épuise à essayer de stimuler le grand groupe d'une bonne trentaine d'élèves. Et nous constatons que ce sont les  élèves de l'Ulis  qui posent des questions, font des remarques, expriment un avis auprès de l'intervenante, à leur façons , avec leurs difficultés d'élocution ou de symbolisation, alors que  les élèves de la classe de 4ème  n'osent pas ou baissent la tête, parlent entre eux.

Bien entendu les élèves d'Ulis remarquent, ressentent ces attitudes et dans ces moments se perçoivent objectivement  comme des collégiens actifs et bien dans leur rôle.

Être dans un groupe de collégiens offre la possibilité pour l'élève d'Ulis  de remarquer ou d'observer les situations et les interactions, mais aussi de constater  que les élèves des classes ordinaires rencontrent, comme eux, des difficultés.
 

le projet ne si limite pas à «faire»


L'entrée culturelle est un argument que nous connaissons tous mais cela concerne tous les élèves qu'ils souffrent d'un handicap ou non,  le handicap ne préjuge pas d'un niveau culturel. Un exemple : tel élève d'Ulis est un habitué des grands voyages d'été (en asie par exemple , en randonnée, train, avec le sac à dos ) une autre est une habituée de Figueras, de Dali et des visites de musées etc....

En revanche, le travail d'explications, d'observation, d'échanges autour des oeuvres d'art est à privilégier. Nous avons été très surpris par l'intérêt des élèves en juin dernier lors du «Voyage à Nantes», par leur questionnement et même parfois, sans faire de  lyrisme, par  leur émerveillement (la salle du théâtre Graslin ou  la décoration de La Cigale, ce qui nous a amené à découvrir ce qu'était l'Art Nouveau et son contexte historique).
 

rendre l'élève autonome


L'inclusion collective dans un projet artistique et culturel au collège est aussi une entrée d'autonomisation de l'élève (exemple : l'artiste intervenant auprès de l'élève le prend comme il est, pour l'emmener vers son objectif et c'est très différent de la relation pédagogique. Quand à l'élève c'est son libre arbitre qui va déterminer si la rencontre se fait ou non).

C'est une entrée qui  favorise la communication (pendant  la séance avec les interactions, mais aussi après le temps en commun lorsque nous nous retrouvons dans notre classe). 

C'est ainsi la possibilité pour les élèves de dire ce qu'ils pensent du projet, de leur place dans ce projet et de leur intérêt pour le travail fait, nous avons eu ainsi un échange sur « qu'est ce que c'est apprendre ,est ce qu'on apprend que dans les domaines que l'on aime? ». L'élève le plus réticent et même en opposition à  ce projet est aussi celui qui a le mieux parlé de ce qu'était un herbier, de son expérience passée à l'école (un très bon souvenir) !
 

mieux connaître l'autre pour apprendre ensemble


Ces séances entraînent des questionnements auprès de tous les élèves,  des incompréhensions parfois, les élèves ont aussi parfois besoin d'aide ou de repères pour mieux se situer les uns aux autres (est ce que je peux aider tel élève ? Comment faire ? Est ce qu'on va être ralenti dans notre travail ? Etc etc).

Le bon déroulement de ce type de projets nécessite donc de laisser aux élèves des deux groupes (classe de 5ème et classe d'Ulis) des temps de paroles (séparément), pour apprendre à travailler ensemble. Cela dépasse les règles du respect (qui est le minimum à attendre).


consulter la fiche-action
 
 
auteur(s) :

Roger PHILIPPE, collège Lucie Aubrac - Vertou (44)

information(s) pédagogique(s)

niveau : 5ème

type pédagogique : activité de découverte, analyse de pratique

public visé : enseignant, chef d'établissement, inspecteur

contexte d'usage : sortie pédagogique

référence aux programmes :

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handicap et scolarité - Rectorat de l'Académie de Nantes